Fief de la puissante famille des comtes de Vintimille (qui deviendra Lascaris en 1261, à la suite du mariage de l'un des siens avec la fille de l'empereur d'Orient), nommé Brelh dès 1157, le village occupe une position stratégique au centre de la vallée de la Roya, à l'extrême limite orientale du Comté de Nice, suscitant les convoitises des comtes de Provence qui achètent le fief aux Vintimille en 1258.
En 1388, Breil se donne au Comte de Savoie.
Commune "libre" pendant trois siècles, le village est érigé en marquisat en 1700, en faveur d'Octave Solar de Gouvon.
En septembre 1792, après l'entrée à Nice des révolutionnaires français, la vallée de la Roya, vers laquelle confluent tous les émigrés de la région, est l'ultime position tenue par les troupes du roi de Sardaigne, qui fixe son état-major à Saorge.
Pendant plus d'un an, les Républicains essaieront de prendre la vallée; le 26 avril 1794, Bonaparte vient à Breil. La situation devient vite intenable pour les soldats sardes : Saorge et la Roya tombent aux mains des Français.
En 1860, Breil est annexée par Napoléon III, avec l'ensemble du Comté de Nice, mais une partie de son territoire et les villes de Tende, La Brigue et Vintimille demeurent sous souveraineté italienne.
Profondément transformé par la construction de la ligne de chemin de fer Nice-Coni, Breil devient, en 1928, une gare internationale à l'emprise foncière démesurée. Le village subit durement la Seconde Guerre Mondiale. En raison de la conduite héroïque de plusieurs de ses habitants durant cette triste période et des souffrances courageusement endurées par ses habitants, Breil est décorée de la Croix de Guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil.
Le 16 septembre 1947, par le Traité de Paris, la frontière est modifiée : Tende et La Brigue deviennent françaises, ainsi que les hameaux ligures de Piene et de Libre, détachés d'Olivetta San Michele et rattachés à la commune de Breil bien qu'ils n'aient jamais fait partie du Comté de Nice.
Breil est l'un des centres touristiques majeurs du haut pays niçois.
Le village, remarquable, rappelle les influences de la proche Ligurie des XVIe au XVIIIe siècles : couleur des enduits, places à arcades, edifices religieux, nombreuses maisons peintes en trompe-l'oeil sur la place.
L'église paroissiale Sancta Maria In Albis se dresse sur l'emplacement de l'ancienne église romane de la Bienheureuse Vierge Marie, édifice sur lequel on ne possède aucun renseignement. Seuls subsistent trois chapiteaux du XIIe siècle, et un bénitier. Commencée en 1663, sa construction, ralentie par deux guerres et toutes sortes de calamités, ne sera achevée qu'en 1699. Bâtie en forme de croix grecque, avec une coupole écrasée à la croisée, sa nef, très courte (une travée), est flanquée de deux chapelles latérales voûtées en berceau comme les deux bras du transept. Le choeur, assez profond, est terminé par une abside à trois pans et entouré de deux absidioles de plan carré. Le décor baroque a été réalisé très progressivement au début du XVIIIe, ainsi que les retables et les gypseries de style "rocailles" et les stalles du choeur dans la deuxième moitié du XVIIIe. Les peintures des parties hautes ont été restaurées au XIXe puis reprises à la suite des dégâts causés par la dernière guerre. Après sa réouverture au culte, en 1985, sa restauration se poursuit.
La chapelle de la Miséricorde, accolée au mur sud de la paroissiale, est le siège de la Confrérie des Pénitents Noirs. Construit en 1650, cet édifice, à la remarquable façade à colonnades, est en cours de restauration.
La chapelle Sainte Catherine, à la façade sévère et aux dimensions impressionnantes se trouvait autrefois accolée aux remparts qui ceinturaient l'antique cité breilloise. Autel et retable en gypserie polychrome du XVIIe siècle. La toile représente le Mariage mystique de Sainte Catherine. Clocher à bulbe recouvert de tuiles vernissées de couleur. Autrefois siège de la Confrérie des Pénitents Blancs, cette chapelle a été désaffectée en 1985 et sert de salle d'exposition.
La chapelle Notre-Dame du Mont, de style roman, remonte au XIIIe siècle. On remarque l'abside centrale flanquée de ses deux absidioles de l'édifice agrandi et surélevé entre 1571 et 1585.
Le clocher Saint Jean, très caractéristique du premier art roman, est le seul vestige de l'antique prieuré Sanctis Johannes. La chapelle a été détruite en 1707 par l'armée du Prince Eugène de Savoie.
La porte de Gênes est le dernier vestige des remparts qui ceinturaient l'antique cité et des trois portes par lesquelles on y pénétrait.Les remparts qui ceinturaient la cité se terminaient au sud par cette porte fortifiée. Le poste de garde arrondi est recouvert par un toit de lauzes violettes. Le court chemin de ronde accolé à la montagne à pic s'appuie sur la voûte de la porte proprement dite. En 1860, les douanes y ont installé un poste de garde.
La tour Cruella, dont les vestiges dominent la localité porte le nom des oiseaux de proie, "cruella", sortes d'éperviers, qui nichaient dans les creux de l'arête rocheuse sur laquelle les comtes de Vintimille l'ont édifiée, au milieu du X° siècle. La "Turris Cruellam " figure dans la charte de 1258 par laquelle le Comte de Provence devient maître de Breil.
Musée d'art religieux dans l'église paroissiale.
L'écomusée des transports et des techniques, en gare de Breil : exposition permanente de véhicules ferroviaires, locomotive à vapeur, locotracteur,tramway, trolleybus et de maquettes ferroviaires animées.