Dominant Menton, tout le littoral de la Côte d'Azur et de la Riviera, à la limite orientale du Comté de Nice, Sainte Agnès, village littoral le plus haut d'Europe, mérite largement une visite dominicale.
A 670 m d'altitude, il est le village littoral de plus haut d'Europe, un véritable paradis des yeux. La légende raconte qu'Haroum, l'un des chefs des invasions sarrazines de la Provence, au IXe siècle, amoureux fou d'Anna, une belle et jeune chrétienne, se serait converti au christinianisme pour la séduire et l'épouser, puisqu'elle refusait d'entrer dans son harem. A la mort d'Haroun, Anna prit le voile et se retira dans une grotte où elle fonda une chapelle dédiée à sa sainte patronne. Le village se serait développé autour de cette pieuse fondation. On ne sera donc pas surpris de voir que les ruelles du villages portent les noms des protagonistes de ce beau récit... C'est en 1185 que le village est cité pour la première fois par les documents : le castrum de Sancta Agneta appartient aux très puissants comtes de Vintimille, comme l'ensemble des localités des alentours. Le château, dont les ruines sont encore bien visibles sur la falaise qui surplombe le village, a été édifié à cette époque. D'une importance stratégique capitale, il passe aux mains des comtes de Savoie après 1388, avant d'être détruit sur ordre de Louis XIV. Ce rôle stratégique sera confimé par la construction, entre 1931 et 1938, du Fort de Sainte Agnès, le plus méridional et l'un des plus imposants ouvrages de la Ligne Maginot, censée défendre la fontière orientale de la France.
Emprunter l'autoroute A8 jusqu'à Menton et rejoindre le vallon du Borrigo. Au carrefour Henry Saissi, prendre à gauche le CD 22 jusqu'à Sainte Agnès (8 km). On pourra rentrer à Nice par le col de la Madone, Peille et la vallée du Paillon en continuant sur le CD 22. Il n'est pas possible d'accéder en voiture à l'intérieur du village et le visiteur devra donc stationner sur l'un des deux parkings extérieurs.
Le village a conservé un caractère médiéval très acccentué, que des restaurations particulièrement réussies ont encore réhaussé. On flânera donc avec plaisir dans les ruelles étroites à la découverte d'éléments architecturaux remarquables, datant pour la plupart des XVe et XVIe siècles. Les nombreux artisans d'art participent à cette ambiance très particulière.
L'église paroissiale Notre-Dame des Neiges a été édifiée en 1535, après l'abandon du site initial où était construit le village, au sommet de la falaise qui le surplombe. C'est un petit édifice à nef unique, percé de petits oratoires latéraux, de style baroque. Le médaillon qui surmonte le maître autel représente la Vierge, patronne de la paroisse.
La chapelle Saint-Sébastien rappelle que ce saint était invoqué pour protéger les habitants contre l'un des fléaux les plus redoutés jadis, la peste. Elle a été construite, comme il se doit, à l'entrée du village.
Les ruines du château féodal font l'objet d'une belle promenade à partir du jardin médiéval reconstitué au pied de la première enceinte. Place forte imposante, détruite sur ordre de Louis XIV, le site a fait l'objet de fouilles archéologiques dont les résultats sont exposés à l'Espace Culture et Tradition, dans le village. Une table d'orientation permet de se repérer dans l'époustouflant panorama que l'on découvre du sommet.
Le fort de Sainte Agnès est un imposant ouvrage de la Ligne Maginot (SFAM, Secteur Fortifié des Alpes-Maritimes selon la terminologie officielle), construit entre 1931 et 1938, dans le but de défendre la baie de Menton d'éventuelles agressions de l'Italie voisine. Doté de mortiers de 75 et 81 mm, d'obusiers de 135, l'ouvrage est l'un des plus gros de la Ligne Maginot. Extrêmement bien conservé, il est entretenu, depuis sa démilitarisation, par une équipe de passionnés. Hors saison, l'ouvrage se visite tous les samedi et dimanche après-midi, de 14 h à 17 h 30.