De 1907 à 1971, G.-A. Mossa a été le père spirituel, l'imagier d'une part importante des chars officiels et autres du corso.
A la différence de son père, qui participait aussi à la construction des chars et les peignait, Gustav-Adolf est resté le maître-penseur d'un univers exceptionnel où se mêlaient des thèmes mythologiques, folkloriques ou carnavalesques mais où l'on retrouve aussi le génie du peintre symboliste dans la période de la Belle Époque. A quelques rares exceptions, Gustav-Adolf a signé la plupart des maquettes de Sa Majesté Carnaval. Avec son œuvre, nous pouvons suivre l'évolution de l'univers carnavalesque sur une durée de plus de soixante années.
La thématique des exploits de Sa Majesté est variée. Dans l'imagerie carnavalesque, le héros Carnaval au travers de ses pérégrinations dans l'espace et dans le temps incarne des rôles et des personnages divers. S.M. Carnaval 1928 Gargantua, Niçois, voyageur dans le temps et dans l'espace, fêtard à la recherche de loisirs et de soleil, Carnaval accomplit un voyage - témoignage, kaléidoscope d'une époque et d'un art que Gustav-Adolf a su rehausser au plus haut niveau.
Dans le vestiaire de Sa Majesté, les tenues symboliques de Triboulet, Gargantua et du Roi Soleil, apparaissent à des moments privilégiés. Personnage principal dans l'œuvre d'Alexis (en 1882 ou 1894), Triboulet tient une place originale avec Gustav-Adolf, notamment celui qui, en 1931, s'inspire du dadaïsme et du cubisme. Si la distance culturelle vis-à-vis de Nice s'accentue dans le temps avec l'habillement de Carnaval, par contre les attributs niçois entourent fréquemment le monarque, et G.-A. Mossa, grand connaisseur de l'histoire et du folklore ne manquait jamais de faire paraître un ravioli, un cougourdon ou le bouffon "Chicastrassa" au côté de son fils spirituel. Tel ce ravioli que tient Carnaval (Persée) en 1914, au bout de sa fourchette ou des représentations de scènes typiquement niçoises comme le char de la socca, ou l'orchestre de Tavan.
Mais le costume le plus niçois est celui du pêcheur ; en 1923, en 1956 et en 1984, par fidélité à G.-A. Mossa et à ce thème, Carnaval porte cette même tenue. En 1956, le royal pêcheur, arrive sur une barque nommée "la Carnavalina" -évocation de ce virus particulier attrapé par les carnavaliers pour construire leurs œuvres- et G.-A. Mossa a croqué avec beaucoup d'humour à l'avant du "navire", "Tanta Vitourina", personnage typique du théâtre populaire niçois créé par Francis Gag.
Gustav-Adolf Mossa a travaillé ainsi plus de soixante années, en étroite collaboration avec les carnavaliers niçois et tout particulièrement la famille Sidro. Il était très soucieux des formes et des volumes dont il fallait tenir compte pour l'architecture des chars et pour le mouvement à donner aux mannequins. Gustav-Adolf Mossa nous a quitté en 1971 ; sans doute a-t-il rejoint Saturne et les autres majestés carnavalesques qui règnent dans ce fameux royaume de "l'âge d'or", du pays de Cocagne.