Dans l'histoire du Carnaval de Nice, les noms d'Alexis et de Gustav-Adolf Mossa doivent être placés au premier rang de ceux qui ont œuvré pour le prestige de cette fête, car ils ont su créer un art populaire de qualité tout en maintenant les traditions.
Si Gustav-Adolf Mossa a été, ainsi qu'il se définissait, "l'imagier" du Roy Carnaval durant plus de soixante années, c'est que la voie lui avait été ouverte par son père Alexis, l'un des créateurs du carnaval actuel.
En effet, après la création du Comité des fêtes en 1873, Alexis Mossa va prendre une série d'initiatives dont certaines sont encore en place de nos jours. C'est à lui que nous devons les albums de Carnaval, véritables bandes dessinées des cortèges carnavalesques (supprimés en 1979). Il figure en bonne place au côté d'illustrateurs de talent comme Jarnach, Emmanuel Brun ou Comba. Il excelle dans les représentations de Carnaval, Polichinelle ou Triboulet, comme la couverture de l'album de Carnaval en 1882, où Carnaval X Triboulet sort joyeusement et diaboliquement de sa boîte à surprises.
Carnavalier, maître de cérémonie du cortège carnavalesque, Alexis Mossa nous donne avant tout les plus précieux témoignages, et avec quel talent, des premiers corsi carnavalesques. En 1874 il réalise la maquette du "char de la Folie", mais son œuvre fut accueillie avec réticence, car le bonnet que portait la folie fut confondu avec le bonnet phrygien cher aux Sans-culottes. En 1875, Alexis Mossa exécute le tableau le plus célèbre de l'histoire du Carnaval niçois "La Ratapignata". Cette œuvre réalisée après les événements très vifs qui ont émaillé le corso carnavalesque cette année-là, rassemble tous les protagonistes qui s'illustrèrent au cours de ce célèbre "combat carnavalesque". Il restitue avec talent, la force, la vivacité, l'intensité du défi des Ratapignata au roi Polichinelle et au char de Catherine Ségurane.
L'aspect diabolique du Carnaval est aussi évoqué par Alexis Mossa dans deux de ses œuvres, notamment la maquette du char "Fumisterie" (1895), calembour, jeu de mot, ce tableau est une forêt de symboles. Il n'est pas sans rappeler dans sa conception le char des Ratapignata : à peu près le même décor, un manoir, avec des hautes cheminées, en haut desquelles des diablotins lancent du mou en forme de cœur, à des chattes noires aux yeux diaboliques. De la chatte à la chauve-souris, à Lilith, le thème de l'éternel rapport entre les hommes et les femmes est abordé avec beaucoup d'humour.
En 1893, Alexis Mossa marie S.M. Carnaval avec une belle paysanne de Gairaut, qui désormais accompagnera, avec quelques difficultés parfois, son royal époux. Un jeune page figure déjà dans le cortège royal des noces de Sa Majesté : il s'agit de Gustav-Adolf, qui subira, à cause d'un jet de confetti de plâtre au visage, durant ce corso, des troubles visuels heureusement sans gravité, puisqu'il s'en remettra rapidement.
En 1895, son projet de maquette de S.M. Carnaval XXII n'est pas retenu par le Comité des fêtes. Carnaval revenait de l'Exposition de Chicago en mail coach avec les présents de l'Oncle Sam.Le nom d'Alexis Mossa disparaît peu à peu des tablettes de Carnaval, mais la relève familiale est assurée.