Mari-Luz Hernandez-Nicaise (Europe Ecologie Les Verts 06), conseillère municipale de Nice, Présidente de la Commission des appels d'offres et Conseillère Métropolitaine, était l'invitée de la première édition de - à bâtons rompus - le rendez-vous politique du Club de la presse Méditerranée 06 …
Dans la perspective de la précampagne des élections municipales de mars 2014, c'est le mercredi 12 juin que le CPM06 a donné le coup d’envoi de cette série d’entretiens avec des personnalités politiques de tous horizons, liées à l’actualité.
NICE EELV NICAISE - Mari-Luz Hernandez-Nicaise a accepté la mission de Présidente de la Commission d’Appel d’Offres (CAO) de la ville de Nice à la suite d’un appel du pied du maire, Christian Estrosi : « J’étais jusque-là simple membre de cette commission. Lors du mandat précédent j’avais assisté de près au scandale de l’affaire Vialatte. Christian Estrosi a souhaité, après son élection, que la présidence de cette commission soit confiée à un membre de l’opposition municipale. C’était un bon calcul de sa part. Cela donnait l’image de quelqu’un d’ouvert sur l’opposition. » Dans un premier temps, EELV06 décline la proposition. « Finalement nous avons négocié une contrepartie, explique l’écologiste, notamment un siège dans la CAO de la communauté d’agglomération de l’époque, la CANCA. »
« Des relations parfois conflictuelles avec le maire »
L’élue EELV a pu imprimer sa patte au sein de la commission. Femme de gauche engagée sur toutes les questions liées à l’écologie politique, elle s’est évertuée à « verdir » les marchés publics de la ville tout en gardant un certaine indépendance : « Je ne veux pas qu’on me dise ce que je dois faire. Nos relations avec le maire sont parfois conflictuelles. »
Le fonctionnement de l’attribution des marchés publics a également évolué. Contrairement à un passé récent, les réponses aux appels d’offres ne sont plus traitées et analysées par les élus, mais par les services compétents de la ville. « C’est devenu hermétique, estime Mari-Luz Hernandez-Nicaise. Lorsqu’un dossier m’arrive, l’analyse et le choix de l’offre ont déjà été réalisés. Mais j’ai quand même accès au dossier. Ce qui a pu parfois donner lieu « à des débats animés avec les services ». L’élue souligne l’évolution des critères retenus pour l’attribution d’un marché. Les aspects environnementaux et qualitatifs ont nettement progressé. Elle reste toutefois lucide au sujet de certaines pratiques : « Il y a un problème de transparence en France au niveau des marchés publics, mais c’est aussi lié à la législation européenne. Au sein du CAO, on ne peut pas toujours savoir ce qui se passe en amont. On peut parfois soupçonner des ententes entre entreprises, mais jamais les dénoncer de manière flagrante. »
« L’Écovallée ? Un bétonnage annoncé »
Mari-Luz Hernandez-Nicaise fait preuve de franc-parler, notamment lorsqu’elle évoque la Métropole Nice Côte d’Azur « où le cumul des mandats et le non respect de la parité entament la crédibilité de la démocratie locale. » L’endettement de la ville de Nice suscite également son irritation : « La politique actuelle consiste à reculer pour mieux sauter. Les grands projets vont impacter les finances de la ville dans les années à venir. Pour le grand stade par exemple, la ville va s’endetter à hauteur de 8 millions d’euros par an pendant trente ans. Les chiffres de l’endettement fournis il y a peu par le maire sont pris à un instant T. Ils ne tiennent pas compte des taux d’intérêt. » Si l’élue reconnaît à Christian Estrosi le fait « d’avoir réussi à embellir la ville depuis cinq ans », ainsi qu’un « volontarisme en matière environnementale », elle se montre plus critique sur d’autres points. En tête de liste, l’Écovallée, « qui annonce un bétonnage de la plaine du Var au mépris du patrimoine agricole et environnemental ». Autres sujets de mécontentement : la politique de logement de la ville, la politique sociale à l’égard des Roms et des demandeurs d’asile ou encore le problème des déchets et de la pollution à Nice : « En ce qui concerne les indicateurs pour l’ozone et les particules fines, c’est presque le désert total. »
Mari-Luz Hernandez-Nicaise compte passer la main l’an prochain
Rendez-vous politique oblige, impossible de passer à côté de l’autre sujet majeur que constituent les élections municipales en 2014. Alors qu’elle était en 2008 numéro 2 sur la liste Nice Changer d’Ère, Mari-Luz Hernandez-Nicaise entend passer la main l’an prochain : « Je suis atteinte par la limite d’âge, je ne pense pas me représenter l’an prochain, ou du moins pas aussi haut sur une liste. » L’élue reste assez évasive sur la configuration que va adopter son parti pour ces élections : « Nos assemblées départementales et régionales n’ont pas encore eu lieu. C’est donc difficile de vous exposer notre ligne de conduite. Toutefois des discussions et des contacts avec le PS existent. Avec Marc Concas comme avec d’autres. L’essentiel reste à faire, il est important de changer de tête à la mairie. Il faut toutefois reconnaître qu’à Nice, il n’y a pas de figure charismatique à gauche. On choisit le moins pire et non le meilleur. »
Et de rajouter avec une pointe de regret : « Si j’avais eu dix ans de moins, j’aurais été prête à mener une liste. »
Pierre-Olivier Burdin
Club de la presse Méditerranée 06