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andre-companJe vous parle d'un temps que les moins de cinquante ans ne peuvent pas connaître. Nice, en ce temps-là…
Non, trois fois non ! Je ne pourrai jamais rendre hommage à mon vieux maître en parodiant une chanson "parisienne", fut-elle le chef d'œuvre que l'on sait !

André Compan s'en est allé, discrètement.
On le savait diminué, par l'âge, par le chagrin causé par le décès de son épouse, et par la maladie, notamment ce typhus incurable, souvenir de son séjour dans les camps nazis, que ses détracteurs passaient volontiers sous silence… On savait aussi qu'à presque 90 ans…

Mais André Compan, tel les vieux lions, n'avait jamais abandonné ce qui fut le combat de sa vie, pour sa Nice et pour son cher Comté. Il était là, toujours présent, aux côtés de tous ceux qui œuvraient en faveur de la culture niçoise et que, pour la plupart d'entre nous, il avait formés, accompagnés, conseillés. Il y a quelques semaines à peine, alors que nous venions de célébrer, dans sa Villefranche natale, le 150e anniversaire du rattachement de Nice à la France (André Compan rejetait catégoriquement le terme Annexion) auquel il avait brillamment participé, il me proposait encore de rééditer sa belle étude sur les noms des communes du Comté de Nice : nous devions y travailler au début de l'année…

Professeur d'histoire et de géographie, à Cannes d'abord puis à Nice, au Parc Impérial et à Masséna, André Compan fut l'un des tout premiers enseignants français à se préoccuper de culture régionale. Mettant à profit la promulgation de la loi Deixonne, en 1951, il s'investit immédiatement dans l'enseignement du Niçois et du Provençal à une époque où l'on distribuait encore allègrement punitions et vexations à ceux qui usaient de ces "patois" pour s'exprimer à l'école.
C'est encore grâce à lui que la langue d'Oc fit son entrée à l'Université, au tout début des années 70. Il y dirigea de nombreux travaux de recherches, maîtrises et doctorats, suscitant ainsi d'aussi nombreuses vocations, qu'il put apprécier à leur juste valeur quand il fut nommé Conseiller du Recteur pour les langues régionales et inspecteur général de leur enseignement pour l'Académie de Nice.
Majoral du Félibrige, membre éminent de l'Academia Nissarda, collaborateur de la Revue des Langues Romanes, André Compan était l'auteur de très nombreux ouvrages consacrés à notre région, notamment sa très célèbre Histoire de Nice et de son Comté (Serre Editeur), constamment rééditée depuis 1973. Spécialiste de philologie, latiniste de haut niveau, il consacra sa thèse de doctorat d'université à la Chronique niçoise de Jean Badat, après avoir publié une édition critique des œuvres de Rancher. Passionné de toponymie et de patronymie, il soutint en Sorbonne sa thèse de doctorat d'état sur les noms de personne dans le Comté de Nice au Moyen-Age et la publia chez Serre en 2004. Les noms de lieux des campagnes du Comté n'avaient aucun secret pour lui : il publia au moins trente articles, dans Nice-Historique notamment, sur la toponymie des villes et des villages niçois.
Beaulieu-sur-Mer, la ville où il résidait, lui a rendu hommage de son vivant en attribuant son nom, le 25 juin dernier, à la salle polyvalente du boulevard Marinoni. La Ville de Nice lui a également décerné son Aigle d'Or en 2004.

Les plus de cinquante ans se souviendront longtemps de ses leçons, de sa truculence, de son intransigeance et de cette passion qu'il savait si bien leur faire partager.
Boulegas, bravi gen !, l'une de ses expressions favorites, restera à jamais gravée dans nos oreilles.

Nos pensées et notre émotion accompagnent Michel, son fils et digne successeur, ses petites filles qu'il chérissait, et toutes les personnes touchées par cette disparition.


Les obsèques d'André Compan seront célébrées mercredi 22 décembre à 14 h 45, en l'église de Beaulieu-sur-Mer.

Adièu, Mestre. E que lou Bouòn Dièu vous ague en Sa santa garda !

 

 

 

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