NICE JAZZ FESTIVAL 2010 GORAN BREGOVIC - Hier soir, Nikki Yanofsky, une pétillante brunette filiforme, a fait l’ouverture sur la scène Matisse. Beaucoup de fraîcheur et une belle souplesse vocale pour cette toute jeune canadienne (16 ans) qui a égrené avec aisance quelques grands classiques, très à l’aise avec son public, l’invitant à venir la rencontrer pour une séance de dédicace de ses disques.
Aux Arènes, sous le regard attendri de Dédé Ceccarelli, parrain du Festival, le bassiste camerounais Richard Bona, lunettes noires et tresses multiples, entouré d’un orchestre aussi cosmopolite que performant - Etienne Stadwijk (claviers), Ernesto Simpson (batterie), Jean-Christophe Maillard (guitare), Gilmar Gomes (percussions), Lee Tatum Greenblatt (trompette) - chante de jolies ballades empreintes d’une nostalgie qui rappelle la «saudade» de Cesaria Evora alors que la trompette nous transporte plutôt du coté de Cuba. Sa douce voix est charmeuse, elle enveloppe les Arènes bien remplie d’une assistance ravie. Je reste, tant pis pour Dr John.
Pour suivre, le trio du contrebassiste Ron Carter, très stylé, accueille la nuit, toujours aux Arènes, épicentre de ce Festival deNice dont l'histoire va s'achever. Les puristes du jazz ne s’y sont pas trompés ils sont là. Carter la classe absolue, un concert exceptionnel sur lequel nous reviendrons
Une pause chez Roland pour une portion de socca bella et en route pour le Jardin. Ce n’est pas l’affluence des grands soirs, l’oliveraie habituellement envahie est plutôt déserte et l’on se faufile aisément dans une foule clairsemée. À qui la faute ? La crise ? le prix des places ? Et pourtant quoi de plus vivifiant que cet Orchestre des Mariages et des Enterrements. Comme un inventaire à la Prévert, sur la scène des hommes en smoking et noeuds papillon façon «male choir», des femmes en costumes folkloriques, des cuivres, un orchestre à cordes, des guitares, un batteur et une musique à nulle autre pareille. Véritable allégorie de la vie, oscillant entre rires et larmes, unissant tous les peuples de la Méditerranée, polyphonies corses, voix bulgares, musiques des Balkans, chants religieux orthodoxes, mélodies tziganes. C’est populaire, bruyant et pourtant un tantinet distingué. Un vrai bastringue entre marching band, parade de cirque, fanfare des Quat’ z’arts et Orphéon municipal. Goran Bregovic mène la danse et le public, entre temps arrivé, suit. Et lorsque Goran entonne « In the Death Car », la foule reprend le refrain, l'ectoplasme de l'iguane rode entre les troncs torturés des oliviers, les funérailles sont grandioses, on le suivrait jusqu’en enfer nimbé par le parfum captivant de la Gypsophile.
Nissa Dream.