C’est une évidence avant même son entrée aujourd’hui sous la Coupole du quai de Conti Simone VEIL était immortelle. Entrée de son vivant dans la mémoire et dans l’histoire française pour la hauteur de ses points de vue et de ses combats, Simone Veil, née à Nice, est la sixième femme à entrer à l'Académie française après Marguerite Yourcenar, Jacqueline de Romilly, Hélène Carrère d'Encausse, Florence Delay et Assia Djebar.
Arrachée à la vie niçoise et plongée dans l’horreur de la Shoah à 17 ans avec une de ses soeurs et sa mère, qui ne reviendra pas d’Auschwitz, elle est entrée dans la vie publique avec une volonté inébranlable et un courage qui sera mis à rude épreuve en particulier lors du combat pour la légalisation de l'Interruption volontaire de grossesse (IVG) en 1974. Ministre de la Santé du président de la République Valéry Giscard d'Estaing, elle réussira avec l’appui de la gauche parlementaire à obtenir cette réforme qui changea la vie des femmes françaises. En 1979, elle conduira avec succès la liste UDF aux élections européennes et deviendra la présidente du premier Parlement européen élu au suffrage universel. En 1993, elle sera la première femme ministre d'Etat, dans le gouvernement d’Edouard Balladur, avec le portefeuille des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville. Simone Veil siégera au Conseil constitutionnel de 1998 à 2007. Elle a soutenu la candidature présidentielle de Nicolas Sarkozy mais affiché sa désapprobation sur la position de son gouvernement à propos de l’immigration.
Ces dernières années elle est revenue souvent à Nice, la ville de son enfance heureuse avant le déclenchement de la tragédie nazie.
Virée du Lycée Calmette... La directrice la convoque : — Vous comprenez... Ne m'en veuillez pas... Tout cela est terrible... J'ai la responsabilité de tant d'enfants... Bref, Simone Jacob est priée de quitter l'établissement, parce qu'est juive. Parce que la directrice ne veut pas prendre la responsabilité d'avoir une élève juive. Parce que la Gestapo pourrait à tout moment venir arrêter l'élève juive. Il y a l'interprétation gentille, expliquera Simone Veil : elle souhaitait me prévenir pour que je ne prenne pas de risques. Et puis il y a l'autre explication, pour laquelle je penche plutôt en me mettant dans le contexte de l'époque ; elle ne voulait pas se mettre en situation d'avoir à se demander que faire si les Allemands venaient. Simone Jacob, sa soeur Madeleine, son frère et sa mère sont cachées par des professeurs du lycée : Mme Villeroy et Mme Descamps, et par de petits artisans. Mais Simone Jacob veut passer les épreuves du baccalauréat. Le 30 mars 1944, les épreuves sont terminées ; Simone Jacob est dans la rue et alors elle est prise, comme tous les passants, dans un contrôle. Les agents de la Gestapo l'arrêtent ; fatale imprudence : toute sa famille est arrêtée ensuite. |