Et si la majorité et l'opposition laissaient leurs armes au vestiaire ? La droite et la gauche sont-elles condamnées, à perpétuité, à se déchirer ? La gravité de la crise économique justifie-en elle-même que s'estompent les clivages, du moins l'espace de quelques semaines. Dès lors, une « Union nationale », de la droite à la gauche, afin de tenter d'enrayer l'évènement économique le plus grave depuis le krach de 1929 devrait se mettre en place naturellement.
Les élus de bonne volonté ne manquent pas tant dans la majorité que l'opposition, cependant, la bipolarisation droite gauche se renforce. Au sein de chaque camp, les discours se radicalisent, comme s'il s'agissait de masquer ainsi la réalité : il n'existe pas de remède miracle contre la crise. Pas plus à gauche qu'à droite. Les principales formations politiques, le PS et l'UMP ne pourraient-elles pas ouvrir des espaces communs de dialogue, de propositions ?
Vous rêvez, raillent ceux qui attisent le feu tant dans la majorité que l'opposition afin d'occuper le terrain. Pourtant, cette Union nationale contre la crise est souhaitée par des personnalités de tous horizons. Un des premiers à l'appeler de ses vœux fut François Fillon. Le Premier ministre avait déclaré, le 3 octobre dernier, aux journées parlementaires de l'UMP à Antibes :"Dans cette conjoncture exceptionnelle, j'invite tous les Français, qu'ils soient de droite, du centre ou de gauche, à faire preuve d'unité ». M Fillon avait souhaité que « la majorité et l'opposition puissent, dans un même élan et dans l'écoute des arguments de chacun, dégager des points de consensus". Cet appel à l'unité nationale, fut aussitôt rejeté par la gauche.
Quelques mois plus tard, la crise s'étant profondément installée, le 8 février, Ségolène Royal n'a pas hésité à lancer : « Dans les périodes de crise telles que nous vivons, nous devrions avoir, sur des solutions qui tiennent la route, une union nationale droite-gauche », a-t-elle plaidé. « Même moi, je suis prête à participer ». En affichant des signes d'apaisement, la présidente de Poitou-Charentes cherche-t-elle à recentrer son discours par rapport à celui de Martine Aubry ?
De son côté, proche de Ségolène Royal, Manuel Valls, le député et maire d'Evry souhaite également une union nationale et « que la majorité et l'opposition agissent dans un esprit de responsabilité, cela oui, j'y suis favorable ». Majorité et opposition, précise t-il au Parisien pourraient ainsi soutenir la création du fonds d'investissement social d'aide aux victimes de la crise que propose la CFDT.
François Chérèque, reçu le 10 février, par les ministres chargés de la préparation du sommet social du 18 février, le leader de la CFDT a réclamé la création par l'Etat d'un « fonds d'investissement social de 5 à 10 milliards d'euros » pour former les salariés victimes de la crise et assurer un revenu à ceux qui ne bénéficient pas d'allocations chômage : « Il faut que les personnes soient en formation plutôt qu'au chômage. Profitons de la crise pour investir dans l'élévation des qualifications.
Comme le remarque l'Usine Nouvelle, la somme exigée est importante comparée au 1,4 milliard d'euros pour les nouvelles mesures sociales évoquées par Nicolas Sarkozy, Mais cette enveloppe, justifie Chérèque, serait « au même niveau » que celle prévue pour la relance par d'autres pays.« Nous mettons tous les sujets sur la table et nous cherchons à aboutir, pour le 18 février, à des propositions concrètes », a indiqué Brice Hortefeux, ministre du Travail.
Et si l'on peut espérer, à l'heure où nous écrivons ces lignes, que ce sommet social débouche sur des mesures efficaces, nul doute qu'on sera encore à des années lumière de l'Union nationale contre la crise !
Nicolas Sarkozy, selon des indiscrétions du Figaro, estime que le clivage entre la droite et la gauche se durcit.
«Ce sont des temps très difficiles, et sans aller jusqu'à demander l'union nationale, on aurait pu espérer un peu plus d'esprit constructif de la part de l'opposition», regrette-t-on dans l'entourage du président. L'ancestral clivage droite- gauche a encore de beaux jours devant lui. Alors, pourquoi ne pas rêver, l'espace d'une réflexion, à cette fameuse « union nationale contre la crise ? »
Paul Barelli
Le Petit Niçois