LOGEMENT SOCIAL SRU -
La loi SRU - en imposant aux villes son quota de 20 % de logements sociaux - constitue un vrai « casse-tête » pour les maires qui utilisent toutes les solutions possibles.
«
Au moins 85 % des ménages de la communauté d’agglomération Nice Côte d’Azur affichent un revenu moyen qui les rend éligibles à un logement social », constate en introduction
David Barjon, directeur-adjoint à la Direction Départementale de l’Equipement lors de la conférence sur «
les maires et le logement social » organisée par le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Alpes-Maritimes. «
La location sur le marché libre s’établit à 15€ le m2, c’est le tarif parisien, mais avec des salaires de province », complète
Jean-Marie Ebel, président de l’Observatoire immobilier. «
Pour bien des ménages, le logement social reste l’unique alternative. »
Une situation vécue au quotidien par des milliers de familles pour qui l’accession à la propriété reste un rêve. Seulement 5 % des logements en vente dans le neuf sont proposés à 3.500 € le m2, un seuil au-delà duquel les actifs sont exclus. Dans ce contexte,
la loi SRU, imposant 20 % de logements sociaux aux communes de plus de 3.500 habitants, constitue une note d’espoir. Mais les 33 communes concernées ont bien du mal à l’atteindre. Il faudrait construire 50.000 logements... On est loin des 2.000 logements financés en 2008 par les collectivités et l’Etat, ce qui constitue pourtant un record.
Le directeur-adjoint de l’équipement tacle les communes qui dans leur document d’urbanisme (PLU ou SCOT) réduisent les droits à construire, tournant le dos à une densification prônée par la Directive Territoriale d’Aménagement. «
Notre département a toujours vécu d’opérations au "coup par coup" sans politique foncière ou urbaine cohérente », déplore
Jean-Marie Ebel. Les communes prennent conscience du problème.
David Vallon, adjoint à l’urbanisme de Beaulieu, signale la volonté de mixité sociale du PLU de sa commune en cours d’élaboration. «
Sur sept sites, nous réclamons aux promoteurs de réserver 20 % de leurs programmes aux actifs.» La commune veut convaincre les investisseurs. Ainsi Parloniam, organisme collecteur du 1 % logement, a pu acquérir 4 logements à 3.500 € le m2 dans un programme vendu à 10.000 € le m?… «
Il nous manque 1.480 logements sociaux », lui répond
Armand Obadia, adjoint à l’urbanisme de
Vallauris. «
Nous demandons aux promoteurs d’affecter de 10 à 20% de leurs réalisations à ce type d’habitat, et ça fonctionne très bien ». Ailleurs, à
Nice ou
Antibes, on généralise les opérations mixtes alors qu’à
Menton, on instaure une taxe. Reste que le foncier se faisant rare, ces initiatives arrivent peut-être un peu tard.
Michel BOVAS
LA TRIBUNE