CÉSAR NOUVEL FONDATION CARTIER - La
Fondation Cartier à Paris rend hommage à
César pour les 10 ans de son décès et c’est son ami
Jean Nouvel, architecte du bâtiment, qui est commissaire de l’exposition. Ils sont tous les deux fortement liés à l’histoire culturelle de
Nice,
César ayant eu ses ateliers dans le
Vieux Nice et
Jean Nouvel développant sa fondation, une « place-forte architecturale », dans la
batterie enterrée du Mont-Boron qui domine le
port de Nice et la
rade de Villefranche.
Voir les divers articles de NiceRendezVous sur le sujet.César et les ferrailleurs
César a fait un nom de son prénom méridional pour qu’il brille, tel l’empereur qui le précéda, au firmament de l’éternité. Il a apposé sa griffe «
La Nuit des Césars » sur une compression d’or, qui l’associe de manière immuable, aux lauréats du 7e art.
Le légendaire sculpteur nous a quittés, il y a tout juste 10 ans et la
Fondation Cartier a tenu à rendre un vibrant hommage à cet artiste par la voix de
Jean Nouvel, commissaire de l’exposition et ami du sculpteur…
Empreintes, expansions, compressions, voilà ce qui définit
César le sculpteur. Il pratiquait l’art du recyclage, la tôle était sa toile de chevalet, le plastique expansé, sa pâte à modeler qu’il faisait enfler, colorait avant qu’elle ne se déverse en flaque molle. Mais, c’est en maniant le fer à souder que tout a commencé. Tandis que d’autres trituraient, façonnaient le bronze, les matériaux nobles, César donnait ses lettres de noblesse au métal parce qu’accessible financièrement pour lui.
La première partie de l’exposition
Les Fers - Les Animaux imaginaires - permet de découvrir le bestiaire imaginatif de César. Est-ce en référence au quartier pauvre de
Marseille, la Belle-de-Mai où il est né, que
César Baldaccini affectionne les sujets ferreux plus que tout autre matériau ? Il y a du
Germaine Richier et du
Giacometti dans ses sculptures diaphanes lorsqu’il assemble astucieusement boulons, plaquettes, tiges et tôles de récupération. Ils leur donnent une vigueur expressive en les assemblant, en les trouant comme pour en faire de la dentelle. Pourquoi le fer ? «
Parce que je n’ai pas les moyens de me payer du marbre » répondait honnêtement l’intéressé.
César, l’imaginatif va, durant douze ans, développer cette théorie sur les Fers jusqu’à réaliser trois cents constructions anthropomorphes, abstraites et zoomorphes. Mais, voilà que l’anatomie humaine interpelle l’artiste. Les
Empreintes humaines démontrent dans ce deuxième volet de l’exposition, l’attirance de
César pour certains attributs comme le pouce, le poing, la main. Le sein, aussi, est digne d’intérêt pour l’artiste qui prend pour modèle une danseuse du
Crazy Horse, ces seins surdimensionnés atteignent 2,66 mètres de diamètre, impressionnant surtout lorsqu’ils se déploient en résine orange ! Quant aux pouces, le sien principalement,
César justifie son choix en expliquant «
A l’école, j’avais appris que César levait ou baissait son pouce pour indiquer le sort réservé au gladiateur vaincu ». Certains y verront un certain narcissisme, d’autres la commodité offerte par la disponibilité immédiate de l’auto-modèle. Sur le parcours de l’exposition, les pouces géants se déclinent avec empreintes digitales en marbre rose, rose comme le grain de peau ou bien encore en précieux cristal de baccarat. C’est véritablement une démarche d’entomologiste fasciné par sa propre espèce.
Les Empreintes le mènent alors vers les
Expansions car le souci de
César est d’agrandir, encore et encore. La mousse de polyuréthane le fascine, il joue du plastique expansé comme de la barbe à papa. Et, l’actualité l’inspire. On peut voir que l’Expansion n° 3 «
La Lunaire » a été créée le jour où
Neil Armstrong a posé le pied sur la lune ! On peut regretter cependant que les Expansions présentées à la
Fondation Cartier soient uniformes et que d’autres œuvres intéressantes dans ce même registre soient absentes de la présentation.
La fin de l’exposition, au sous-sol, nous apprend que
Les Compressions ont nourri durant plus de 40 ans l’imaginaire de
César. Les Dauphine et les Citroën compactées l’ont hissé au sommet de la gloire. Les 205 Turbo 16 du coureur automobile
Jean Todt ont été transformées en « omelettes ». Elles ont perdu les neuf dixièmes de leur volume, mais valent, alors, 30 fois plus cher.
Parmi les autres œuvres présentées, trois Compressions des années 1960 qui rivalisent d’audace avec la Suite Milanaise de 1998. Pour l’anecdote, cette série Suite Milanaise a été réalisée dans l’usine Fiat en Italie, chaque bloc de voitures chiffonnées a été peint selon les couleurs du nuancier. Gag, exploit technique, dénonciation de la société de consommation, César, l’adhérent au mouvement du
Nouveau Réalisme a voulu frapper fort avec ses carcasses !
Le critique d’art,
Pierre Restany a aidé César dans sa quête d’un art ancré sur le monde industriel et urbain. César le ferrailleur inspirera Outre-Atlantique,
Rauschenberg et
Warhol. Il se défendra souvent d’être un intellectuel, mais il revendiquera, en revanche, le fait d’être un tripoteur « Mon cerveau ne fonctionne que lorsque je touche ».
Geneviève Roussel
Fondation Cartier 261, boulevard Raspail - Paris 14è.
Jusqu’au 26 octobre 2008.
Ouvert tous les jours sauf le lundi de 11h à 20h, nocturne le mardi jusqu’à 22h.
Accès libre le mercredi de 14h à 18h.
Tél. 01 42 18 56 50.
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