FESTIVAL du LIVRE de NICE - Dans le sillage de quelques écrivains niçois
Nice, depuis toujours est une terre qui inspire les écrivains. Et en génère. Cependant, si la réputée lumière de la cité qui influença Matisse fournit la toile de fond à maintes œuvres littéraires, il serait réducteur de n’entrevoir la cinquième ville de France que sous son aspect pictural. Si Nice inspire et fascine tant d’hommes et femmes de plume c’est sans doute grâce à son histoire si singulière. Et à la diversité de son tissus humain. Dès lors, les amoureux de littérature peuvent se réjouir de l’hommage que va rendre le Festival du livre de Nice à son plus célèbre écrivain Max Gallo.
Pour la première fois cette année, cette manifestation honore un écrivain pour l'ensemble de son oeuvre en le faisant invité d'honneur. L'auteur de “La baie des anges ”, l'élève du Lycée du Parc Impérial, l'agrégé et docteur en Histoire, le professeur au lycée Masséna, a fait son entrée sous la Coupole. Curieusement, il ne lui a été décerné qu’un seul prix ! Le Festival le célèbre à juste titre. Il en est un des parrains depuis sa création en 1996 aux côtés de Raoul Mille, Didier Van Cauwelaert et du regretté Louis Nucéra.
La silhouette de cet amoureux de Nice ne se profile plus, hélas, dans les allées du Théâtre de verdure depuis ce jour, maudit, d’août 2000 où il fut victime d’un chauffard alors qu’il circulait à vélo. Le talent, la chaleur humaine de Louis Nucéra ont résisté à l’effacement du temps. Certes, grâce à la qualité de ses écrits, il continue de nous interpeller mais également car il savait si bien exprimer son aventure intérieure. Celle que ce nissart a vécu vaut mille voyages à travers le monde. Celui qui débuta comme employé de banque dès l'âge de quatorze ans, ne cessa de lire, de travailler et d'écrire.
L’écriture, il le disait volontiers, se concrétise parfois en épreuve. Un jour, en 1998, lors d’une interview à son domicile, il m’avait confié « aujourd’hui, je ne parviens pas à écrire, je ne trouve pas mon inspiration ! ». Avec pudeur, il précisait qu’il était, en fait, préoccupé, par l’état de santé d’un de ses proches. Ce doute, dont témoignait Louis Nucéra, propre à de nombreux écrivains, allait de pair avec un rare sens de l’amitié. Il partageait ce culte avec un autre homme de plume qui a passé toute son existence à se battre pour l’écriture et la poésie : Alain Lefeuvre. Celui qui fut un des familiers du Festival, mérite qu’un prix portant son nom, pour la 5ème année, honore, la mémoire de ce grand poète niçois. Ce prix récompense un poète d’expression française. Le lauréat 2008 est Michel Mulot pour son manuscrit “Enfances assassinées”. Le prix sera remis le 27 juin lors de ce festival, éclectique, qui consacrera une large part aux écrivains niçois.
Ainsi, le Théâtre National de Nice, Le TNN ouvrira ses portes le jeudi 26 juin 2008 à 20h30. Des comédiens du TNN liront des textes de Didier Van Cauwelaert, Raoul Mille, Claire Legendre, Eric Fottorino, J.-M.G. Le Clezio. (Entrée libre : réservation au 04 93. 13. 90 90). Chacun à leur manière, ils ont célébré Nice, et si certains n’ont fait qu’y passer. Ou simplement y naître. Tel fut le cas d’Eric Fottorino, le président du directoire du Monde. Est- il nécessaire d’être natif de Nice pour justifier l’appellation d’ « écrivain niçois » ?
L’amour de la cité, et le talent suffisent. Enfant d’Oran, Marie-Hélène Carbonel, Niçoise depuis plus de quarante ans, estime qu’elle doit à cette ville qui l’a accueillie et à la mer Méditerranée, le courage et la force d’écrire. Et c’est avec pertinence que le Festival présente son dernier ouvrage, poignant : « d’Une Rive, l’Autre- Chroniques Oranaises ( Editions du Compas). D’une grande finesse, tout en retenue, cette saga, sorte d’ « Autant en emporte le vent Méditerranéen » couvre les 130 ans de la présence française en Algérie.
C’est au travers d’une famille en particulier, que se tisse la trame de cette fiction, celle de la transmission, de génération en génération, d’un espoir démesuré. Et d’une histoire qui fera se mêler les peuplements et s’enraciner les individus, les menant, d’enthousiasmes en déconvenues, jusqu’à l’exil en 1962. Ce roman, écrit avec l’exactitude du vécu, ne verse jamais dans l’outrance émotionnelle. Une sobre et tragique épopée où la mer toujours recommencée arrive à panser bien des plaies.
Paul Barelli
Le Petit Niçois