MENTON MUSÉE DES BEAUX ARTS - Le Musée des Beaux Arts de Menton près de Nice vous invite à un voyage inspiré avec 4 Poètes, 3 Peintres et 1 Sculpteur. Quatre artistes plasticiens inspirés par quatre écrivains qui marquent de leurs oeuvres la littérature mondiale, voilà ce que nous invite à découvrir Hugues de la Touche, le Conservateur des Musées de Menton et Commissaire de l’exposition 4 POETES, 3 PEINTRES ET 1 SCULPTEUR que vous pourrez admirer jusqu’au 21 avril 2008 au Musée des Beaux-Arts – Palais Carnolès de Menton. La sensibilité de l’écrivain éveille celle de l’artiste qui tend à la retranscrire dans son art. C’est ce dialogue qui fait fi du temps et transcende les modes d’expression qui nous est donné à voir : comment l’artiste interroge le verbe, le fait sien et lui donne matière.
Charles BAUDELAIRE et ORESTE CONTI
Les Fleurs du Mal illustrées par Oreste CONTI, Sculpteur
Oreste Conti nous décrit sa démarche :
« Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s’est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Eternel et muet ainsi que la matière.»
Comment un sculpteur ne serait-il pas fasciné par ces vers ? Surtout lorsque la beauté a été le crédo de toute sa création…
Mais ce qui fait que j’ai ressenti en Baudelaire une fraternelle complicité c’est que sa perception de la beauté ne se limite pas à la beauté des formes. Il va la chercher dans ses derniers retranchements… Il prend ce qui a priori semble voué à la perdition pour en faire du diamant. Dans sa poésie « Les Petites Vieilles », sujet que je retrouve dans maintes de mes œuvres, et que j’essaie ici d’illustrer par trois petites sculptures, Baudelaire, comme d’ailleurs Rembrandt, nous dévoile une beauté qui n’est pas destinée aux yeux mais à l’âme.
Il ne s’agit pas de compassion, il s’agit bien d’amour. Il s’agit de la fascination amoureuse d’une âme d’artiste qui, ayant dépassé toutes les illusions éphémères de l’homme, rencontre des êtres que la vie a poussés aux limites extrêmes de leur parcours, là où l’éternité reste la seule expectative.
Beauté de la tragédie sublimée dans « Bénédiction », où je retrouve des moments de mon parcours.
Beauté du doute et de la perdition dans « La Muse Malade ».
Beauté dans « Le Vampire », un enlisement que je connais bien.
Beauté dans « L’Ennemi », ténèbres et fulgurances.
Sublimation poétique d’une morte inconstante, dans « Remords posthume ».
Et pour que cette beauté nous soit perceptible, Baudelaire en fait une symphonie. C’est le propre de la poésie que de pouvoir marier description et musicalité
Une sculpture est par essence immobile. Ce sont les formes qui nous sollicitent. Mais si elle est privée du geste dans le temps, elle peut nous émouvoir par le volume, et les attitudes peuvent la rendre tout aussi expressive qu’un poème.
Chaque mode d’expression artistique, utilise son langage propre, mais c’est en le sublimant qu’il pourra exprimer l’inexprimable. Et, percevoir, en une poésie autre chose que des paroles, dans une sculpture autre chose que des formes, à savoir l’âme de l’artiste.
Je n’imagine donc pas pouvoir transformer une poésie en une sculpture, mais je retrouve chez Baudelaire des sujets qui sont les miens depuis toujours et la même passion à saisir des instants de la vie pour en faire des moments d’éternité ».
Paul CLAUDEL et KALLYSTE
Cent phrases pour un éventail illustré par KALLYSTE.
Le travail de Kallyste se base sur un texte de Paul Claudel : Cent phrases pour un éventail.
En 1927, Paul Claudel (1868-1955), ambassadeur au Japon publie à Tokyo Cent phrases pour un éventail. Le poète est alors le seul auteur français à avoir tenté l’expérience du Haïku, forme poétique brève issue de joutes poétiques au Japon. Paul Claudel, dans ce texte, calligraphie chaque phrase au pinceau puisque le haïku s’adresse autant à l’œil qu’à l’oreille.Laissons parler Kallyste sur son travail :
« Rare est de trouver un recueil au fond d’une caisse ;
Poussiéreux, avachi, qui, à la simple lecture d’une phrase,
Vous enveloppe, vous oblige à retourner chez vous le lire, et,
Ne plus jamais le quitter.
D’un extrême raffinement, avec une extrême simplicité, les
Phrases rendent possible toutes les découvertes au sens
« Terra Incognita »
Je l’ai exploré à la lumière de l’esquisse.
Il peut être exploré de nombreuses autres manières.
Véritable creuset où se baignent les muses ».
Or en fusion, Claudel Alchimiste
Khalil GIBRAN et Marie Laurence DAMON
Le Prophète illustré par Marie-Laurence DAMON.
M.-L. Damon a illustré Khalil Gibran, artiste et visionnaire.
Notice sur Khalil Gibran (Bsharri, 6 janvier 1883 – New York, 10 avril 1931) Surtout connu en Occident pour son œuvre d’écrivain et plus particulièrement encore en tant qu’auteur d’un ouvrage, Le Prophète – livre culte devenu best seller mondial, Khalil Gibran fut aussi un peintre et un dessinateur de grand talent, un intellectuel engagé et soucieux de justice sociale, et l’un des précurseurs majeurs de la modernité arabe et du dialogue Orient-Occident.
Libanais de religion chrétienne-maronite, Khalil Gibran émigra aux Etats-Unis. Il fut l’un des fondateurs avec Mikha’il Nu’ayma de l’Association des Ecrivains, point de rencontre des lettrés émigrés en Amérique. Sa poésie a été traduite en 20 langues et est devenue un mythe pour les jeunes qui considèrent ses œuvres comme bréviaires mystiques. Gibran a cherché à unir dans ses écrits la civilisation occidentale et celle orientale.
Quelques-unes de ses œuvres : La Musique (1905), Nymphe des vallées (1906), Esprit Rebelles (1908), Les Ailes Brisées (1912), Rire et Larmes (1914), Le Fou (1918), Le Livre des Processions (1919), Le Précurseur (1920), Les Tempêtes (1920), Le Prophète (1923)…Laissons parler M.-L. Damon sur son travail :
« Gibran est merveilleux.
Quiconque a un jour ouvert son cœur et promené son regard sur ses mots le sait.
Il est poète, il est philosophe, il est profondément humain.
Il est homme parmi les hommes, les pieds posés sur la terre
Les yeux toujours se repérant aux étoiles et au ciel. Il n’assène pas, jamais !
Il emmène son lecteur, comme le font ses personnages, sur des chemins inattendus.
Il est rebelle, non-conformiste par nature, imperméable aux discours et aux modèles de société ;
Son intelligence est fine, aiguisée par l’inébranlable sens de la justice qui l’anime.
Sa perception lui est souvent douleur :
Il voit ce que le commun des mortels n’entrevoit même pas ;
Il est souvent seul.
Il transpire beauté, bonté et simplicité ; parfois en vain.
Son langage est clair, il s’adresse à tous,
Tout au moins à ceux qui entreprennent de le rencontrer ;
Son sujet est l’homme, la femme, l’enfant, le vieillard, la quotidienneté…
Son regard est celui de l’absolu, nous laissant le relatif
Son écriture est celle de la musique, rythmée, orchestrée…
Jamais ampoulée, elle jaillit des impulsions du cœur et des élans de l’être, dans la spontanéité.
Au fil des textes et du temps, il rend son message chaque fois plus mélodieux,
Le même et unique message, celui de l’Amour, avec un grand A
Le pur, l’unique, le vrai…
… pas l’amour qui désire et possède, comme on le ferait pour une marchandise
… pas l’amour qui contrôle, manipule, commande
… mais bien celui qui accompagne, qui partage, qui libère…
Khalil Gibran est intemporel
Ses récits auraient été vrais il y a 4 000 ans,
Ses récits sont vrais aujourd’hui.
Son « Prophète » est l’œuvre d’un Maître. »
RainerMaria RILKE et Jacqueline VERDINI
Lettres à un jeune poète illustrées par Jacqueline VERDINI.
Jacqueline Verdini a illustré Rainer Maria Rilke, poète autrichien.
Notice sur Rainer Maria Rilke (Prague, 1875 – Montreux, 1926)
Rainer Maria Rilke est une des plus importantes personnalités littéraires suisses. Sa rencontre avec la princesse Marie Thurn und Taxis sera décisive pour sa carrière puisqu’elle l’hébergera fréquemment et sera son mécène jusqu’en 1920. Pour elle, il composera son chef d’œuvre, les Elégies de Duino, suite d’élégies empreintes d’une mélancolie lumineuse. Il fut l’auteur d’une trentaine d’œuvres de 1894 à 1926. Les Lettres à un jeune poète ont été écrites entre 1903 et 1908.
Laissons parler Jacqueline Verdini sur son travail : « Rainer Maria Rilke m’a appris à voir au-delà du « regarder », à sentir, à aimer les choses inertes, à donner… en utilisant mes « moyens »… Quand R. M. Rilke dit :
• l’Amour seul peut saisir une œuvre d’art
• l’œuvre d’art permet à l’artiste de s’affirmer, de se créer et de se donner.
• le besoin de donner est à la base de toute création
• J’adhère pleinement.
Le dessin, comme le mot écrit, est un moyen de communiquer avec les autres – en dehors même de la scène représentée – car, ce « dessin écriture » a :
Des lignes courbes plus ou moins souples, qui disent toute la sensualité, la tendresse, la présence affective dans le « chant modulé » du « crayon qui trace »… qui dialogue… avec des lignes droites, dures, sèches, fermes, architecturées qui disent et qui sont l’expression d’une affirmation, d’une volonté de construction, d’une présence du Moi…
Intuition et intellect : ce texte graphique est un poème… à lire, à sentir, à percevoir, en silence… car paroles cachées… rythmées… musique intérieure, silencieuse, harmonie, équilibre des lignes… entre « mouvement et arrêt du temps ».
Pages dessinées où les signes se rencontrent, s’accouplent et s’unissent… gagner l’éternité.
J’ai essayé à travers ces dessins aux lignes sobres, simples, sans effets décoratifs de rendre un hommage respectueux et reconnaissant à R. M. Rilke qui m’a aidé à utiliser des possibilités héritées. - Merci R.M. Rilke ».
4 POÈTES, 3 PEINTRES ET 1 SCULPTEUR
Charles BAUDELAIRE et Oreste CONTI – Paul CLAUDEL et KALLYSTE – Khalil GIBRAN et Marie-Laurence DAMON – Rainer Maria RILKE et Jacqueline VERDINI
Musée des Beaux-Arts – Palais Carnolès
3, avenue de la Madone
MENTON
Ouverture de l’exposition du 26 janvier au 21 avril 2008
Tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 18h sauf le mardi et les jours fériés
Entrée libre
Tél. : 04 93 35 49 71 Fax : 04 92 41 80 66