MUSIQUE - Beaucoup de monde, dimanche, dans le jardin enfumé de Cimiez lorsque, caché derrière un dai emplumé déployé par un de ses fils, SOLOMON BURKE entre sur la scène du Nice Jazz Festival. Depuis dix bonnes minutes, ses musiciens en smoking noir noeud pap, trois guitaristes, un organiste, quatre encuivrés, plus quatre charmantes encordées tout de blanc vêtues, chauffent l’assistance massée dans l’oliveraie. Au centre de la scène trône un énorme fauteuil, doré au papier à chocolat, posé sur un podium, surmonté d’une couronne à trois épis, façon église russe, entouré de deux vases ornés de roses rouges.Le crâne luisant et bosselé, vêtu d’une redingote écarlate sur un costume trois pièces du même sang, cravate cardinale et pochette blanche, cape ourlée d’un truc en plumes ou en poils, sans oublier la touche finale, un discret collier façon tahitienne composé d’oeufs de pigeons, l’énorme SOLOMON BURKE fait une apparition flamboyante. Une grosse âme dans un corps de 150 kilos, minimum, et une putain de voix d’airain, 69 ans, 21 enfants, 70 petits enfants, monsieur le pasteur noir de la House of God for all people de Los Angeles, ne fait pas dans la retenue et la discrétion. Et c’est assis sur son trône de « King of Rock’n’Soul » que le roi Solomon va délivrer son message biblique dont le célébrissime tube planétaire « Everybody Needs Somebody to Love » rendu inoubliable par Ray Charles et le duo de lunettes noires du film « The Blues Brothers ». Il en est l’auteur comme tout le monde l’ignore. Il enflammera le public du festival avec un concert parsemé de hits fabuleux, distribuera aux femmes les roses aux longues tiges et transformera les abords de son trône en dance stage.À la fin du show, après avoir enfilé des gants noirs, il quittera la scène dans un fauteuil roulant, comme celui de l’homme de fer, le feuilleton télévisé du siècle dernier.