CATASTROPHE CARAVELLE - «
Un missile a abattu la caravelle Ajaccio-Nice », affirment plusieurs témoins.
Accablants. Plusieurs témoignages nouveaux viennent conforter la thèse d’une erreur de tir de missile qui aurait abattu la
caravelle Ajaccio-Nice, au large d’
Antibes, le
11 septembre 1968. Depuis 38 ans,
Jacques, Mathieu et Louis Paoli dont les parents ont trouvé la mort dans cette catastrophe qui a fait 95 victimes, sont convaincus que cet accident est imputable à l’armée.
Persuadés qu’un «
missile non armé est à l’origine de l’accident expliquant que la caravelle n’ait pas explosé en vol », les frères
Paoli, porte paroles des familles des victimes disposent désormais de six nouveaux témoignages.
La plupart ont accepté de se confier au
petit Niçois après avoir adressé, par écrit, leurs témoignages au procureur de la république. Seulement,
Éric de Montgolfier a classé « sans suite » le dossier de la catastrophe de la caravelle. «
Les faits sont prescrits, il n’est pas possible de rouvrir le dossier d’un point de vue judiciaire », nous avait-il confié récemment. La commission d’enquête du ministère des Transports concluait en 1972 que la perte de la
caravelle avait pour cause « un incendie dans la cabine à l’origine indéterminée ». L’information judiciaire avait été close par un non lieu en juin 1973. La prescription de l’action publique s’était éteinte en mai 1983. Le 9 septembre dernier, les
frères Paoli avaient déposé une plainte pour «
homicide involontaire contre le ministère de la Défense ».
Les familles des victimes s’appuient sur les déclarations des témoins qui semblent d’autant plus crédibles qu’ils n’ont aucun lien entre eux. Encore ému,
Noël Chauvanet se souvient. Il était ingénieur stagiaire chez
Thomson au département missiles, en juillet 1971 : «
Je discutais avec un technicien, il m’a confié qu’il avait fait des essais en Provence sur les missiles sols air. Et que la seule fois où il avait vu un missile fonctionner c’était celui qui avait détruit la caravelle l ! ».
Autre témoignage troublant, celui de
Bernard Famchon de Venansault en Vendée. Il était serveur au foyer du
40e Régiment d’artillerie à Suippes, près de Mourmelon. : «
Un soir de l’été 1970, un militaire a fondu en larmes. Il faut que je vous parle. Je ne supporte plus le poids de ce que j’ai vécu. J’étais en septembre 1968, en Méditerranée, servant sur une batterie. Nous disposions d’un radar automatique, couplé avec la batterie qui devait abattre un avion cible militaire qui allait passer. Tout était réglé automatiquement. Quand l’avion est passé sur le radar, l’automatisme a fonctionné, le missile est parti. Aussitôt après, on nous a prévenu qu’il fallait arrêter le tir car il y avait un avion civil qui arrivait. Mais c’était trop tard : le missile était parti ! ».
Ce militaire assure que sa hiérarchie l’avait menacé de lourdes sanctions s’il parlait. Cela s’inscrit dans le halo de mystère qui n’a cessé d’entourer les circonstances de cette catastrophe.
Un autre témoin,
Pierre Loffredi, un Tropézien, révèle que durant son service militaire, un spécialiste lui avait confié que la chute de la caravelle était due à un missile : «
Il y a eu un bug dans le programme. En fait ils ont perdu de vue le missile qu’ils n’ont pas détruit en vol »
Certes, ces témoignages, indirects, qui n’émanent pas de personnes impliquées dans le drame sont susceptibles, dès lors, de s’avérer contestables d’un point de vue strictement judiciaire. Il n’empêche. Ils sont suffisamment précis pour justifier, sinon la réouverture d’une information judiciaire, du moins une audition.
Comment ne pas partager la juste émotion des familles des victimes ? En désespoir de cause, les
frères Paoli se tournent vers la presse pour lancer un ultime appel à
Éric de Montgolfier afin qu’il prenne en compte ces témoignages. Ce « classement », sévère coup porté à leur croisade, ne les décourage pas. «
Cette décision ne nous freinera pas dans une lutte qui est celle de toute une vie et nous sommes prêts à saisir nous-même le doyen des juges d’instruction pour la mener à terme ».
Les
frères Paoli, en tant que partie civile, envisagent de déposer une autre plainte, par le biais de leurs avocats, Me
Paul Sollacaro, du barreau de
Nice et
Stéphane Nesa d’
Ajaccio.
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