Construit alors que le Comté de Nice dépendait encore du Royaume de Sardaigne, le pont des Batteries a donc été fortifié par le Génie français entre 1884 et 1887. L'ouvrage militaire, officiellement dénommé "Chiuse de Bauma Negra", faisait partie de la ligne Serré de Rivières, construite à la fin du XIXe siècle, alors que les relations franco-italiennes étaient pour le moins défaillantes. La chiuse constituait une annexe du fort du Pic Ciarvet, édifié à la même période sur la ligne de crête séparant le Var de la Tinée. Conçu pour abriter une cinquantaine d'hommes logés en rive droite, il accueillait en rive gauche un armement composé pour l'essentiel de canons de 40 et de 80.
En 1910, lors de la construction de la ligne de tramways de la Tinée, on adjoignit une porte fortifiée au débouché de la pate-forme ferroviaire qui abandonne la route à cet endroit-là, continuant en rive droite alors que la chaussée passe en rive gauche.
Quelques vestiges en sont encore bien visibles, notamment en aval le pont en béton qui franchit le Var à son confluent avec la Tinée, puis les murs de soutènement de la plate-forme que l'on aperçoit en rive droite et, pour quelque temps encore, un ou deux supports de la caténaire, ancrés dans le rocher (on en distingue nettement un sur la photographie). Cette porte fortifiée, destinée, selon les conceptions militaires de l'époque, à empêcher le passage d'un éventuel convoi ferroviaire, a causé en spectaculaire accident en 1927 quand une locomotive à vapeur utilisée par le chantier de construction de la centrale hydroélectrique du Bancairon l'a accrochée et a basculé dans le lit de la rivière.
Cet ouvrage n'a quasiment jamais servi : totalement inutile, comme la plupart des fortifications de la ligne Serré de Rivières, il a rapidement été abandonné. Désaffecté après la seconde guerre mondiale, il a abrité un temps une champignonnière avant d'être ouvert aux quatre vents et livré à l'abandon.