INTERNET - La révolution Internet n’a pas fini de réserver des surprises. Au-delà de la sphère des experts des sciences et technologies de la communication, chaque citoyen accède désormais à une masse considérable d’informations. La « Toile », Internet, bouleverse la recherche, la production et la diffusion de l’information. Les nouveaux réseaux de communication constituent une nouvelle opportunité pour le journalisme. Et un risque. Aujourd'hui, tous les quotidiens nationaux ont leur site web. Si la plupart ont suivi le mouvement, ce n'est pas seulement par mimétisme : le développement sur Internet est réellement un enjeu majeur pour la presse écrite.

Aussi, même si les premiers pas ont pu être balbutiants, les améliorations apportées aux sites web en ont fait des outils d'information à part entière, qui ne sont plus de simples calques de la version papier. Certes, le réseau mondial a changé la dynamique du pouvoir des médias, il rend, cependant, obligatoire une adaptation constante des journaux contraints de modifier leur façon de concevoir l'information et de la travailler.

Le Net menace-t-il la survie des journaux papier ? La question doit être posée mais elle semble déjà dépassée. Jamais dans l’histoire des médias, une innovation n’a chassé les technologies antérieures. La radio n’a pas éliminé les journaux, ni la télévision la radio. Dès 1999, Jean-Marie Colombani, patron du Monde estimait qu’il était nécessaire pour son quotidien d’être « présent sur Internet parce qu’on ne peut pas être un organe de presse et rater cette révolution qui concerne les médias ». Récemment, ce dernier, dans un entretien aux Échos, constatant que « le marché de la presse quotidienne est un marché dévasté, anxiogène même », Jean-Marie Colombani précisait que, grâce au site web lemonde.fr « nous touchons un public plus jeune, de 28 ans en moyenne contre un âge moyen de 47 ans pour le quotidien papier ».

Dès lors, une question mérité d’être posée : comment situer l’évolution des liens entre les journalistes et la Toile. « Presse et Internet : amis ou ennemis ? », tel sera le thème d’une conférence – débat, organisée par le Club de la Presse Méditerranée 06, le jeudi 19 octobre à 19 heures à l’Hôtel Beau-Rivage à Nice. Elle sera animée par Jean-Pierre Largillet, journaliste, créateur du site sophianet.com. Tous ceux qui s’intéressent à l’essor du multi-média pourront écouter des spécialistes. Des journalistes mais également des responsables de sites Web sur la Côte d’Azur définiront leurs objectifs. Un état des lieux sera dressé sur ce qu’Internet a changé dans le travail des journalistes, leur quotidien. Une des modifications majeures apportée par le Web est la communication entre les lecteurs et les rédacteurs.

Qui aurait imaginé, il y a quelques années, que le phénomène des blogs prendrait une telle ampleur, débouchant sur un mouvement de « journalistes citoyens » qui n’est pas toujours à l’abri de certaines dérives.

Non seulement, la révolution Internet a déjà bouleversé le paysage de la presse écrite mais, elle se propage aujourd’hui à la radio avec les podcasts et à la télévision avec les vidéoscasts. Europe 1 fut parmi les premières des radios à proposer ses programmes à télécharger sur le web.

Il sera également question, lors de ce débat, de la part de plus en plus grande que prennent les agrégateurs de contenus (Google news, Yahoo, Live.com de Microsoft). Ils ouvrent des accès nouveaux et gratuits à l’information planétaire amplifiant un peu plus les difficultés économiques de la presse écrite. Qui peut l’emporter entre les médias traditionnels qui doivent évoluer, les opérateurs de télécoms qui ouvrent des portails d’information, les producteurs de contenus alors qu’Internet permet de mixer en un seul média le texte, la photo, le son, l’audiovisuel et le graphisme ?

Le débat s’annonce riche d’autant qu’une deuxième vague d’Internet est en cours. L’émergence du Web 2.0 permet aux lecteurs de devenir « producteurs d’information » par le biais de blogs, débats… L’interactivité est désormais le maître mot au moment ou les principales évolutions concernent l’augmentation des débits, l’information sur les mobiles. Internet s’apparente plus que jamais à la langue d’Esope : c’est à la fois la meilleure et la pire des choses.
Paul BarelliLe billet de Paul Barelli paraît dans le Petit Niçois