SIMENON NICE HYÈRES - Sur les pas de
Georges Simenon avec
Paul Daelewyn.
Paul Daelewyn publie chez
Serre Éditeur un livre-guide de « parcours » d’
Hyères à Nice où l’on perçoit les couleurs, la lumière, les senteurs, les saveurs, la physionomie, l’atmosphère de la Côte d’Azur et dans lequel se noue une interaction entre
Simenon, ses personnages et le lecteur.
L’auteur mêle à la description des lieux visités, des souvenirs personnels du romancier Georges Simenon et, surtout, de nombreux extraits de ses œuvres où s’expriment les sentiments et appréciations de plusieurs de ses personnages, parmi lesquels le célèbre
commissaire Maigret.
L’écrivain du clair-obscur
L’œuvre de
Georges Simenon éveille très souvent des impressions d’atmosphère grisailleuse, de rues sombres ou de lieux sordides. Cela signifie-t-il, pour autant, que l’auteur se complaisait dans la description des milieux glauques où la pluie tombe souvent ?
L’affirmer est faire preuve d’une vision réductrice car c’est occulter les nombreuses notes lumineuses parsemées dans ses écrits.
Au cours de sa vie,
Simenon s’est aussi révélé être un amateur de paysages lumineux, voire de sites baignés de soleil et bordés par des flots couleur turquoise. Au point de créer en lui, une dichotomie entre « un homme du nord, féru d’ordre et de discipline et un homme du sud couché dans son hamac sous un figuier, tandis que la Méditerranée vient lécher la rive à ses pieds ». Il ne saura jamais lequel des deux l’a emporté !
Sa double nature, nordique et méridionale, il l’explique encore par le « besoin de ciel gris et même de journées pluvieuses, besoin aussi d’une activité organisée », mais « après quelques mois de Paris ou d’ailleurs, une simple bouffée chaude, une odeur d’eucalyptus ou de romarin créent chez (lui) le besoin de (se) précipiter vers le sud (…) ».
Il ne lui reste, dès lors, qu’à constater que «
Ce combat entre l’homme du Nord et le Méditerranéen a duré des années, je pourrais dire toute ma vie (…) ».
Un coup de foudre pour la Côte d’Azur
La part méridionale de
Simenon s’est, vraisemblablement, révélée suite à son coup de foudre pour la Côte d’Azur. Fait exceptionnel dans sa vie sentimentale, cette passion soudaine s’est muée en une longue histoire d’amour qui s’est concrétisée par des séjours fréquents et par le recours au littoral azuréen pour planter le décor, en tout ou en partie, de plusieurs de ses œuvres. De plus, celles-ci sont nombreuses à être nées de son lien avec la
Côte d’Azur, dans la mesure où il y a puisé l’inspiration de multiples romans, après s’être laissé impressionner et imprégner par la lumière, les couleurs, les odeurs et, de manière générale, par l’atmosphère des lieux telle qu’elle résulte aussi de l’expression du caractère de ses habitants.
Les résidences de l’écrivain sur la Côte s’échelonnent, selon des durées variables, de 1926 à 1957 et s’étendent, d’ouest en est, de
Porquerolles à
Cagnes-sur-Mer en passant par
Anthéor, Mougins, Cannes et Antibes.
Ses romans englobent, eux, une plus large gamme de localités dispersées tout au long de la Côte :
Bandol, Sanary-sur-Mer, Toulon, Hyères, Porquerolles, Le Lavandou, St-Raphaël, Mouans-Sartoux, Cannes, Juan-les-Pins, Antibes, Nice, Monaco et Menton.
Elles sont parfois à peine esquissées lorsqu’elles n’interviennent qu’au cours d’un épisode d’un roman ; de toute manière, elles ne jouent souvent qu’un rôle secondaire derrière l’épaisseur des personnages et de l’intrigue, même si elles influencent les comportements et l’ambiance. Quand un plus grand rôle leur est assigné, elles interviennent pour donner corps à la réalité de l’homme rompant avec son milieu, avec lui-même et se retrouvant face à son destin, face à son malaise existentiel : leitmotiv simenonien.
Paul Daelewyn :
La Côte d’Azur de Georges Simenon.
Lieux de vie et sources d'inspiration.
96 pages, relié.
Nombreuses illustrations couleurs.
Nice, Serre éditeur, 2005.