A 70 kilomètres de Nice, véritable balcon sur la moyenne vallée de la Tinée, le village de Roure tire son nom du chêne pubescent, en latin robur, et roure en niçois.
Roure appartenait aux Rostaing avant d'être enlevé de force par les Grimaldi à Bertrand Caïs au XIVe s. Le village, perché à 1200 m d'altitude, typique par son architecture et ses toits de lauze rouge, jouit d'un extraordinaire panorama sur la moyenne vallée de la Tinée. En outre, l'Arboretum Marcel Kroenlein, à quelques kilomètres après le village, constitue, sur 6 hectares, un ensemble exceptionnel de végétation alpine.
Une promenade dans les rues du village permet de découvrir toute la richesse d'une architecture alpine caractéristique.
Site de l'ancien château féodal des Grimaldi de Beuil détruit en 1621 (sur le mamelon rocheux, face à l'église). Il n'en reste qu'un pan de mur mais le promontoire qui le portait est un extraordinaire point de vue sur la moyenne vallée de la Tinée qui, à lui seul, vaut le déplacement.
Eglise Saint Laurent : bel édifice baroque de la fin du XVIIe siècle, elle conserve un clocher-porche qui peut remonter au XIIIe siècle (accès par le cimetière).
Intérieur : l'église conserve deux retables du XVIe siècle et une chaire en noyer du XVIIIe.
Polyptique de Saint-Laurent, attribué à Andrea da Cella (vers 1510). Au centre, Saint Laurent entouré de Saint Grat et de Sainte Pétronille. Au dessus, Sainte Lucie, Saint Antoine Ermite, Saint Martin et Sainte Apollonie couronnés par une Déploration du Christ.
Polyptique de l'Assomption attribué à François Bréa (vers 1560). Au centre, la Vierge emportée par six anges entourée par Sainte Anne et Sainte Marie-Madeleine. Au dessus, Annonciation. Au revers, couronnement de la Vierge et saints évêques.
Chapelle Saint Sébastien et Saint Bernard : au nord du village, sur la route forestière de Rougios. Chapelle rurale classique avec porche antérieur. Bénitier sculpté à l'entrée.
Intérieur : La voute, le chevêt et les murs sont recouverts de fresques narrant la vie des saints patrons, réalisées en juin 1510 par Andrea da Cella. Au chevêt, Saint Bernard entouré par Saint Sébastien à gauche et Saint Roch. Au dessus, Christ de Pitié. Côté gauche : Scènes de la vie de Saint Sébastien et frise dite des Vices. Côté droit : scènes de la vie de Saint Bernard de Menthon.
Véritables "bandes dessinées" à usage didactique, dans une époque et en des lieux où les analphabètes constituent l'immense majorité de la population, les chapelles peintes présentent souvent, outre des épisodes de la vie du saint qu'elles honorent, des allégories plus générales exaltant les vertus morales et dénoncent les vices. Patience, clémence, abstinence, diligence, piété, humilité, sagesse s'opposent aux sept péchés capitaux: orgueil, luxure, overice, colère, gourmandise, paresse, envie. Vices et Vertus sont représentés en frises éloquentes à La Tour, Clans et Roubion : ion y découvre les représentations sereines des vertus affrontées aux caricatures symbolisant les vices enchainés et conduits vers l'enfer par des diablotins.
A Roure, seule la luxure est présente et rappelle nettement une anecdote locale : en 1427, une habitante mariée de la localité était condamnée à une très forte amende pour avoir commis l'adultère avec le curé de la paroisse. Le scandale dut faire grand bruit puisque, près d'un siècle plus tard il est encore fustigé. La scène se présente ainsi : deux diables musiciens (l'un joue du hautbois, l'autre du galoubet et du tambourin) entourent un curieux cortège composé d'une femme nuae, marchant à quatre pattes, dont l'abondante chevelure sort de rennes au diable qui la chevauche, tondis qu' Un autre lui but le flanc pour la faire avancer; devant elle, un ecclésiastique s'avance, main jointes, pendant qu'un dernier esprit malin lui retire le nimbe qui entoure son front. Le groupe s'achemine vers la gueule du Léviathan qui sym bolise l'entrée de l'enfer.
A Tiecs : Chapelle Sainte Anne et menhir.