Agencement et décoration La chapelle du Saint-Sépulcre possède une décoration intérieure d'origines diverses : les principaux tableaux qui ornent ses murs peuvent être datés des XVIIIe et XIXe siècles, tandis que la décoration des plafonds est uniquement du XIXe siècle. Divers objets méritent aussi notre attention. Première travée La thématique picturale qui décore cette travée tourne autour du sépulcre du Christ, conformément à la dévotion de l'archiconfrérie. Le premier tableau en entrant à gauche est L'incrédulité de saint Thomas, daté de 1718 et signé F. Cavassa. Il provient sans doute de la chapelle de la rue Celleya. Puis, une Ascension sur laquelle manquent les renseignements. Le troisième tableau (Pierre Grand, 1713) qui orne cette travée juxtapose deux scènes. Au premier plan, on reconnaît le Christ parlant aux saintes femmes, Marie-Madeleine, Marie-Jacobée et Marie-Salomé. Au second plan, scène chronologiquement antérieure, la découverte du tombeau ouvert et vide, et le dialogue avec les anges. D'autres tableaux figurent ensuite une Résurrection, puis une Pêche miraculeuse. Enfin, une autre représentation plus simple de l'Apparition du Christ à Marie-Madeleine. Le Christ est appuyé sur le tombeau ouvert et vide et, à ses pieds, la sainte, portant un flacon de parfum. Entre ces deux dernières œuvres, anonymes et datées probablement de la fin du XVIIIe-début du XIXe siècle, une console porte un saint Sébastien de facture naïve (ainsi dans la disproportion des flèches). En bois polychrome, peut-être du XVIe siècle, elle provient de la chapelle Saint-Sébastien voisine, qui fut détruite en 1706, mais dont le nom subsiste à travers la dénomination du boulevard Saint-Sébastien, le long du Théâtre de Nice. Dans la calotte de la voûte, on peut noter une Exaltation de la Sainte-Croix, datée du XIXe siècle, oeuvre du peintre niçois Emmanuel Costa. Au centre de la travée, devant la baie et face à l'autel se place le banc des officiers de l'archiconfrérie, le Prieur, le Sous-Prieur, le Trésorier, etc... On notera que ce banc porte le monogramme SSS (Societas Sanctissimi Sepulcri, Société du Très-Saint-Sépulcre) et que, dans les grandes occasions, il est sommé des armes de Nice. Deuxième travée La thématique décorative qui la domine est celle de la Vierge. Sur l'autel latéral de gauche, diverses statues sulpiciennes défigurent l'agencement initial. Dans la chaire (à droite, en haut), on a déposé la statue de la Madone du Secours. Naïve sculpture de bois représentant la Vierge qui protégea les Niçois des assauts franco-turcs de 1543, cette statue est habillée et parée selon la coutume latine. Elle demeura longtemps dans l'église Saint-Martin-Saint-Augustin, avant d'être confiée aux Pénitents bleus. Sur l'autel latéral de droite figure un groupe processionnel de la Madone de l'Assomption, daté du XVIIIe siècle. Son mouvement complexe, tournoyant et éthéré, aux vêtements portés par un souffle, révèle l'habileté du sculpteur. Derrière la statue, un tableau, daté de la même époque, figure l'Adoration de la Croix. Quoiqu'anonyme, ce tableau rappele la manière de la fresque qui orne le premier palier de l'escalier d'entrée. Cette statue était portée en procession par les Pénitents bleus à l'occasion de la fête de l'Assomption, chaque 15 août, jusqu'à l'église voisine de Saint-Martin-Saint-Augustin. Ceci explique les anneaux visibles sur son socle, où étaient enfilés les pièces de bois servant au transport de la statue à dos d'homme. A la voûte de la calotte, une autre Assomption, attribuée à Emmanuel Costa. Il est vrai qu'elle reproduit exactement la même oeuvre, authentifiée, du même peintre, mais décorant la coupole de l'église de Saint-Etienne-de-Tinée. Curieuse coïncidence que celle-ci : l'église de Saint-Etienne-de-Tinée et le Saint-Sépulcre de Nice partagent, à soixante ans et à cent kilomètres de distance, le même architecte (Antoine Spinelli) et le même décorateur (Emmanuel Costa). Chœur Il comporte plusieurs pièces intéressantes. Sous l'autel se trouve ce remarquable Christ gisant au sépulcre, daté du XVIIIe siècle. Cet ensemble, avec les angelots qui encadrent ses angles, était destiné à être porté en procession par les confrères, sans doute à l'occasion de la Semaine sainte. Le tableau du maître-autel est une oeuvre majeure d'Abraham-Louis Van Loo (1656-1712). peintre hollandais installé à Nice à la fin du XVIIe siècle. Elle représente l'Assomption de la Vierge Marie. Elle est datée des années 1700 (le dernier chiffre de la date manque). Mettant en scène, aux pieds de la Vierge, saint Pierre et sainte Marie-Madeleine, elle est révélatrice du style baroque de Van Loo, tout de mouvement, d'expression et de couleur. On peut considérer ce tableau comme le chef d'oeuvre de la chapelle. Enfin, à gauche de l'autel, une magnifique croix de procession en noyer, aux embouts d'argent, est apposée contre le mur. Les pièces d'argenterie reproduisent le monogramme SSS et les armes de Nice. La croix est surmontée d'un médaillon représentant une Vierge à l'Enfant, qui fait face, sur la paroi opposée à un saint Sébastien, tous deux datés de 1828. LES CONFRERIES DE PENITENTS Ces associations de laïcs apparaissent à Nice au XIVe siècle, selon une forme née en Italie au XIIIe. Les quatre confréries toujours vivantes à Nice furent fondées en 1306 (Pénitents blancs de la Sainte-Croix), 1329 (Pénitents noirs de la Miséricorde, 1431 (Pénitents bleus du Saint-Sépulcre) et entre 1576 et 1620 (Pénitents rouges de la Sainte-Trinité et du Saint-Suaire). Chaque confrérie a une mission sociale (aide aux malades pour les blancs, aux mourants et mont-de-piété pour les noirs, aux orphelines pour les bleus, aux orphelins pour les rouges) qu'elle a parfois conservé, au moins pour les deux premières. Elles ont leur chapelle, souvent des chefs d'oeuvre artistiques, et leur tenue de couleur différente qui permet de les identifier. Aujourd'hui, outre leur mission, elles participent aux grandes fêtes religieuses de la ville de Nice. Quitter la chapelle. En sortant, prendre à gauche sous les portiques. |