APOLLINAIRE NICE - Formidable actualité de, et autour de,
Guillaume Apollinaire dont nous décrivions dans des articles précédents la jeunesse passée sur nos rivages entre
Monaco, à La Condamine, Cannes et Nice.
Une exposition,
« Apollinaire au Feu » le poète dans la Grande Guerre au
Château de Péronne; l’édition revue et augmentée de ses
« Lettres à Madeleine, Tendre comme le souvenir » chez Gallimard, de
Passion Apollinaire La poésie à perte de vue de
Laurence Campa et Michel Décaudin une biographie illustrée de 500 documents en bichromie et la découverte de trois extraits sonores de
Guillaume Apollinaire disant ses poèmes :
Le Voyageur, Le Pont Mirabeau et Marie.
HISTORIAL DE LA GRANDE GUERRE
Château de Péronne B.P.2006 380201 Péronne Cédex
« Apollinaire au Feu »
Le poète dans la Grande Guerre
Cette exposition totalement inédite, présentée du 25 février au 12 juin 2005 à Péronne, dans la Somme, est un très bel hommage aux dernières années de la vie de
Guillaume Apollinaire (1880-1918). Dans les salles au ciel étoilé, près de 140 documents, issus de collections publiques et privées, photographies et objets personnels du poète, manuscrits, lettres, livres, dessins, etc.. retracent la vie de l’auteur d’«
Alcools » et de «
Calligrammes », depuis sa mobilisation en 1914 jusqu’à sa mort en 1918. Il fut emporté deux jours avant l’Armistice, par la grippe espagnole.
En s'appuyant sur une scénographie créative, l'Historial de la Grande Guerre, insiste sur sa présence sur le front de Champagne entre avril 1915 et mars 1916. Elle met en relation la vie soldatesque et l'univers artistique du poète Apollinaire qui du front, dans la boue des tranchées, ne cessa jamais d’écrire, mêlant dans ses écrits, son quotidien guerrier et les élans de son cœur toujours amoureux.Les thèmes présents dans son oeuvre y sont abordés, les liens entre le front et l'arrière, l'amour, la guerre, la poésie, ainsi que le contexte artistique et littéraire de l'époque à travers les écrivains mobilisés
Cendrars, Cocteau, etc..
L’exposition est riche d’objets, d’ouvrages et d’images. Parmi les objets personnels, une bague gravée par Apollinaire pour son «
unique amour et sa grande folie », la cantine d’Apollinaire, le masque à gaz d’Apollinaire, le casque d’Apollinaire. Troué.
« Ah Dieu ! que la guerre est jolie »
Passion Apollinaire
La poésie à perte de vue
Laurence Campa, Michel DécaudinCet ouvrage est une reconstitution iconographique, une biographie du poète, accessible et remise à jour, illustrée de fac-similés de manuscrits ou de dessins jamais montrés et de documents inédits.
Au travers de ces 500 documents, se compose le portrait intime d'un inventeur de formes qui voulait être ici et ailleurs, tout le temps, et avec tous ; mais aussi le portrait d'une oeuvre à l'art cinétique sans égal. Considérant que la poésie n'a pas de frontières, qu'elle unit la vie, l'imagination et le langage, que les arts dialoguent et se mélangent, Apollinaire poète pluriel chante, exprime et invente
« la poésie à perte de vue ». Le poète nous conduit des lointaines Moluques aux quais de la Seine, de la côte méditerranéenne au front de Champagne, dans les vieux livres et la peinture moderne, dans le mystère des mots rares et la simplicité des images toutes neuves.
Laurence Campa et Michel Décaudin nous rappellent à la surprenante modernité de son oeuvre, issue d'un monde bouillonnant, effacé par l'hécatombe de la Grande Guerre.
Michel Décaudin (1919-2004), professeur émérite à la Sorbonne, spécialiste incontesté d'Apollinaire est notamment l'auteur d'une biographie du poète (Séguier-Vagabondages, 1986), d'un Apollinaire en somme (avec Jean Burgos et Claude Debon, Champion, 1998) et d'une étude sur Alcools (Gallimard, 2002), les quatre tomes de « La Pléiade », et la révélation des fameuses Lettres à Lou (Gallimard, 1969).
Laurence Campa, maître de conférences à l'Université de Paris XII-Val-de-Marne, est l'auteur de L'Esthétique d'Apollinaire (Sedes, 1996) ; Parnasse, Symbolisme, Esprit nouveau (Ellipses, 1997) ; Apollinaire critique littéraire (Champion, 2002), d'une édition critique des Poèmes à Lou (Gallimard, 2005) et d'une nouvelle édition de Tendre comme le souvenir (Gallimard, 2005). Elle est le commissaire de l'exposition « Apollinaire au feu », Historial de la Grande Guerre de Péronne (Somme, 2005).
Laurence Campa poursuit le travail initié par Michel Décaudin, disparu en mars 2004.
Passion Apollinaire Broché, couverture quadri grands rabats 192 pages, 285 x 250 mm500 documents en bichromie
Éditions Textuel
Prix : 49 euros
La voix d’Apollinaire
Le 24 décembre 1913, à 11 heures,
Ferdinand Brunot (et Madame), l’ingénieur délégué par
Pathé : Ravenet, les écrivains
Paul Fort, Guillaume Apollinaire, André Billy et
André Salmon se retrouvent aux Archives de la parole pour une séance d’enregistrement.
Guillaume Apollinaire dit et enregistre trois de ses poèmes :
Le Voyageur, Le Pont Mirabeau et enfin
Marie.
Puis, d’après
André Salmon qui relate la séance,
"il s’écoute, non sans stupeur. Ses amis le retrouvent, mais il ne se reconnaît pas ! Il est en effet des organes profonds de perception auditive dont nous ne jouissons que grâce au phonographe (...) lorsqu’il nous renvoie cette propre voix qui étouffe, quand nous parlons, les dites perceptions profondes, trop délicates ; les voix intérieures eût dit Hugo qui eût aimé l’invention du professeur Brunot. Ainsi à l’audition seconde nous entendons-nous, somme toute, pour la première fois, d’où une assez vive surprise. Après Guillaume Apollinaire, nous connûmes cette émotion, ce trouble, en entendant chanter notre double" ("Plus de livres… des disques !", in Gil Blas, 25 décembre 1913)
Le Pont Mirabeau
Enregistrement de 1913 du Pont Mirabeau par Guillaume Apollinaire(MP3, 361.9 ko)
Marie
Enregistrement de 1913 de Marie par Guillaume Apollinaire(MP3, 376.1 ko)
Le Voyageur
Enregistrement de 1913 du Voyageur par Guillaume Apollinaire(MP3, 943 ko)
Cet extrait est issu du site de
La revue des ressources sur lequel vous pourrez entendre la voix de
Guillaume Apollinaire disant ses poèmes et apprendre comment le phonogramme, grâce à Ferdinand Brunot, est devenu un outil de savoir et de connaissance au sein de l’Université.
Bibliothèque sonore >>>
Pour finir signalons, toujours à propos de l’édition revue et augmentée des
« Lettres à Madeleine, Tendre comme le souvenir » par
Laurence Campa (Gallimard), que dans
le Point de cette semaine
Jean-Paul Enthoven signe un excellent papier,
“Les amants de papier”, sur les incendies, les embrasements de coeur du poète à la tempe droite étoilée par un éclat d’obus.
Notons aussi que dans
Lutetia, le poignant nouveau roman de
Pierre Assouline, le narrateur se décrit en quelques vers d’Apollinaire
"Un jour, je m'attendais moi-même, pour que je sache enfin celui que je suis, et d'un lyrique pas s'avançaient ceux que j'aime, parmi lesquels je n'étais pas…".
Et n’oublions pas le livre d’
Alex Benvenuto, “
La Côte d’Azur d’Apollinaire”, qui vous convie à un voyage sur la Côte d’Azur de 1887 à 1914, vue avec les yeux du poète grâce à deux cent cinquante photos anciennes, originales et inédites d’un monde qui allait sombrer avec la guerre de 14.
Serre editeur >>>