Gare du Sud à Nice, retour sur histoire et rappel des faits.(Voir l'histoire de la gare ici)
Les études commencent en 1883, les travaux en 1890.
L'architecte Prosper Bobin, élève de Jacques Ignace Hittorff (qui a conçu la gare du Nord à Paris), réalise un bâtiment de 42,50m de large par 12,50m de profondeur, dont l'élément central ajouré par une baie semi-circulaire est encadré de deux ailes avec tourelles d'angles. Contrairement à Hittorff qui, à Paris, a seulement utilisé la pierre, Bobin alterne des briques rouges et jaunes, des chaînages de pierres et des motifs de céramique qui donnent à cette façade, rythmée par une colonnade, un effet polychrome très harmonieux. L'allure monumentale de la façade est encore rehaussée par un parvis surélevé par des escaliers. Alliant le sens de l'élégance à celui de l'économie, Prosper Bobin conçoit un ensemble néo-classique harmonieux, malgré ses imposantes dimensions, en réutilisant pour "marquise" un ancien pavillon métallique de la Russie et de l'Autriche-Hongrie à l'Exposition universelle de Nice au Piol de 1889.
La gare est ouverte au public le 7 juin 1892, les premiers trains quitteront Nice en direction de Grasse et de Puget-Théniers, puis en 1911 vers Annot, St André et Digne.
La Gare du Sud devient la porte d'entrée niçoise d'un vaste réseau de 350 km conduisant vers la Haute-Provence et le Dauphiné d'une part, le Haut-Var et le bassin de la Durance, elle se place au centre d'un réseau d'échanges complexes, par lequel le charbon du Pays de Galles, débarqué au port de Nice, est conduit en tramway puis en train jusqu'à la centrale thermique de Lingostière, croisant les moutons des Basses-Alpes, les carrelages de Salernes, le bois de la Tinée, le lait de la Vésubie et les blettes de la plaine du Var qui arrivent sur le marché niçois.
Après la dernière guerre, pendant les années desquelles la ligne du Sud a joué un rôle primordial pour le ravitaillement de la ville, malheureusement ces trafics disparaissent l'un après l'autre à cause du développement du tout routier.
Grâce à l'appui de toute une population et fort de nouveaux atouts, le tourisme et la desserte de la banlieue niçoise, le Chemin de fer de Provence réussit cependant à survivre et à entrer malgré tout dans le XXIème siècle, alors que le départ des trains est déporté dans un nouveau terminus sans âme, la gare du Sud est abandonnée et désertée un triste soir de décembre 1991.En 2001 après de nombreuses interventions des défenseurs du patrimoine niçois, Catherine Tasca, ministre socialiste de la Culture, décide de prendre une mesure conservatoire pour la sauvegarde du bâtiment.
L'année suivante, Jean-Jacques Aillagon, tout en entérinant ce classement, signe avec la ville une convention qui autorise le démontage-remontage de la façade. 2004, le conseil municipal vote en faveur du déplacement de 400 mètres de la façade de la gare désaffectée. Le 1er juillet, la ville, réunie en conseil municipal extraordinaire lance un appel d'offres pour son démontage (1,7 million d'euros HT). L'architecte Pierre Louis Falocci présente son projet de réaménagement du quartier Libération-Malausséna, " un véritable projet urbain à dix ans qui va redynamiser et embellir toute cette partie de Nice et pour lequel rien ne justifie de conserver la façade de la Gare du Sud, comme un décor de Cinecitta. "
La gauche, le FN, certains élus UMP s'y opposent et multiplient les critiques, tout comme les Niçois très largement acquis au maintien de ce témoignage de l'architecture ferroviaire du XIXe siècle.
Et enfin, après s'être rendu sur le site le 25 juin dernier, à l'issue d'une étude attentive des dossiers, Renaud Donnedieu de Vabres refuse le plan de démolition-démontage du « bâtiment des voyageurs » ainsi que celui de la halle métallique, protégeant autrefois les voies.
Donnedieu de Vabres estime que malgré un état de vétusté dû à un manque d'entretien, l'édifice protégé conserve une qualité monumentale et urbaine indéniable et qu'il doit être préservé sur son site d'implantation actuel.
Il propose au maire de Nice de constituer un groupe de travail chargé d'imaginer des solutions conciliant, impératifs d'aménagement urbains, création architecturale et conservation du patrimoine, et par ailleurs de subventionner au taux maximum de 40% les travaux de restauration de la gare.
La gare est sauvée.
Beaucoup plus que par le passé, la population niçoise se sent concernée par la conservation de son patrimoine.
Le souci légitime de protection qui nous anime est celui de préserver notre mémoire, notre histoire, nos racines, et souvent notre fierté. Pour autant nous attachons de l'importance et ne sommes évidemment pas hostiles à la construction d'édifices nouveaux. C'est la synthèse délicate de ces deux impératifs, conservation d'une partie du patrimoine et modernisation, que nous devons absolument nous attacher à réussir.NiceRendezVous