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NICE HISTOIRE PATRIMOINE (Nice Rendez-Vous) — Initialement situé sur la pente de la colline du château (au sommet de la rue actuelle du Malonat ?), le Palais communal doit quitter cet emplacement lors du « déperchement » de la cité niçoise, provoqué par l'extension des fortifications. Il est alors rebâti entre 1574 et 1580 à la place Saint-François, principal espace du vieux Nice.
C'est alors un bâtiment simple, d'aspect massif, dépourvu d'ornementation extérieure.
Il va être embelli au XVIIe siècle d'un portail monumental - plan de l'architecte Tessinois très apprécié à Gênes Marc-Antoine Grigho, sculpture des frères Mulciano - et d'un décor où prédominent des figures grotesques.
À partir de 1758, Gio-Pietro baron de Tavigliano baroquise la façade : pilastres d'ordre colossal unifiant les étages, balustrade sommitale avec couronnement ouvrant l'édifice sur une perspective céleste. Par contre, les plafonds peints de l'intérieur datent du second Empire
  • Dans ce palais siègent le « Grand Conseil », corps souverain de la ville comprenant après 1734, 8 consuls, 20 conseillers, 13 autres officiers communaux et le « petit Conseil » ou colloque dont les 13 membres doivent traiter les affaires urgentes
  • La nouvelle municipalité, créée après l'arrivée des Français révolutionnaires, n'utilise la maison commune que de manière épisodique, siégeant davantage dans l'ex-palais Héraud. En 1814, avec la Restauration sarde, le « Grand Conseil » réapparaît et s'y installe de nouveau. C'est là qu'il prononcera le vœu de 1832
  • Mais les locaux sont devenus trop étroits. Aussi, François Malaussena, le maire de Nice redevenue française, fait transférer le corps municipal sur le site de l'ancien hôpital Saint-Roch où se trouve la mairie contemporaine (1866-1868)
  • L'ancien palais communal devient en 1893 la Bourse du Travail de Nice, peu après que le militant anarcho-syndicaliste Fernand Pelloutier ait fédéré à Saint-Etienne 14 Bourses du Travail, le 7 février 1892. À Nice, la démarche entreprise par les chambres syndicales en faveur d'une telle création a rencontré l'approbation du maire conservateur et catholique Alziary de Malausséna, désireux d'améliorer le sort des ouvriers, « classe si intéressante » (elle avait voté pour lui en 1888, contre Borriglione). L'inauguration se fait dans une atmosphère paternaliste, le 18 juin 1893, au son de la Marseillaise, avec apéritif d'honneur.
  • D'abord bureau de placement, la Bourse du Travail devient peu à peu lieu de réunion et de propagande. À partir de 1896, elle tend à devenir, lors des conflits sociaux, le quartier général des ouvriers grévistes ; la place Saint-François fait figure de « place de Grève niçoise ». Cette agitation naissante inquiète les autorités. Le 4 mai 1902, le maire Honoré Sauvan fait fermer les locaux. Une partie des syndicats émigre alors rue Emmanuel-Philibert, fondant une Bourse « indépendante ». À la suite d'une grève particulièrement dure en septembre-octobre 1903, cette éphémère Bourse du Travail est assiégée et évacuée par les forces de l'ordre. Dans les années suivantes, les locaux de la place Saint-François semblent trouver un certain calme. Les syndicalistes niçois, à l'exception de l'élément italien, s'abstiennent de prendre des positions politiques, et la Bourse du Travail quitte la CGT en 1908 (la Fédération CGT de Nice avait été créée en 1903).
  • Au lendemain de la Grande Guerre, la Bourse du Travail de Nice est le théâtre des affrontements opposant syndicalistes révolutionnaires (futurs « unitaires ») favorables à la révolution bochevique, et réformistes tenants de la ligne de Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT (futurs « confédérés »). En conclusion provisoire de cette rivalité, c'est un communiste, Louis Casteu, membre de la CGTU, qui s'empare en mars 1925 du secrétariat général de la Bourse ; en 1928, le cheminot Jules Defaut, militant unitaire qui n'adhérera au PC qu'en 1931, lui succède. Mais le déclin des syndicats unitaires, et la remontée des confédérés rendent inéluctable en 1933, après diverses manœuvres de retardement de la CGTU, la reconquête de la place Saint-François par les « réformistes » (élection de Paul Marion, un musicien CGT)
  • Avec le Front populaire et la réunification de la CGT en 1936, la domination communiste reprend, mais au lendemain du pacte germano-soviétique, les communistes sont chassés de la Bourse du Travail par les ex-confédérés qui tiennent leur revanche. Fermé au début de la « drôle de guerre », l'immeuble de la place Saint-François rouvre ses portes en décembre 1939, pour être, après la défaite de 1940, occupé par des organisations professionnelles vichystes.
  • Ces dernières sont expulsées le 28 août 1944 par les représentants de la CGT clandestine, qui établit le bureau provisoire de l'Union départementale CGT, où domine l'élément communiste. Désormais, la Bourse du Travail de Nice est, définitivement, la chasse gardée de la CGT. Le 9 décembre 1947, au moment des grandes grèves du début de la IVe République, une foule de 20 000 grévistes se rassemble place Saint-François pour y écouter Andrieu, secrétaire général de l'Union départementale CGT.
  • Au lendemain des élections municipales de 1995, la mairie annonça son intention de procéder à une rénovation de l'ancien palais communal, partie intégrante du patrimoine niçois et d’y installer un musée des traditions niçoises ; son projet se heurta à la méfiance de la CGT, gardienne, elle des traditions du syndicalisme local. Pierre Otto-Bruc, secrétaire général de l’UD CGT des Alpes-Maritimes, et Maurice Lamoot, secrétaire confédéral, affirmèrent qu’il était inacceptable de priver les travailleurs d’une bourse, véritable service public, pour défendre l’emploi, le pouvoir d’achat et la protection sociale.
Actuellement ce bâtiment, exemple rare d’architecture baroque civile, témoin essentiel de l’identité Niçoise, est dans un état déplorable.

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