Une sympathique manifestation en présence de l’artiste Shangying Liu s’est déroulée à le Fondation Maeght pour présenter l’oeuvre « Desert Poplars and the Sand N°106 » que ce dernier a offert à la Fondation Maeght.
Je vis une beauté infiniment vivante
Le ciel était bleu et immobile. Aucune verdure en vue. Désert, le roi fier, déployait magnifiquement son territoire au vent qui hurlait. Mais certaines formes de la vie, ainsi que des traces de l’histoire humaine, réussissaient à se frayer un chemin dans ce désert sauvage. Des forces mystérieuses étaient présentes, qui apporteraient des éléments imprévisibles à ma peinture, tout en me transportant vers le passé.
Je tournai mon regard en bas : Des gardiens fantômes me regardaient en silence dans le désert. Ils avaient le tronc puissant, leur peau était dure. Ces peupliers pétrifiés perpétuaient d’une autre façon leur vie mythique. Les coléoptères se promenaient autour, ignorant l'étendue infinie du désert. Mais les corbeaux avaient une vision complète. Les grains de sable tourbillonnaient à ras de terre et caressaient chaque détail de ce monde.
Arrivé en haut d'une dune qui dominait le désert, je ne vis qu’une immense ocre dorée, piquée d’un diamant étincelant : Ce fut ma toile. Elle allait bientôt perdre sa délicatesse, car mon dialogue avec la nature allait commencer. Le vent souleva les sables, qui en un clin d'oeil occupèrent toute la toile. La violence s’imposa, ne laissant aucune place à mon contrôle, puisque la nature impérieuse était au commandement. Je n'avais pas d'autre choix que de travailler avec les grains de sable qui devaient se mélanger avec les pigments et se superposer en plusieurs couches sur la toile. Celle-ci, à la force du vent sableux, devint trop faible pour supporter quoi que ce soit et se lâcha.
Les arbres morts, ainsi que les sables portés par le vent, étaient le carcan qui me sépara de la réalité invisible. La seule clé que j'avais, c'était la peinture, même si je doutais qu'elle puisse m'aider. Dans ce territoire, il était clair que la peinture ne pouvait plus reproduire le monde visible, car la magie du temps changeait tout sans cesse. Lorsque la nouvelle vie se cachait derrière le masque de la mort, la réalité de l’Être serait-elle accessible à un moment donné ? Ou serait-ellei nsaisissable à perpétuité ? Comme un fou infatigable, je me plongeai dans la recherche, mais mes efforts furent inutiles.
Dans le soleil couchant, des chameaux apparurent. Je mis mon pinceau à côté, et on se regarda dans les yeux. Un lien inexplicable s’établit entre nous dans cette rencontre imprévue. Les ruines de la cité ancienne de deux mille ans étaient flamboyantes au crépuscule, et allaient s’éteindre dans la nuit. Le vent s’arrêta. Le désert se taisait peu à peu. Sous un ciel étoilé, le monde fut enveloppé d’ombre. Incapable de distinguer les étoiles des sables, je vis une beauté infiniment vivante.
Liu Shangying
Septembre 2017
1. video from Art China, an influential art magazine & website in China. It has made an English version of TV report on Mr. LIU's exhibiton.
http://mp42.china.com.cn/video_tide/video/2017/11/9/20171191510212348224_342.mp4?from=groupmessage&isappinstalled=0
2. English report from CAFA official website (Central Academy of Fine Arts, the best art university in China. Mr. LIU is the deputy professor and deputy dean of oil painting dept. in CAFA)
Olivier Kaeppelin et l'artiste Shangying Liu à la Fondation Maeght.
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