« Je le tiens d’une source très sure », me confiait récemment une source qui ne l’était pas: « le couple Sarkozy bat de l’aile! ». Quelques jours auparavant une personne assurait tenir d’une source de très haut niveau qu’elle ne pouvait révéler que deux élus des Alpes-Maritimes filaient le parfait amour! Ce qui était faux.
Les rumeurs sont apparues dès le XVIIe siècle: les graphomanes distribuaient sous le manteau des ragots contre le cardinal Mazarin. Ces écrits « mazarinades », ont été remplacés sur l’Internet par un tourbillon de rumeurs. La plus récente porte sur une prétendue crise dans le couple Sarkozy.

Point de départ: dans la nuit du 8 au 9 mars dernier un internaute publie un post sur le site du "JDD" reprenant la rumeur qui court depuis plusieurs mois sur le web. Le lendemain, la direction du journal, découvrant la bévue, fait retirer ce texte. Seulement la presse étrangère a déjà repris "l’information", Nicolas et Carla Sarkozy font aussitôt connaître leur indignation aux responsables du "JDD" et du groupe Lagardère (qui contrôle le titre). Olivier Jay, le directeur de la rédaction du "JDD", envoie une lettre d’excuse au président de la République. Le directeur du site internet reconnaît que le blog a été posté depuis son domicile… par un membre de son équipe. Ce collaborateur, non journaliste, avait pour mission de "faire du buzz": en clair, d’attirer les internautes avec des infos à sensation.

Après s’être dénoncés, les deux salariés démissionnent. L’Elysée ne désarme pas, toujours certain d’avoir été victime d’un complot. " Nous voulons aller jusqu’au bout pour que cela ne se reproduise plus jamais, explique à Rue 89 Pierre Charon, conseiller de Nicolas Sarkozy. Comme on dit, la peur doit changer de camp."

Les conseillers de Nicolas Sarkozy ont cherché une voie juridique pour déclencher une enquête. Le 25 mars, Me Christophe Bigot, l’avocat d’Hachette Filipacchi Associés la société qui édite le site web du JDD, a déposé une plainte contre X pour "introduction frauduleuse de données dans un système informatique". Ces rumeurs correspondent-elles à un complot contre le chef de l’Etat ?

Une chose est sûre: Nicolas Sarkozy, en médiatisant avec force sa vie privée, endosse les habits de « l’arroseur arrosé ». En voulant, au début de son mandat, imiter les stars il subit le sort réservé à ces stars.

La contre-offensive de l’Elysée a fait des victimes : celles ou ceux  « soupçonnés » d’avoir propagé des informations sur le couple présidentiel. Et la première visée est Rachida Dati ! L’ex garde des Sceaux a fermement démenti.

Il convient de souligner la relative prudence de la presse papier française qui, dans un premier temps, n’a pas repris les rumeurs sur le couple Sarkozy. Faut-il s’en réjouir?
Philippe Cuénod, correspondant à Paris de la Tribune de Genève, estime que lorsqu’une rumeur s’installe de façon massive dans l’espace Internet, elle devient non pas un fait mais une matière communicante à traiter :

« Aux médias traditionnels d’accomplir cette besogne plutôt que de se murer dans un silence qui peut être perçu comme complice des «puissants. Aux médias traditionnels de rappeler qu’elle n’est autre chose qu’une rumeur ».
Un autre choix s’offre à la presse écrite : rester à l’écart des rumeurs propagées sur le net. Et respecter la vie privée conformément à une certaine éthique et déontologie. Des concepts qui restent à redéfinir sur la Toile.