Nice-RendezVous continue sa chronique de l'
Annexion du
Comté de Nice en 1860. Les mois de mars et d'avril constituent le paroxysme d'un processus initié depuis plus de dix ans par la bourgeoisie d'affaires niçoise, envisagé par les gouvernements français et sarde dès 1858 et entré dans une phase active après les batailles de
Magenta et de
Solferino en 1859.
Certes, comme nous l'a expliqué
Alex Benvenuto dans la
précédente chronique, la population du
Comté de Nice est, dans sa grande majorité, favorable au changement de souveraineté, par dépit envers un roi qui donne l'impression de les avoir abandonnés et aussi pour des motifs purement économiques.
Mais une petite minorité s'y oppose, rangée derrière le quotidien légaliste
Il Nizzardo.
Garibaldi, éloigné de
Nice depuis de trop nombreuses années, occupé par la libération de Rome puis de la Lombardie et surtout tenu à l'écart des tractations franco-sardes, considère comme une évidence le maintien de
Nice dans le giron des
Savoie. Et ce n'est qu'à partir de février 1860 qu'il prend conscience que quelque chose est en train de se jouer, que sa chère cité natale va être cédée à l'un des hommes qu'il exècre le plus :
Napoléon III. Mais il est désormais trop tard, beaucoup trop tard, pour inverser un processus devenu irréversible. Au lendemain du
traité du 24 mars 1860, il se présente malgré tout aux élections législatives qui ont lieu à
Nice également puisque le comté fait toujours partie, officiellement, du royaume de Sardaigne. Et il est élu avec, comme seul programme, son hostilité à l'annexion... Pendant quelques jours, il entreprend comme un baroud d'honneur tant au parlement qu'auprès des élites gouvernementales. En vain. Il le sait et proclame haut et fort qu'il va tout faire pour empêcher la tenue du plébiscite prévu les 15 et 16 avril, conformément au "droit à la rebellion" octroyé aux Niçois lors de la dédition de 1388. Il part pour
Nice le 12 avril mais, changeant d'avis, se retrouve à ...
Gênes le 14, pour y accepter la citoyenneté d'honneur de Chiavari et de San Remo. A-t-il compris que la partie était perdue ? A-t-il enfin accepté l'idée que ses concitoyens, pourtant admiratifs de son action en faveur de la liberté des peuples, ne le soutiendraient pas cette fois-ci ? A-t-il, comme le prétendent ses détracteurs, été plus sensible aux honneurs ? A-t-il été convaincu par ses amis que le vent de révolte qui soufflait du côté de Palerme avait plus de force que la brise niçoise ? Toujours est-il qu'il ne viendra pas à
Nice et consacrera les jours qui suivront à préparer
l'expédition des Mille qui s'embarquent de Quarto à destination de la Sicile le 5 mai.