Trois ans après son lancement, l’heure de vérité va sonner pour l’opération d’aménagement de la plaine du Var à l'entrée ouest de
Nice, une OIN opération d'intérêt national baptisée par
Estroisi, Eco-Vallée.
Projection sur l’avenir par son nouveau président.
Christian Tordo me reçoit dans son bureau de TIF à Villeneuve-Loubet. Avec lui, ce n’est pas seulement l’adjoint au maire de Nice qui a été nommé à la présidence de l’Etablissement public de la plaine du Var, en remplacement du maire de Saint-Laurent touché par la limite d’âge : c’est aussi un chef d’entreprise, ce qui est peut-être plus important aux yeux de pas mal d’observateurs qui se posent des questions sur Eco-Vallée, son concept, son contenu économique, ses relations avec Sophia…
«Depuis le début de l’opération, une concertation permanente est entretenue entre la direction générale et les communes, ainsi qu’avec les établissements publics (communauté urbaine, Conseil régional) et Etat. A l’intention des habitants qui doivent s’approprier ce projet, une étude sous l’égide du CNRS avec l’université de Berkeley est en cours, pour définir un cadre de concertation et d’implication. Enfin Christian Estrosi, qui reste le père de l’Eco-Vallée, souhaite une communication élargie à bref délai au grand public de notre département, afin que chacun sache de quoi il retourne avant que nous n’entrions dans le vif du sujet.»
Trois ans seulement après la demande d’opération d’intérêt national... «Un record de vitesse» que le directeur général de Texas Instruments impute à l’activisme de Christian Estrosi. «A Marseille, Euro-Méditerranée a demandé près de 10 ans.» Jean-Claude Gaudin n’est pourtant pas un inconnu.
2010, une année charnière, et pas seulement pour Christian Tordo qui avait présidé son premier conseil d’administration opérationnel quelques jours avant notre rencontre. A la fin de ce trimestre sera présentée la première des trois études fondatrices, «la plus importante parce qu’elle doit établir le positionnement international d’Eco-vallée, c'est-à-dire déterminer les éléments de différenciation qui pourront assurer en quelque sorte la viabilité à long terme du contenu économique». C’est que le développement durable ne nous a pas attendu pour prendre ses marques un peu partout dans le monde. «A la fin du troisième trimestre viendra la traduction territoriale induite par le choix précédent : ce qu’on veut faire, où et comment. En fin d’année, le cadre de référence environnemental de l’ensemble sera fixé».
A la mi 2009, les collectivités concernées et l’Etat avaient adopté le protocole qui scelle leur engagement. Quelque temps plus tard, le Préfet prenait un arrêté de création d’une pré-ZAD afin d’avoir la maîtrise du foncier concerné et, si nécessaire, de procéder aux préemptions par l’Etablissement public foncier régional.
Christian Tordo ne se cache pas deux chausses trappes : d’une part, une insuffisante coordination des équipes éparpillées entre différentes instances, écueil qu’il compte éviter en suscitant «une dynamique à même de tirer le maximum de tous». D’autre part, la difficulté à concilier le court avec le long terme : «les études vont donner une vision stratégique, avec une projection à 20 ans dans laquelle devront s’intégrer des exigences quasi-immédiates que sont la construction du grand stade, de la gare multi-modale et le transfert du MIN. Comme il ne s’agit pas de les retarder, il faudra les intégrer dans la vision d’ensemble en procédant aux ajustements permanents, ce qui suppose de tous (urbanistes, fonctionnaires, aménageurs…) un travail en réseau».
Propos recueillis par Jacques Bruyas
Entreprises : déjà des candidats ?
Questionné sur la nature et les noms d’ « entreprises d’importance mondiale » que Christian Estrosi prétend avoir en poche, alors que pour le moment nous n’en sommes qu’à un commercialisateur d’installations photovoltaïques, Christian Tordo explique ces déclarations « par des informations et des contacts de haut niveau que le Ministre de l’Industrie peut avoir en tant que tel. Et si des négociations sont en cours, comprenez que cela appelle une certaine discrétion.» Restons-en là pour l’instant. Et passons à Schneider Automation, présentée comme une autre prise et qui semble en réalité profiter de l’effet d’aubaine en quittant Sophia pour s’installer à Carros. « Je suis bien placé pour savoir que la rationalisation entre deux sites aboutit à une simplification ; mais ce choix ne doit pas se prêter à la moindre ambiguïté. L’affaire Schneider, de mon point de vue, est totalement déconnectée de l’Eco-Vallée. Son développement ne pourra se faire qu’en résonance avec Sophia-Antipolis. D’abord parce que l’effet de taille et d’acquis est incomparable, ensuite parce que, après avoir été suffisamment avocat d’une approche territoriale intégrée face à des concurrents qui ne sont ni à l’Est ni à l’Ouest du département, mais se nomment Cambridge, Munich ou Barcelone, je peux difficilement faire l’inverse à mon nouveau poste. Il faut additionner nos compétences pour offrir un territoire aussi compétitif que possible. » Un sentiment partagé selon lui par tous les décideurs, voire même certains élus de part et d’autre du Var que l’on aurait tendance à voir désaccordés.
Jacques Bruyas
LA TRIBUNE