Alors que sur la Riviera Côte d’Azur le Carnaval de Nice se profile, en Belgique, à Namur exactement, va s’ouvrir une exposition hommage à Gustav-Adolf Mossa bien connu des Niçois pour ses truculentes aquarelles de projets de maquettes pour chars, mais beaucoup moins reconnu comme le dernier peintre symboliste français dans la lignée d’un Gustave Moreau.
C’est cette facette secrète de l’artiste, né et mort à Nice (1883-1971) où il vécut sans interruption occupant le poste de conservateur du Musée des Beaux-Arts de la ville, que le Musée provincial Félicien Rops propose à ses visiteurs du 30 janvier au 30 mai 2010, dans cet ancien hôtel de maître, situé au cœur du vieux Namur, proche de la maison natale de Rops (1833-1898).
L’oeuvre symboliste de G-A MOSSA , déjà reconnue avant la Première Guerre mondiale, a été ensuite volontairement occultée par l’artiste lui-même, puis redécouverte dans les réserves après sa mort en 1971. Son travail est hanté de références à la littérature : il revisite les textes fondateurs de la culture occidentale et apprécie certaines figures évoquant la décadence telles que Judith, Dalila, Salomé, Sapho...
Mais à la différence de ses contemporains, Mossa innove en inscrivant ces figures dans son siècle, la Belle Époque. Dans les détails minutieux de ses oeuvres, il développe une riche iconographie de l’Art nouveau : mobilier, costumes, bijoux. Il puise également son inspiration chez les écrivains de son temps (Baudelaire, Barbey d’Aurevilly, Gautier) et écrit lui-même des poèmes et pièces de théâtre.
La femme est omniprésente dans son oeuvre, sous l’apparence de la femme fatale, voire phallique et castratrice ; elle est ange et démon à la fois. Par son travail, Mossa explore son propre inconscient et met en scène le conflit perpétuel des pulsions de vie et de mort : Eros et Thanatos. À l’instar de Félicien Rops, de nombreuses oeuvres de Mossa apparaissent encore provocantes de nos jours.
Mais le traumatisme de la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle il sera blessé près d’Ypres, introduisit une cassure dans son travail qui sera ensuite plus sombre, plus désespéré. Après 1918, il y mettra lui-même un terme et occultera sa carrière artistique.
Rien de tout cela ne transparait dans ses maquettes de chars qui sont un véritable feu d’artifice de couleurs, d’ombre et de lumière, où l’imagination alliée au souci des détails fait penser aux enluminures des fabliaux du Moyen Âge. Se faisant Gustav-Adolf Mossa a véritablement donné un ton artistique à la manifestation populaire du Carnaval de Nice.
Niçois, il l’était jusque dans ses flbres profondes car il fut aussi poète et auteur dramatique dialectal.
On lui doit : « Lou nouvé o sia lou pantai de Barb’Anto », « La Nemaida » d’après Rancher, « L’Anticari », « La Tina », et de nombreux articles et études. Mais, pour flnir, il eut encore le mérite de créer dans les années trente le théâtre de « Barba-Martin », en souvenir d’Eugène Emanuel, pour prouver la présence de la scène niçoise. Son continuateur sera Francis Gag auquel s’adjoignirent Louis Genari et La villa Arson.
L’exposition du Musée provincial Félicien Rops dont la commissaire est Yolita René, présente une soixantaine d’oeuvres provenant d’institutions publiques et de collections privées, tant belges qu’étrangères. Ainsi, trois oeuvres sont issues de la prestigieuse collection d’Anne-Marie Gillion-Crowet, grande collectionneuse d’Art Nouveau et inspiratrice de René Magritte.
L’exposition démarre une année 2010 riche en événements liés à Gustav-Adolf Mossa : une exposition au Musée des Beaux-Arts de Nice et la sortie du catalogue raisonné de son œuvre aux éditions Somogy, le tout dans le cadre du 150ème anniversaire de l'annexion de Nice par la France.
MUSÉE PROVINCIAL FÉLICIEN ROPS
Rue Fumal 12
5000 NAMUR
Ouvert de 10 heures à 18 heures, du mardi au dimanche.
Tél. : +32 (0) 81 77 67 55
Fax : +32 (0) 81 77 69 25
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