DIEUDONNÉ NICE - Je suis allé ce soir au «spectacle» de Dieudonné à Nice.
Lorsque j'arrive, le rédacteur du journal local Nice Matin entre dans un 4x4 GMC noir aux vitres fumées pour une interview avec Dieudonné qui est assis à l'arrière. Quelques mètres plus loin le bus noir et rouge où doit avoir lieu le spectacle est garé avenue Lyautey (Louis Hubert Gonzalve, maréchal de France), derrière le Novotel.
Ambiance sombre, presque glauque.
Renseignements pris auprès de l'entourage de l'artiste, il sera possible de faire une photo de « l'humoriste » lorsqu’il entrera en « scène » c'est à dire dans le bus.
À la fin de l'interview, Me John Bastardi-Daumont, l'avocat niçois qui assistait à l'entretien sort du 4x4. Nouvelle demande de photo pour une image de Dieudonné dans sa voiture. « D'accord, il se change (dans la voiture) et vous pourrez faire la photo ». Quelques instants se passent, le véhicule démarre et va s’immobiliser deux mètres devant le bus. Pendant ce temps les derniers spectateurs, tels les membres d’une secte venus assister secrètement à une grand messe, montent dans l'autobus, volontairement plongé dans le noir. Soudain deux ou trois gros bras s'agitent et lachent un impératif « laissez passer! », Dieudo s'éjecte du 4x4, tête baissée et, à toute vitesse, s'engouffre dans le bus pour le début de son show.
Face à mon étonnement, et à celui de mon confrère photographe de Nice Matin, par rapport à ce qui était « entendu », le très jeune avocat fraîchement sorti de la fac est hilare: « Il est allé dans le bus, vous n'avez pas eu le temps de le prendre en photo ?» puis ajoute faussement surpris par mon dépit, « Est-ce que vous êtes "vraiment" photographe ?». Autour, les personnes de l'entourage rigolent de ce « bon tour ».
Pendant ce temps Dieudonné le clandestin fait salle comble pour chacune de ses 3 représentations, soit 210 personnes.
Ambiance pour le moins étrange, surréaliste, où l'on aurait presque pu penser rencontrer un groupe clandestin du FLCN, et, en tout cas, comportement inadmissible de cet avocat que Dieudo a rencontré lors du procès de Robert Faurisson le négationniste.
En partant j’ai exprimé à Me John Bastardi-Daumont, qui avait expressément demandé au rédacteur de Nice Matin de citer son nom dans l’article, tout le bien que je pensais de sa façon de se comporter avec la presse.
Photos et article du reporter photographe de presse Jean-Pierre Amet (©jp Amet/Fedephoto)