DÉCHARGE LA ROQUE - Au grand dam des habitants de Villeneuve-Loubet et de Roquefort les pins, l’entreprise Spada est officiellement autorisée par le préfet Francis Lamy à exploiter une décharge dans la carrière de la Roque.
Par l’arrêté signé le 28 octobre 2008 le préfet des Alpes maritimes en spécifie les limites et contraintes, la nature des matériaux autorisés (déchets inertes), leur provenance (venant du seul département), la quantité, 500 000 tonnes par an pendant douze ans avec une limite ultime de 3 000 000 de m3. Le site devra être nettoyé avant d’être ouvert et surveillé.
Pour les habitants de Villeneuve-Loubet, rien de changé, ils continueront pendant des années à vivre dans la puanteur de La Glacière, fermée en juillet mais qui reste nauséabonde, et la circulation de centaines de camions perdurera douze années de plus dans la traversée de leur territoire, sans aucun bénéfice pour leur commune. Jolis résultats pour des « égoïstes » comme les a gentiment appelés le président du conseil général Éric Ciotti.
Voici le discours du 26 octobre du Préfet Lamy dans lequel il explicitait son point de vue.
Il s’agit, dans une carrière qui est arrivée au terme de son exploitation, de stocker des déchets du bâtiment qui sont des déchets inertes, propres (terre, gravats, briques…) c’est à dire non fermentiscibles (non odorants) et non toxiques, non dangereux et non polluants. C’est d’ailleurs pour cette raison que ce dossier n’est pas un dossier relevant du droit des installations classées, législation qui règlemente les activités dangereuses ou polluantes. Cela n’a rien à voir avec la Glacière et il n’y aura jamais de « Glacière bis » à la Roque. Ce n’est d’ailleurs plus possible après le « Grenelle de l’Environnement » et si l’Etat a fermé la Glacière c’est justement parce que c’était tout le contraire du « Grenelle de l’Environnement ». La demande dont l’Etat est saisi ne saurait en aucun cas, que ce soit à court, moyen ou long terme aboutir à une autre Glacière ou à quelque chose qui y ressemble, même de loin.
L’arrivée de ces matériaux du bâtiment contribuera à mieux combler une carrière aujourd’hui désaffectée (une « dent creuse » dans le paysage), ce qui est à l’évidence opportun, et d’y accueillir par étapes une zone d’activité. C’est du recyclage des matériaux du bâtiment et une requalification du site.
Cette activité sera soumise à des contrôles étroits et la transparence sera garantie.
Une nécessité écologique et économique:
Les déchets inertes du bâtiment produits dans le département des Alpes-Maritimes s’élèvent à 1,3 million de tonnes, sachant qu’une partie de ces déchets a été dirigée vers la Glacière ces dernières années, que de nombreux chantiers sont en cours, auxquels se sont ajoutés ceux du plan de relance, sachant que ce département de plus d’un million d’habitants a une grosse activité de BTP et des besoins importants, notamment dans le domaine du logement.
Quant à la capacité de stockage des déchets inertes du bâtiment dans le département elle n’ est actuellement que de 720 000t/an, alors que la carrière du Bec de l’Estéron (300 000 tonnes/an) va prochainement arriver à saturation.
Ce déficit a des conséquences importantes : coût pour les entreprises, la construction, les équipements publics, coût pour l ‘environnement (transports, CO2, risque de décharges sauvages). La situation ne peut pas durer. Nous avons beaucoup travaillé ces derniers mois avec les collectivités locales pour, après avoir fermé la Glacière, mettre en place des solutions pérennes, c’est à dire des solutions autres que l’exportation chez nos voisins.
Une mise en œuvre exemplaire du Grenelle de l’environnement :
- Les déchets admis seront des déchets non dangereux et non polluants, plus précisément des déchets inertes du bâtiment, déchets propres et non odorants, qui ne se décomposent pas, ne brûlent pas et ne produisent aucune réaction chimique, physique, ou biologique pendant leur stockage : pierres, gravats, bois , déchets bitumeux préalablement traités pour en extraire le goudron, céramiques, tuiles…ce ne sont pas des détritus et il n’y en aura pas.
- La carrière n’est évidemment ni dans une ZNIEFF ni dans une zone natura 2000, ni à proximité immédiate d’une telle zone ni d’une zone protégée à un autre titre, à la différence de la Glacière (espace naturel sensible).
- L’insuffisance de lieux de stockage pour les déchets de cette nature est source de coûts et de nuisances : transports vers des sites éloignés, hors du département, stockages sauvages, rejets dans le milieu naturel, absence de valorisation…
- Les carrières une fois exploitées, il est opportun de limiter les modifications apportées au paysage en les comblant et cela est vrai aussi si l’on souhaite y implanter une zone d’activités. Pour ce faire il faut donc avoir des matériaux et l’usage des déchets inertes du bâtiment convient parfaitement. Le stockage de déchets du bâtiment dans la carrière consiste donc à valoriser des déchets, c’est à dire à leur trouver la meilleure destination possible d’un point de vue écologique et économique, et à permettre de « cicatriser » le paysage affecté par l’exploitation d’une carrière. C’est une opération de requalification du paysage.
L’Etat a pris le temps qu’il fallait et a agi sans précipitation :
L’Etat avait été saisi d’une demande de stockage de déchets bâtiments par l’entreprise SPADA en août 2008 pour 6 Mm3, 25 ans, incompatible avec le projet de création d’une zone d’activité. Cette demande l’Etat l’avait rejetée. Cela a permis de revoir le projet à la baisse et d’intégrer le projet de zone d’activité.
La décision d’autorisation tiendra compte des préoccupations qui se sont exprimées :