PRESSE POLITIQUE - La période est difficile, le pays souffre, la presse tous médias confondus doit faire face aux mécontentements divers et aux appels de détresse qui s'expriment par exemple dans les commentaires et courriers ou directement sur le terrain lorsque les journalistes font leur métier. À Nice, sur la Riviera Côte d'Azur, comme ailleurs en France, les relations se tendent avec le personnel politique qui a tort ou à raison se juge mal compris et quelques fois trahi.
L'UMP attaque les médias et Nicolas Sarkozy s'en prend aux «commentateurs» amateurs de «mauvaises nouvelles» qui selon lui sous-estiment la difficulté de l'action.
En Sarkozie, si les trains n'arrivent pas à l'heure c'est la faute à ceux qui le révèlent, qui le divulguent, qui le signalent, qui l'annoncent, qui le rapportent, qui le relatent et surtout qui le publient. Une dérive inquiétante.
La faute aux médias…
«Vous dites n’importe quoi ! ». Jean-Michel Apathie, lundi matin sur RTL, a vivement répliqué à Frédéric Lefebvre. Le porte-parole de l’UMP s'est livré à une attaque en règle contre les médias, estimant que la victoire de David Douillet dans les Yvelines était "la meilleure réponse" au "monde politico-médiatique qui cherche par tous moyens à détruire le président de la République", a-t-il dénoncé.
L'affaire Frédéric Mitterrand "a commencé avec des journalistes qui ont essayé de faire croire, en prenant la roue de Marine Le Pen, que (le ministre de la Culture) était pédophile", a poursuivi le porte-parole de l'UMP. Pressé de citer le nom d'un média ayant accusé Frédéric Mitterrand de pédophilie, Frédéric Lefebvre a répondu: "beaucoup de journalistes ont repris la musique", avant d'ajouter: « C'est la même chose pour Jean Sarkozy ». « Qui est visé? C'est toujours Nicolas Sarkozy", a lancé M. Lefebvre.
Le porte-parole est dans son rôle : faire passer le message Elyséen: la presse s’acharne contre le chef de l’État. Nicolas Sarkozy avait usé de termes plus feutrés, en affirmant au Figaro vendredi que "le climat médiatique est par construction politisé ». Des membres du gouvernement sont aussi montés au créneau. La secrétaire d'État aux sports, Rama Yade, a évoqué " une sorte d'hystérie collective antisarkozyste".Pour le ministre du Travail, Xavier Darcos, la presse participe à un "effort de déstabilisation" de son camp.
Pourquoi l'UMP s'en prend-il aux médias? Éric Maigret, professeur de sociologie des médias à Paris-III, estime, dans 20 minutes que les dirigeants veulent créer le sentiment dans l'opinion publique d'un lynchage médiatique, « ce qui leur permettrait de se faire passer pour des victimes. Il s'agit là d'une tentative de diversion. Utiliser les médias comme boucs émissaires, c'est une stratégie classique quand on est gêné aux entournures.».
François Malye, président du Forum des SDJ (30 sociétés de journalistes) voit, lui, dans ses accusations, le signe d’une «grande fébrilité»: «quand on est serein, on ne tire pas sur les journalistes», a-t-il déclaré à l'AFP. « Ils constituent pour les politiques d’excellents boucs-émissaires ».
Ces derniers, néanmoins ne doivent pas s’estimer à l’abri des critiques. Encore faut-il qu’elles ne soient pas partisanes. La profession doit s’interroger au sein des rédactions sur certaines dérives médiatiques. La pipolisation de l’actualité politique en particulier correspond, certes à une attente d’une partie du public, mais contribue à altérer la crédibilité de la presse.
Ainsi, à une question insistante de journalistes sur son compagnon et son éventuelle influence politique, Ségolène Royal a refusé de répondre. Elle a estimé que l’exposition de la vie privée de personnalités politiques ne grandissait pas l’image de certains journaux.
L’éthique professionnelle, doit rester présente à l’esprit des journalistes. On peut déplorer que certains médias se soient livrés à la « chasse à l’homme » en particulier à l’encontre de Frédéric Mitterrand.
Pour autant, il n’appartient pas aux politiques de délimiter le champ d’action de la presse. Du moins dans une démocratie.
Paul Barelli
