40 ans après, les familles des 95 victimes de l’accident de la Caravelle Ajaccio-Nice qui s’est abîmée en mer au large d’Antibes, le 11 septembre 1968 , s’efforcent de relancer l’enquête. « L’appareil a été percuté par un missile désactivé qui a provoqué l’incendie », martèle Mathieu Paoli, dont les parents figurent parmi les victimes. Porte-parole du collectif de 35 familles, il mène une croisade avec ses frères Louis et Jacques, persuadés que l’accident s’est produit lors d’exercices militaires .
Les frères Paoli ont déposé plainte, à Nice, le 7 septembre 2006 d’« homicide involontaire » contre le ministère de la Défense. Le dossier a été classé sans suite en février 2007 par le procureur de Nice, Eric de Montgolfier : «les faits sont prescrits, il n’est pas possible de rouvrir le dossier d’un point de vue judiciaire ». En 1972, la commission d’enquête du ministère des Transports concluait que l’accident avait pour cause « un incendie dans la cabine à l’origine indéterminée ». L’information judiciaire avait été close par un non lieu en juin 1973.
Tenaces, les frères Paoli, et leurs avocats Me Paul Sollacaro et Stéphane Nesa, ont déposé une nouvelle plainte pour « homicide involontaire » contre X, avec constitution de partie civile. Ils s’appuient sur un document militaire et des témoignages accréditant , selon eux, la thèse du missile.
En décembre 2004 le ministère de la Défense indiquait aux trois frères qu’un exercice dit Poker « concernant les forces stratégiques nucléaires se déroulait, au moment de l’accident, dans une autre partie de l’espace aérien au dessus de la Méditerranée ». Or, un document militaire « Zonex »(1) extrait du dossier d’instruction confirme que des « essais de tirs de missiles avaient été menés dans la zone traversée par la caravelle », précise Me Sollacaro. Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense le 20 avril 2006 a donné accès aux documents relatifs à l’accident : « j’envisagerai la levée du secret de la défense dans l’intérêt de la manifestation de la vérité ». Mathieu Paoli rétorque que les documents secrets sur la Caravelle ont été « expurgés », au moment des faits. Dans le registre d’une frégate lance-missile la page du 11 septembre, a été arrachée !
Par ailleurs, leurs avocats s’appuient sur de nombreux témoignages. Pierre Loffredi, qui effectuait en 1970 son service national au centre de programmation de la marine à Paris, précise: « Un ingénieur chargé de la programmation des missiles sol-air m’avait confié qu’une erreur dans le programme de guidage des missiles avait provoqué la destruction de l’avion ».
Noël Chauvanet se souvient. Il était ingénieur stagiaire chez Thomson au département missiles, en juillet 1971 :« Un technicien m’a confié qu’il avait fait des essais en Provence sur les missiles sols air. Et que la seule fois où il avait vu un missile fonctionner c’était celui qui avait détruit la caravelle ! ».
Etienne Bonnet, scrutait la mer avec des jumelles le 11 septembre : « La caravelle descendait vers Nice. Soudain, une traînée bleu ciel, provenant de l’extérieur, frappa l’appareil à la hauteur du réacteur sur son côté gauche. Un incendie se déclara. Puis, une terrible explosion se produisit. Des boules de feu se confondaient avec les nuages et des morceaux en feu tombaient sur la mer. Une deuxième explosion eut lieu et le reste de l’appareil tomba en feu dans la mer ».
Paul Barelli
(1) Max Clanet et Jean-Michel Verne, consacrent un livre à cette affaire Secret d'État (Édition Ramsay).
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