NICE NISSART - Constitution. Reconnaissance des langues régionales: une consécration du nissart. On parle plus de six mille langues dans le monde, en
France on dénombre près de 75 langues régionales. Pourtant, la pluralité linguistique semble parfois aussi menacée que la biodiversité.
Internet et le
Global English contribuent-ils à la disparition des langues? Pas systématiquement car la mondialisation est aussi la chance des communautés attachées aux langues qui ont défini leurs territoires et leur identité. «
Comment concilier demain la domination d’une langue véhiculaire (l’anglais) avec la nécessité de maintenir vivante les langues locales? Pour la France, en reconnaissant enfin les langues régionales» soulignait, déjà l’an dernier, le Bulletin de la Bibliothèque de France. Une analyse prémonitoire. Les députés, en effet, ont levé un tabou le 22 mai en votant, à la quasi-unanimité, un amendement surprise au projet de loi sur la réforme des institutions. Cet amendement vise à inscrire la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution. «
Les langues régionales appartiennent au patrimoine» de la Nation, indique le texte. Une formule qui complètera désormais l’article premier de la Constitution sur la «
République indivisible, laïque, démocratique et sociale», si la réforme est votée par le Parlement réuni en Congrès en juillet. Mais l’article 2 continuera de stipuler que «
la langue de la République est le français ». L’appartenance des langues régionales au patrimoine de la Nation que prévoit l'amendement présenté par le président UMP de la commission des Lois,
Jean-Luc Warsmann, cette disposition était demandée depuis très longtemps par de nombreux parlementaires de toutes tendances politiques. L'ensemble des groupes -
UMP, Nouveau Centre, PS, PCF, Verts - et
François Bayrou (MoDem) avaient déposé des amendements similaires à celui de
Jean-Luc Warsmann. Ils avaient tous été rejetés par la commission des Lois la semaine dernière, d'où le caractère exceptionnel de l'adoption de cet amendement le 22 mai. La garde des Sceaux,
Rachida Dati, s'est dite «favorable» à cette inscription des langues régionales dans la Constitution. De son côté, François Bayrou a exprimé «la satisfaction» de celui qui «mène le combat pour les langues régionales depuis longtemps. C'est un pas en avant important». Quant à
Jean-Jacques Urvoas (PS), il a estimé que «cela va dans le bon sens». Le vote de cet amendement est une victoire pour tous ceux qui militent dans cet esprit. Jean-Marc Giaume, conseiller municipal délégué au patrimoine historique, à la langue et culture niçoise se bat depuis une douzaine d’années, pour la reconnaissance du nissart : «
La République française reconnaît que les langues régionales ne sont pas à mettre en opposition avec la langue française mais sont complémentaires». Giaume s’est fortement impliqué en tant que président de la
Fédération des Associations du Comté de Nice. En 1996, avec une poignée d’universitaires et d’étudiants, il avait lancé le projet de création d’un département langue et culture régionale à la faculté de Lettres de Nice. Ce département fut créé en 1999, l’année suivante le Niçois reconnu comme langue régionale.
Jean-Marc Giaume souligne le travail collectif et bénévole mené par les associations qui trouve son prolongement avec la création par le
député maire de Nice, Christian Estrosi d’une délégation à part entière ayant pour Mission la défense et le développement de la Culture et de la Langue niçoise. Cette délégation a d’ambitieux projets. Et en particulier l’ouverture à la rentrée 2009, en liaison avec l’Education nationale, de la première école bilingue français-niçois au sein de l’école publique. «Il existe déjà dans d’autres régions des écoles de ce type français-corse, français-breton… Qui dit école primaire dit transmission du nissart auprès des enfants. Nous allons monter en puissance, d’abord le cours préparatoire CE1, CE2. En 5 ans l’école bilingue sera complète.
Muriel Marland Milittello député des Alpes-maritimes a plaidé en faveur de ce projet, le 7 mai à l’assemblée. Elle a été applaudi quant elle a souligné que les langues régionales ne «sont pas un vecteur de repli identitaire. Bien au contraire, plus l’on maîtrise de cultures et de langues, plus l’on est ouvert à celles des autres».
Paul Barelli Le Petit Niçois