DUHAMEL FRANCE 2 RTL- La suspension d’
Alain Duhamel : le bal des faux culs.
Faut-il sauver le soldat
Duhamel ? Lui épargner un début de lynchage médiatique. Le chroniqueur politique le plus célèbre de France se trouve au cœur d’une polémique, aux relents hypocrites, qui pose le problème de l’indépendance des journalistes à l’égard des politiques.
Alain Duhamel, éditorialiste sur
France 2et dans plusieurs journaux régionaux dont Nice Matin, s’est vu interdit d'antenne jusqu'au lendemain du deuxième tour de la présidentielle.
La décision a été prise par la direction de
France Télévisions en raison de sa prise de position en faveur de
François Bayrou. Il l'avait exprimée devant des étudiants lors d'une réunion organisée par des jeunes de l'
UDF à l'Institut d'études politiques de Paris, le 27 novembre 2006. Dans une vidéo, dont des extraits circulaient depuis plusieurs jours sur Internet,
Alain Duhamel, parlant de M.
Bayrou, déclare : «C
'est quelqu'un que j'aime bien, je voterai pour lui pour dire les choses.» Alertée par la Société des journalistes (SDJ) de
France 2, la direction (dont fait partie
Patrice Duhamel, le frère du journaliste) a décidé cette mise en congé au nom des «
principes d'indépendance et de neutralité». La direction de
RTL a pris la même décision que
France Télévisions «
d'un commun accord» avec le journaliste, il a été décidé d'interrompre, pendant le temps de la campagne, la diffusion de son éditorial.
Alain Duhamel trouve la sanction sévère. Il a admis qu'il n'aurait pas dû se déclarer en faveur de M.
Bayrou «
devant des étudiants», ajoutant : «
Je le paie. C'est disproportionné».
Si l’on peut s’interroger, comme
Jean – Michel Apathie son confrère de
RTL : «
après avoir affiché ses choix personnels, comment ne pas interpréter les analyses qu’il fera au cours de la campagne électorale ? En revanche, la suspension témoigne d’une certaine hypocrisie de la part de France Télévision où certains journalistes qui n’annoncent pas pour qui ils votent laissent tout de même comprendre leurs opinions.»
Jean – Pierre Elkabbach, Président d’Europe 1 estime :«
Cette suspension est une victoire du populisme. Les journalistes sont des citoyens comme les autres. Il n’y aucune raison de les émasculer ou de les priver de leur droit de s’exprimer de manière personnel et privé ». D’autant qu’
Alain Duhamel ne s’est pas engagé sur les ondes. Pour quelles raisons un éditorialiste reconnu ne livrerait-il pas son opinion tandis que des bataillons d’ex lofteurs ou de stars décaties proclament leur choix ? Cette suspension, estime
Jean-François Kahn, de Marianne : «
en dit long sur la mise en coupe réglée des médias y compris ceux de service public ». «
L’affaire Duhamel » ne se réduit pas à une tempête dans le petit bocal politico-médiatique, elle traduit le discrédit des journalistes politiques dans l’opinion. En témoigne un sondage. Le quotidien
La Croix a publié, le 14 février, le 20e baromètre TNS-Sofres de la confiance des Français dans les médias.
Pour 63 % des sondés, les journalistes ne sont pas indépendants face aux pressions des partis politiques et du pouvoir. Pour 60 %, ils ne résistent pas aux pressions de l'argent. Le quotidien relève que ce sentiment d'absence d'indépendance des médias n'a pas évolué depuis 1990. « nous avons un véritable problème de crédibilité depuis le 21 avril 2002 accentué depuis la campagne référendaire de 2005 » confie, au
Monde, Renaud Dély directeur adjoint la rédaction de
Libération. Tandis que
Nicolas Domenach, directeur adjoint de la rédaction de
Marianne estime : «
après avoir asservi la télévision, les politiques ont été asservis par elle. Ils ont accepté n’importe quoi pour passer deux minutes sur les écrans ». Se développe ainsi un climat de défiance généralisé à l’encontre des médias. Cela explique le succès de l’émission de
TF1 qui remplace, les journalistes politiques par un panel d’électeurs.
Il s’avère désormais de plus en plus difficile d’exercer sa profession quand les téléspectateurs posent eux-mêmes les questions. Et comme nous n’en sommes pas à un paradoxe près, sachez que d’après le baromètre TNS-Sofres tous les médias voient leur cote de confiance augmenter en 2007 par rapport à 2006 ! Quant à l'intérêt porté à l'actualité, malgré un petit recul de 1 %, ne se dément pas. 75 % des Français interrogés s'avouent intéressés fortement ou assez fortement,
Paul Barelli