L’Art de la Fête Carnavalesque, est profondément lié à l'histoire et l'évolution de la Fête urbaine. Les cortèges carnavalesques actuels ont pris forme à la fin du XIXe siècle.
Il est intéressant de souligner l'apparition, la même année ou presque de grands défilés de chars carnavalesques, en carton-pâte : c'était en 1873, à Nice, Viareggio, Rio, la Nouvelle-Orléans, qui comptent encore parmi les plus importants carnavals urbains du monde. De nos jours, l'esthétique de la fête carnavalesque craque, évolue, s'élargit, s'illumine, se trouve remise en question. Des orientations nouvelles apparaissent qui correspondent à d'autres formes de convivialité, de communication.
L'un des phénomènes les plus caractéristiques à signaler est l'influence actuelle, comme un effet boomerang, des carnavals brésiliens, caraïbéens, latino-américains sur les Carnavals européens et scandinaves, tout particulièrement. Depuis plus de deux décennies, des "écoles de samba" fleurissent en Scandinavie et des carnavals "tropicaux" prennent place au cours de fêtes du printemps ou d'été au Danemark (Aalborg, Copenhague) ou Suède (Stockholm, Norkopping). Les orchestres de steel-band et superbes costumes du Carnaval de Trinidad s'exposent magnifiquement pendant le Carnaval de Notting Hill qui a lieu à Londres à la fin du mois d'août, en présence d'un million de personnes.
La Fête, le Carnaval, tel le Phœnix qui renaît de ses cendres engendre de nouveaux symboles : l'influence des cultures africaines, indiennes, afro-brésiliennes, afro antillaises, a transformé les carnavals tropicaux, - d'importation européenne, à l'origine. La Fête, le Carnaval, la Musique, s'imprègnent de ce brassage, ce métissage des cultures qui a pour champ d'action privilégié, la rue, la création de nouveaux rapports culturels et sociaux, de nouveaux espaces, de nouvelles formes d'expression. La samba, la soca, la salsa et maintenant le rap remplacent les marches et farandoles d'antan.
Les Arts de la rue prennent place dans la fête. Ils inspirent plusieurs carnavals en France, Espagne, Irlande, Italie, Allemagne... Le carnavalier devient artiste-plasticien, scénographe. Nice, qui avait déjà été le Carnaval "pilote" de la fin du XIXe siècle, saura-t-elle amorcer sa nouvelle évolution et réussir la rencontre inévitable entre Carnaval et Arts de la Rue ? Carnaval et Art contemporain ?
La réponse ne devrait pas échapper aux carnavaliers, détenteurs d'un patrimoine culturel populaire, trop méconnu et sous-estimé, et qui doivent relever le défi du XXIe siècle. La réponse doit également interpeller davantage une jeunesse prête à s'impliquer à nouveau, dans la fête avec ses rythmes, ses images, ses nouvelles valeurs.