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Date :1647-1665, puis XVIIIe
Le palais Lascaris est bien sûr le plus fameux des palais privés niçois.
Historique Construit à partir de 1657 par Jean-Baptiste Lascaris, neveu du grand-maître de l'Ordre de Malte, remanié dans ses structures en 1706 et dans sa décoration vers 1750, il fut vendu en 1794 comme bien d'émigré, et ensuite acquis par la famille juive Colombo qui y installa sa banque. Loti en appartements locatifs, il fut racheté et en partie restauré par la ville de Nice en 1965. Le palais vaut bien sûr par sa décoration intérieure, et celle de sa façade, unique parmi les palais niçois, qui s'inspire de motifs décoratifs du baroque génois. La sévérité des autres palais postérieurs, quand elle n'est pas le fruit de la modestie de la fortune, est plutôt d'inspiration piémontaise.
Façade La façade met bien sûr en valeur le second étage, l'étage noble, orné de balcons de marbre supportés par des figures de faunes grimaçantes. Des impostes décorées d'encadrements de marbres contribuent à accentuer l'effet d'élégance des fenêtres. L'encadrement de la porte est aussi intéressant : en marbre lui aussi, au fronton à volutes élégantes, il est caractéristique des palais niçois.
Entrée Restaurée dans sa décoration polychrome typique du baroque, qui orne aussi toute la cage d'escalier, elle porte au plafond les armes de la famille Lascaris. Ces armes sont composées de plusieurs motifs complémentaires : l'aigle impériale à deux têtes, dans l'écu et en fond, rappelle que la famille des Balbi, comtes de Vintimille (dont les armes originelles sont l'écu or et rouge), avait changé son nom pour celui de Lascaris quand, au XIIIe siècle, un de ses membres épousa la fille de l'empereur de Constantinople Théodore Lascaris. L'écu est posé sur une grande croix de Malte, qui rappelle le souvenir de l'oncle du constructeur, grand-maître de l'ordre. A droite de l'entrée se trouve, dans une petite pièce latérale, une pharmacie du XVIIIe (1738), «importée» de Besançon, où elle occupait le rez-de-chaussée de l'immeuble de Victor Hugo. Dans le hall se trouvent divers restes de l'église Saint-François : une pierre tombale et des inscriptions commémoratives. Avant d'emprunter l'escalier, remarquer le «salestre», cette cour qui faisait office à la fois de puits d'aération et de puits de lumière.
Cage d'escalier Elle est aussi caractéristique de nombreux autres palais niçois : marches d'ardoise, balustrade en marbre, puis en bois, couvrement en voûtes d'arête, colonnes, ouvertures sur les «salestre». Ce qui la différencie profondément, par contre, c'est bien sûr sa décoration à fresque (XVIIe), les statues qui l'ornent encore dans des niches (Mars et Vénus, XVIIIe), les médaillons décorés de ses plafonds. Le premier niveau sur lequel s'ouvre l'escalier est dépourvu de décoration. Il était réservé aux pièces de service. Au second étage, on arrive par contre à l'étage noble. A gauche, sur le palier, s'ouvre la porte des appartements de réception, à droite celle des appartements privés. L'ensemble du mobilier n'appartient pas au palais originel. Il a été reconstitué dans l'esprit par divers achats postérieurs à l'acquisition des lieux.
Appartements de réception Trois salons composent ces appartements. Ils ont en commun une élégante décoration à fresque, et le sol pavé de «malons» de terre cuite, dans la tradition méditerranéenne. La pièce de gauche est le salon de Phaéton, ainsi dénommé à cause de la fresque qui orne son plafond (XVIIIe), attribuée à un peintre de l'école génoise, peut-être J.-B. Carlone. Cette fresque représente la chute de Phaéton, foudroyé par Zeus pour avoir volé le char du Soleil. On peut remarquer, outre l'effet de perspective obtenu par le trompe-l'oeil, l'emploi de la peinture dorée pour rehausser l'ensemble. Du salon de Phaéton, on passe à l'antichambre. Au passage, remarquer la tenue curieuse des portes, qui semblent de guingois. Elles sont établies selon un principe habile, qui leur permet de se refermer toutes seules : le gond du bas, décalé par rapport à l'axe, provoque en effet une pente artificielle qui rabat mécaniquement la porte. Cette technique est appelée «porte à la piémontaise», ou «à la turinoise». L'antichambre possède aussi un plafond à fresque orné d'un sujet mythologique : Vénus et Anchise, un épisode du cycle homérique de la guerre de Troie. La chambre de parade, au plafond orné d'une autre scène mythologique (L'enlèvement de Psyché), est partagée en deux par une cloison, qui forme une alcôve. La cloison est soutenue par des cariatides et forme une sorte d'arc de triomphe à la gloire de la famille Lascaris.
Appartements privés Un premier salon, au plafond à caissons, a perdu une grande partie de sa décoration d'origine du fait des dégradations successives. Le plafond a heureusement été préservé, tout simplement parce que les locataires l'avaient abaissé par un faux plafond. A droite, on entre dans la chapelle, aménagée comme telle et présumée telle sans qu'on en ait cependant la certitude. Au plafond figure une allégorie du Temps. A droite en sortant de la chapelle, on accède à trois salons plus petits, à la décoration inspirées de thèmes agrestes, qui tranchent avec la solennité des salons d'apparat. D'ailleurs, les gypseries et boiseries sont recouvertes de feuilles d'argent, et non d'or. On peut en déduire que c'est cette partie du palais qui fut décorée et aménagée au XVIIIe siècle.
En sortant, poursuivre à dans la rue Droite. |