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En quittant le palais Lascaris (A), continuer dans la rue Droite vers la rue Rossetti
Au passage, remarquer le linteau du 21, qui porte la devise de la famille noble Milon de Veraillon, empruntée à un hymne catholique, «Spes mea Deus», (Mon espoir est en Dieu).
B Rue Rossetti carriera dei vouta (rue des voutes) Ainsi désignée, depuis 1380, parce qu'enjambée à deux reprises au moins par des immeubles qui la faisaient passer sous des voûtes. Elle fut élargie dans les années 1880 et prit alors le nom de Rossetti, d'une famille de philanthropes niçois. Les voûtes abritaient auparavant des amoncellements d'ordures et favorisaient des commerces peu moraux.
Prendre à droite la
C Rue Benoît-Bunico carriera de la judarìa (rue de la Juiverie) Le nom niçois fait évidemment référence au souvenir de l'ancien ghetto de Nice, auquel les Juifs niçois furent contraints au XVe siècle et dont ils ne furent relevés qu'en 1848, même si la contrainte réelle de résidence restait inopérante. Rappelons que ce ghetto était clos de portes à l'angle Bunico-Loge et Bunico-Rossetti. La Révolution leva l'obligation du ghetto : des juifs le quittèrent et des chrétiens s'y établirent. La Restauration le rétablit en droit, mais, du fait de la présence de chrétiens dans la rue, n'y contraignit personne en fait. Le Statuto de 1848 et la loi du 28 mars supprimèrent enfin cette obligation, mais déjà plus des deux tiers des juifs de Nice résidaient hors du ghetto. Cette rue fut ensuite baptisée rue du Statut, c'est à dire de la constitution octroyée le 4 mars 1848 par Charles-Albert et qui justement donnait l'égalité civile et politique aux Juifs, puis Benoît-Bunico, du nom d'un député niçois au parlement de Turin (1848-1850) qui contribua à cette évolution politique.
Ancienne synagogue Date : 1733 - Architecte : Anselme Spinelli 18 rue Benoît-Bunico La communauté juive de Nice, présente dès le XIVe siècle, sera installée d'abord hors les murs, dans le quartier Limpia, avant d'être contrainte au ghetto sur ordonnance du duc de Savoie Louis Ier en 1448. Elle s'installa donc dans une rue de la ville basse, l'actuelle rue Benoît-Bunico. Elle y aménagea une synagogue en 1733, et la conserva jusqu'à la construction d'un nouvel édifice, rue Deloye, en 1886.
Poursuivre jusqu'au second carrefour et prendre à droite la
D Rue du Collet carriera dóu coulet (rue de la collinette) Son nom se réfère à la topographie des lieux : il y a bien là une petit butte que l'on parcourt en remontant la rue. On est alors dans le quartier de La Rouacha. C'est le secteur de la place centrale. Le mot niçois rouacha signifie «tannée» et son application à ce quartier découlerait de la présence, que nous avons par ailleurs notée, de tanneries le long du Paillon, en particulier sans doute dans ce secteur. Palais Gioffredo E Date : XVIIe 7 rue du Collet Ce palais appartenait déjà au père de l'historien et ecclésiastique niçois Pierre Gioffredo. C'est là que, lors de ses séjours à Nice, ce dernier vivait, et qu'il testa, en 1686. Plus que d'un intérêt architectural, le palais vaut surtout pour le souvenir historique qui lui est lié, encore que sa cage d'escalier, avec ardoise, voûtes d'arête et colonnes, élégante et de plan carré rare, présente un intérêt certain. L'abbé Pierre Gioffredo (1629-1692), homme d'Eglise, historien, littérateur, précepteur du duc Victor-Amédée II, est une des personnalités marquantes du XVIIe siècle niçois, non seulement du fait de ses multiples talents (il est le rédacteur des notices du «Theatrum Sabaudiae», de la «Storia delle alpi marittime», etc...), mais aussi du rôle politique et intellectuel qu'il sut jouer à Turin.
Reprendre la rue du Collet vers l'ouest. On arrive sur la place centrale. En haut de la côte, on peut voir le
F Monument des Serruriers Date : 1827 Ce monument, portant à son sommet le monogramme CF du roi Charles-Félix, fut érigé en 1827 par la corporation des serruriers en souvenir de la visite du roi à Nice en 1826. A sa base figurent encore le monogramme royal et l'aigle des armes médiévales de Savoie, qui peut être confondu avec l'aigle des armes de Nice, comme sur la statue de ce même roi au port. Notons qu'il était initialement installé sur la place Charles-Félix, à l'est du cours Saleya. Démonté, il fut remonté en 1987 à son emplacement actuel, ce qui n'a plus aucune signification.
Revenir sur ses pas. Au carrefour, à droite se trouve le
G Palais Foucard de la Roque Date : 1770 13 rue du Collet Edifice classique du XVIIIe siècle, portant sur sa façade les bandeaux caractéristiques de la décoration de ce temps, le palais Foucard de la Roque présente une cage d'escalier intéressante, malheureusement défigurée par un ascenseur. La famille Foucard de la Roque, en fait Foccardi de Roccasparviera, fut anoblie du titre de comte de Roccasparviera-Cuneo en 1772 en la personne d'Esprit-François, docteur en droit. Son fils Jules joua un rôle important au sein du pouvoir communal sous la Restauration et épousa une Tonduti de l'Escarène; son autre fils Joseph-Marie, officier dans l'armée sarde sous la Révolution, avait épousé la veuve de Mirabeau, Emilie de Marignane. Revenir au carrefour et prendre, en face, la
H Rue Mascoinat carriera mascouinat (rue du mal cuisiné) Son nom se réfère peut-être à diverses gargotes qui faisaient de la mauvaise cuisine, ou de la mauvaise charcuterie (mau coquinat, coquinat signifiant charcuterie en langue d'oc). Les vendeurs de chanvre et de filasse tenaient boutique là au milieu du XIXe siècle. Remarquer au passage la plaque des chevaliers de Malte, 7 rue Mascoinat
Continuer jusqu'à la
I Place Rossetti La place ne fut ouverte qu'en 1825 et agrandie dans les années 1880, avec le percement de la rue Rossetti. La fontaine qui orne la place fut édifiée au début des années 1980. La pharmacie, au début de la rue du Pont-Vieux, est la plus ancienne de Nice (XVIIIe), même si une rénovation récente l'a défigurée. Elle est englobée dans un autre quartier, Lou Trincot, qui recouvre le quartier compris entre la cathédrale et le Paillon, autour de la rue du Pont-Vieux. Cette appellation ancienne, aujourd'hui inusitée, reste mystérieuse, peut être liée elle aussi à des exercices militaires.
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J Rue du Pont-Vieux Originellement rue du pont depuis le XVIe siècle (auparavant, carriera Fustaria, rue des Fustiers ou menuisiers), avant que la construction du Pont-Neuf (1824) ne fasse ajouter l'adjectif vieux au pont Saint-Antoine. Le pont Saint-Antoine, ou pont vieux, était un pont de bois d'abord, mentionné pour la première fois en 1252. Il apparaît comme reconstruit en pierre en 1323, puis en 1535 et enfin en 1545. C'est qu'entre temps, il avait été démoli lors du siège de 1543. Le pont vieux fut détruit en 1921 pour permettre la couverture du Paillon. Tout le côté ouest de la rue semble avoir été orné de portiques à arc brisé, retombant sur des colonnes courtes qui ne sont plus visibles qu'en de rares endroits (aux extrémités sud et nord). A son extrémité nord se trouvait la porte Saint-Antoine, au haut des escaliers mettant en communication le Pont-Vieux et la rue homonyme. Existant depuis le Moyen-âge, elle fut démontée au XIXe siècle et remontée au Château, dans une fausse ruine au-dessus du bassin en contrebas sud de la Cascade.
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K Place aux Herbes plaça ai erba, (place aux légumes) C'est la première place volontairement créée, en 1588, par l'autorité communale dans le tissu urbain, par réaménagement de l'espace qui contenait auparavant le cimetière Sainte-Réparate, ombragé d'un grand orme. Elle accueillait jusqu'à la fin du siècle dernier le marché aux légumes de la ville, qui s'étendit ensuite sur la place Rossetti, puis la quitta pour le cours Saleya.
Rejoindre l'entrée de la cathédrale (L). |