Elle : « Si je passe trop haut ou trop bas tout est flambé. Il ne faut pas qu’il y ait une seule maille trop lâche. Un trou par où l’émotion la lumière la vérité s’échappent. Je mène comprenez un peu toute ma toile à la fois. D’ensemble, je rapproche dans le même élan la même foi tout ce qui s’éparpille. Tout ce que nous voyons n’est-ce pas se disperse s’en va la nature est toujours la même mais rien ne demeure d’elle de ce qui nous apparaît. Notre art doit, lui, donner le frisson de sa durée. Avec les éléments l’apparence de tous ces changements il doit nous la faire goûter éternelle… »
A partir des confidences de Cézanne au jeune poète Joachim Gasquet sur ses goûts et ses dégoûts pour quelques œuvres du Louvre, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet composent un film qui devient un hymne à l’esprit critique en même temps qu’une extraordinaire leçon d’art d’une rare limpidité. Avec « une visite au Louvre », les Straubs tentent l’expérience d’approcher au plus près le cœur de leur pratique de cinéastes en conjuguant l’épure et la radicalité qui leur sont propre.
Une mère et sa fille de 13 ans tentent de survivre dans un pays traumatisé qui peine à se reconstruire. Pauvreté, mafia, dépression : tout un gâchis. Une maîtrise étonnante pour un premier long métrage où s’entremêlent les douleurs de la vie quotidienne et les blessures de l’Histoire dans l’ex-Yougoslavie. « Il s’agit de l’histoire de Victimes qui, bien qu’elles n’aient commis aucun crime, ne sont pas entièrement innocentes, devant les générations futures. Sarajevo, mon amour (Grbavica) est un film sur la Vérité, ce pouvoir absolument nécessaire pour progresser, une vérité dont la société de Bosnie Herzégovine a besoin pour essayer d’atteindre sa maturité. » / Jasmila Zbanic
Avant la fin du générique sur fond noir, commence une œuvre au clavecin. Puis, premier plan, on découvre Bach assis jouant un solo, on est à sa droite, près de lui, derrière, en plongée, on voit le clavecin, il lit une partition dont il tourne les pages, on remarque les jambes d’au moins deux personnes debout à sa gauche, de légers mouvements. Trois minutes après, la caméra recule et nous découvrons six autres hommes dont des musiciens qui jouent alors avec lui. Vint secondes après c’est la fin du plan que suit un autre d’une seconde : une femme. Ce qui aurait dû être le premier film d’elle et lui est composé de lettres de Bach et de phrases tirées du Nécrologue de Carl Philipp Emanuel – un des fils de Jean-Sébastien Bach –, auxquelles s’ajoute du texte, de liaison notamment, écrit par lui. Lui : « Je crois qu’on avait d’abord envie de raconter une histoire d’amour ».
Lui : « Quand les allemands disent " Lothringen ", ça veut dire " Lorraine ". (…) C'est une petite bande de terre qui va du plateau lorrain, qui descend jusque dans la vallée de la Moselle et qui continue de l'autre côté de la vallée de l'Orne jusqu'à la frontière du Luxembourg. Là, il y a des mines de fer, des mines de charbon et c'était l'une des provinces économiquement, comme on dit bêtement, les plus riches. » Mars 1871, c’est la Commune de Paris. Lui : « Elle était constituée par les meilleurs, comme disait Hölderlin. Et Bismarck a dit à monsieur Thiers : " Je veux bien vous aider à écraser cette Commune de Paris ". (…) Quand ce fut fini, Bismarck a dit : " Maintenant il me faut, en plus de cette bande de terrain - que les Allemands appellent Lothringen -, encore quelque chose parce que ça n'est pas suffisant. Il faut que vous me soyez un peu reconnaissant, je veux un autre dédommagement ". Et il a dit : " Je voudrais faire couronner le roi de Prusse - appelons-le le petit roi de Prusse -, empereur d'Allemagne à Versailles ". On lui a accordé cette faveur. Donc, les Allemands qui n'avaient pas du tout envie d'avoir un empereur, en Rhénanie ils détestaient les Prussiens, en Bavière ils détestaient les Prussiens et encore ailleurs, se sont vus, du jour au lendemain, grâce à la complaisance du gouvernement français, imposer un petit roi de Prusse qui devenait l'empereur allemand. Cette partie de la Lorraine dont on a fait cadeau à ce petit roi de Prusse qui devenait l'empereur d'Allemagne est demeurée occupée, ou territoire allemand, de 1871 jusqu'à 1918. Ce qui est énorme parce qu'on n'a même pas fait semblant de demander aux gens, on ne les a même pas prévenus. Les conséquences, ça a été ce que raconte ce film-là. »
Opéra en un acte d’Arnold Schönberg (1929), sous la direction de Michael Gielen. En 1974-75, il y eut Moïse et Aaron. Plus de vingt ans après, Du Jour au lendemain commence par un panoramique sur l’orchestre, le décor, la salle. Lui : « Avec Moïse et Aaron on diffusait dans une oreille des solistes. Gielen, le chef d’orchestre, qui était là, dans l’axe des regards, avait lui les oreilles couvertes. Il ne voulait pas entendre les chanteurs, il dirigeait à partir de la bande orchestrale qui avait été enregistrée à Vienne avant, plan par plan, bloc par bloc. Gielen ne faisait que diriger à partir du tapis orchestral qu’il entendait. Il dirigeait les chanteurs. Et, dans un coin, un assistant enregistrait le résultat sur place, en plein air. C’est-à-dire la voix et la bande… » Elle : « Pour le chœur, quatre petits hauts parleurs étaient dissimulés pour qu’ils entendent, à un niveau très bas. Evidemment, ensuite c’était recouvert par l’orchestre. C’était un petit peu compliqué à mettre au point mais ça a tout le temps très bien marché. » Lui : « Après on a fait Du jour au lendemain, selon le procédé inverse : on avait l’orchestre dans le dos, dans la salle – le studio – où on enregistrait, et le décor était en face de nous. » Elle : « C’était tout ensemble. » Lui : « Au demeurant, ça n’était pas plus facile. » Elle : « Quand on balaye souvent l’espace l’orchestre ne peut pas être présent. Il fallait inventer une autre technique. » Lui : « C’est parce qu’on avait inventé cette méthode pour Moïse et Aaron qu’ensuite on a eu envie d’en pratiquer une autre avec Du jour au lendemain, qui est un tout autre sujet. »
D’après cinq Dialogues avec Leucò de Cesare Pavese...
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