Remis récemment au goût du jour, grâce à l'action menée par quelques passionnés, le jeu niçois traditionnel du "pilou" (écrit également "pilo") connaît depuis quelques années un regain d'intérêt exceptionnel : tournois, rencontres bi-latérales, voire... championnats du monde sont organisés dans tout le comté de Nice par l'association "Nissa Pilo" que préside André Giordan, par ailleurs co-auteur, avec son complice José Maria, d'un livre fort documenté : "Et vive le pilou" paru chez Serre Éditeur.
Jouer au pilou : une idée à retenir pour tous ceux qui, à Nice et sur la Côte d'Azur, sont en mal d'occupations estivales: ils peuvent se donner rendez-vous sur la Promenade des Anglais, où la Mairie a réservé quelques espaces du large trottoir qui la borde à la pratique de ce sport.
Le pilou, jeu de rue niçois par excellence, peut être considéré, quand on le regarde de loin, comme une sorte de jeu de volant. Pourtant, bien qu’il ait une origine commune, rien à voir avec un simple volant du badmington. Il est réalisé traditionnellement à partir d’une ancienne pièce de monnaie trouée et d’un bout de papier ou aujourd’hui de plastique, genre aile volante.
Le jeu nécessite une pièce bien stable. Il la faut pas trop lourde pour ne pas faire mal aux pieds et surtout aux genoux. Elle ne doit pas être non plus trop légère pour ne pas être emportée les jours de vent. C’est la pièce de 25 centimes qui était jugée la plus adéquate dans les années 40 et 50. Certains anciens se souviennent cependant d’avoir joué avec des rondelles d’acier… quand ils n’en trouvaient pas.
D’où… son apparition pendant la guerre et surtout son développement ensuite lorsque la pièce fut démonétisée et que les jeunes en trouvèrent à profusion dans les tiroirs des grands-mères qui les avaient conservées par précaution. Aujourd’hui, la nouvelle génération lui préfère la pièce de 10 centimes plus légère qui permet plus de fantaisie dans le jonglage.
La pratique du pilou n’est pas celle d’un sport figé, comme un match de football ou une partie de tennis. Il peut se jouer de multiples façons et dans des lieux les plus divers. Comme tous « les jeux de rue », il fallait bien sûr s’adapter au terrain et aux divers obstacles. Il laisse la liberté d’inventer encore de nouvelles pratiques.
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Le pilou se joue à deux (ou à quatre par équipes). On commence par tracer au sol une ligne médiane de 2 à 3 mètres (en réalité 2 à 3 grand pas). On utilise un bâton si le sol est de la terre ou de la craie sur de l’asphalte ou du goudron. De part et d’autre, à 2 pas (2 mètres) de cette ligne médiane, on trace deux « ronds » d’un mètre de diamètre.
Les joueurs jouent l’un contre l’autre. Ils essaient de faire tomber le pilou dans le cercle de l’adversaire. Après chaque but, on change de camp. Les parties se jouent en 10 points.
L’engagement est tiré au sort, à pile ou face. Celui qui perd envoie le pilou à la main à son adversaire. Ce dernier est dans son cercle, il reprend le pilou avec son genou, son pied, sa poitrine ou sa tête. Il peut jongler aussi longtemps qu’il le souhaite, il peut s’avancer vers le camp adversaire, mais il n’a pas le droit d’y pénétrer. Il peut tirer quand il le souhaite.
L’autre joueur défend son camp. Il peut reprendre le pilou aussitôt et tirer à son tour. Dès que le pilou est par terre on sert sur son adversaire. Il ne peut y avoir de but marqué au service.