CLOCHE NOTRE DAME - Au centre de l'avenue Jean-Médecin, la basilique
Notre-Dame de l'Assomption a été construite immédiatement après l'
annexion de Nice à la France, entre 1864 et 1868, sur les plans de l'architecte Charles Lenormand qui s'inspira librement de l'église gothique Saint-Serge d'Angers. De style "troubadour" (cette résurrection du gothique caractéristique de la seconde moitié du XIXe siècle) elle a été édifiée dans le but de donner un aspect
plus français à
Nice, tout juste incluse dans le territoire national, tant il est vrai que le style gothique, depuis
Viollet-le-Duc et
Michelet, était devenu le symbole de l'art national français ! Fi donc du baroque et du néo-classique,
trop italiens, et vive le néo-gothique…
Pourtant dotée de deux tours en façade, Notre-Dame de l'Assomption, élevée au rang de basilique mineure en 1978 et très souvent confondue avec la cathédrale de Nice, n'avait jamais abrité de cloches. Après l'exode des Pieds-Noirs, deux cloches venues d'Algérie avaient bien trouvé refuge dans l'église, mais leur poids interdisait toute installation dans l'un ou l'autre des clochers ! Après quelques années passées dans les sous-sols, elles ont finalement trouvé leur place dans un village du haut-pays…
Doter
Notre-Dame de Nice d'un carillon est donc un acte très symbolique qui n'a pas été inclus par hasard dans les manifestations célébrant le
150e anniversaire de l'annexion du Comté de Nice à la France. Constitué de trois cloches, nommées selon l'antique tradition chrétienne (
Virgo fidelis, Regina Pacis et
Mater Admirabilis -Vierge fidèle, Reine de la Paix, Mère admirable, trois des nombreux vocables de la Vierge Marie à qui l'église est dédiée), parrainées respectivement par
Mgr Louis Sankalé, évêque de
Nice, le
père Alexandre Lavigne, premier curé de Notre-Dame de 1868 à 1874, et le
père Jean-Louis Giordan, actuel curé de la paroisse, le carillon a été installé le 13 juin 2010.
Et, si les deux premières ont été fabriquées dans les ateliers de la
fonderie Paccard, à Annecy (en Savoie, encore un autre symbole !), la troisième,
Mater Admirabilis, a été coulée à
Nice samedi 12 juin 2010 devant un public considérable rassemblé sur le forum Jacques-Médecin et sur la place Masséna, en présence de
Christian Estrosi, maire de
Nice, d'
Éric Ciotti, président du Conseil Général des
Alpes-Maritimes, du préfet
Francis Lamy et de nombreuses personnalités
(photo 1).
D'un poids de 225 kg, elle a été coulée dans un alliage de cuivre et d'étain à partir d'un four datant de 1880, installé sur la plate-forme d'un poids-lourd (photo 2). Le moule en sable, en contrebas, était jadis enterré mais il est aujourd'hui serti dans une coquille métallique placée à même le sol. Spectaculaire, l'opération de coulée a fasciné le public et les officiels qui ne purent que regretter son extrême brièveté… (photos 3, 4 et 5) même si l'extraordinaire commentaire de Pierre Paccard (ci-contre), le PDG honoraire de la fonderie qui porte son nom et celui de ses ancêtres en ligne directe depuis 1796, leur permit de ne plus rien ignorer de la technique de fabrication et de la symbolique des cloches.
Un second rendez-vous, que personne ne manqua, leur était d'ailleurs fixé le lendemain, samedi, pour le démoulage et le polissage : c'est Christian Estrosi qui, sous le contrôle de Pierre Paccard et de ses deux fils, entreprit de battre l'enveloppe métallique du moule (photo 6) jusqu'à ce que la cloche et sa coque de sable ne s'en détache sous les applaudissements du public (photo 7). Après un grossier déballage, l'instant le plus angoissant, pour le fondeur, arriva : il s'agissait de faire sonner la cloche pour la première fois et, malgré la gangue de sable qui la recouvrait encore partiellement, elle devait jouer le son pour lequel elle avait été coulée, en l'occurrence un do dièse. Une nouvelle fois, le maire de Nice se prêta au jeu (photo 8), suivi par Éric Ciotti et Rudy Salles, député de la 3e circonscription des Alpes-Maritimes et adjoint au maire de Nice et le résultat musical fut très concluant.
Satisfaits, les Paccard père et fils et leurs collaborateurs purent alors s'atteler à la finition de l'instrument : élimination des tiges de coulées (photo 9) et des dernières traces de sable, sablage (photos 10 et 11) et enfin polissage manuel (photos 12 et 13), avant que Mater Admirabilis n'aille rejoindre ses deux sœurs sur le portique voisin (photos 14 et 15), où elles attendirent patiemment le dimanche pour y être bénies et rejoindre leur destination finale.
Les différentes étapes de la coulée :