Sans autre légitimation historique que la volonté des princes d'attacher une réalité politico-géographique à un territoire détaché du comté de Provence par la seule volonté de ses habitants, le terme comté de Nice apparaît au XVIe siècle en lieu et place de Terras novas de Provença (Terres neuves de Provence) utilisé jusqu'alors. Les ducs de Savoie, devenus rois de Sardaigne, porteront, comme Louis XIV d'ailleurs, le titre de "comte de Nice" jusqu'à la Révolution Française. Autant dire que ses frontières ont évolué au gré des conflits, des traités et des évolutions administratives. Sous la Restauration sarde, les anciennes entités issues de la féodalité disparaissent au profit d'une structure plus rationnelle et plus moderne, les provinces, elles-même divisées en arrondissements. Le comté de Nice historique est intégré, en tant qu'arrondissement, à la province de Nice qui s'étend jusqu'à l'actuelle Imperia, en Ligurie fraîchement annexée par le royaume de Piémont-Sardaigne. Tout le comté de Nice ? Non, car, sur ses marches orientales, six communes qui en font historiquement partie depuis ses origines, dépendront désormais de l'arrondissement de San Remo. Et, en 1860, lors de l'annexion de Nice à la France dont nous fêterons l'année prochaine le 150e anniversaire, seul l'arrondissement de Nice (moins Tende et La Brigue) changera de souveraineté. Apricale, Dolceacqua, Isolabona, Perinaldo, Pigna et Rocchetta Nervina, dans la haute vallée de la Nervia, non loin de Vintimille restent sardes avant de devenir italiennes en 1861.
La rupture ne fut certes pas totale puisque les échanges, notamment économiques, se poursuivirent tout au long des années. Nombreux sont les Niçois de Nice qui, à l'instar des astronomes Cassini ou Maraldi au XVIIIe siècle, sont originaires de ces villages. Très récemment, sous l'impulsion de la ville de Nice et de son délégué au patrimoine historique et à la culture niçoise, Jean-Marc Giaume, et grâce aux incitations de l'Union Européenne pour favoriser les actions transfrontalières, une coopération culturelle a été initiée entre ces six communes et leur ancienne capitale. Le but ultime étant la rédaction et la signature d'une charte de partenariat tout à la fois culturel et économique entre les villes concernées.
Une ultime réunion de travail avant le vote de cette charte par les différents conseils municipaux, avait lieu ce mardi 21 avril à la mairie de Dolceacqua, en présence des maires des six communes italiennes, des acteurs économiques et culturels concernés et d'une dizaine de participants niçois conduits par Jean-Marc Giaume, représentant Christian Estrosi, député-maire de Nice : Marc Bouiron, directeur, et Martine Lombard, attachée au Centre du Patrimoine de la ville de Nice, Eliane Kotler, vice-présidente de l'Université de Nice, Steve Betti, conseiller du Recteur de l'Académie de Nice pour les langues et cultures régionales, Gérard Colletta, directeur des Éditions Serre, Jean-Baptiste Pisano et Yvan Gastaud, professeurs à l'Université de Nice. Après que Gianni Rebaudo, Maire de Dolceacqua eut souhaité la bienvenue et présenté les participants, Fulvio Gazzola, son adjoint à la Culture, présenta à la presse le nouveau logo du territoire, destiné à labelliser les produits de la haute vallée de la Nervia. Chacun des six maires présents prit à son tour la parole pour préciser ce qu'il attendait de ce partenariat avec Nice, tant au niveau culturel qu'économique ou touristique. La réunion se poursuivit, dans un cadre moins formel, au château des Doria, qui domine le vieux village, par la présentation et la dégustation de divers produits de la gastronomie locale précédant la visite guidée du village. Enfin, une ultime réunion technique permit de fixer le calendrier (ratification de la charte par les différents conseils municipaux, participation aux diverses fêtes et marchés traditionnels organisés par la ville de Nice, organisation d'échange réguliers de scolaires, mise en oeuvre d'un pôle de recherche sur le patrimoine historique en relation avec les universités de Nice, de Gênes/Imperia et de Turin, promotion et mise en valeur de la Route Royale Nice-Turin, etc...). Les participants se sont engagés à développer ce grand projet culturel dans le respect des savoir-faire et du développement durable qui est la richesse même de ce patrimoine transfrontalier.