PRESSE SARKOZY SMS - Le SMS de Sarkozy qui fait déborder la coupe.
Cette fois, la fameuse « ligne rouge » qui sépare vie privée et vie publique des personnalités politiques a été franchie par le site Internet du Nouvel Observateur. Très récemment, Nice RendezVous et Le Petit Niçois ont évoqué les dérives de la « pipolisation ». Nous n’imaginions pas un instant que l’hebdomadaire de Jean Daniel, réputé pour le sérieux de ses informations, publierait l’information de trop, le SMS qui fait déborder la coupe trop pleine des épisodes privés de la vie du chef de l’État. Le site nouvelobs.com a affirmé, le 6 février, sous la plume d’Airy Routier, que le président de la république aurait envoyé à son ex-épouse Cécilia, huit jours avant son mariage avec Carla Bruni, un SMS indiquant : « si tu reviens, j’annule tout ».
Airy Routier persiste et signe : « Cette information "pour moi, c'est du béton. Et d'ailleurs, je sais que Sarkozy n'a pas cessé d'envoyer des messages, des SMS à Cécilia, son ancienne épouse", a ajouté le journaliste, précisant: "je ne dirai rien qui puisse découvrir ma source ou mes sources ». La polémique ne porte pas seulement sur le fait de savoir si l’information est exacte : pourra-t-on un jour l’établir de manière certaine- mais sur les raisons pour lesquelles un hebdomadaire dont la ligne éditoriale, jusqu’à présent fort éloignée de la presse people, dévoile un tel SMS. Cela s’apparente à un viol de correspondance privée. Goût du scoop ? Mais à quel prix ? N’importe quel citoyen apprécierait-t-il de lire dans la presse le contenu de ses SMS qui font partie intégrante de sa vie intime, de ses secrets auquel il a droit dans une démocratie.
Le chef de l’État ne doit pas être considéré, à propos de sa vie privée, comme un citoyen lambda, selon Airy Routier. Ce dernier estime que le président a lui-même mélangé les genres : « Je reste convaincu que la vie privée d'un président, élu par les Français, qui a tous les pouvoirs, notamment celui du feu nucléaire, ne relève pas du même ordre qu'un quidam ». Argument discutable. En ce qui concerne sa correspondance personnelle, le président doit bénéficier de la même protection que le simple citoyen. De nombreux éditorialistes soulignent que Nicolas Sarkozy a, lui-même, contribué à la surexposition médiatique de sa vie privée, ce qui est vrai. En revanche, cette « pipolisation » dont il est parfois partie prenante, justifie-t-elle une aussi flagrante atteinte au droit et à la dignité des personnes.
En réalité, c’est la crédibilité des médias, dans leur ensemble, qui en pâtit. Et si la profession de journaliste ne donne pas tous les droits, la question se pose cependant : le chef de l’État, de son côté, n’utilise-t-il pas une enclume pour écraser une mouche quand il fait déposer une plainte au pénal par son avocat pour « faux, usage de faux et recel » contre le site nouvelobs.com ? Selon ce dernier, Me Thierry Herzog : « c'est la première fois qu'un président en exercice dépose une plainte contre un organe de presse mais c'est aussi la première fois que l'on traite aussi mal un président en exercice ».
Selon l'avocat, « ce message est un faux, une altération de la vérité » passible de trois ans d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende.
Ce type de plainte permet, en outre, de faire convoquer le journaliste incriminé devant la justice et éventuellement de lui demander de révéler ses sources.
« Nicolas Sarkozy a voulu donner un coup de semonce à la presse, juge Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. En portant plainte au pénal, il a choisi, la voie la plus dure. Cela dénote une volonté d’en découdre avec la presse. Une telle plainte fait qu'il devient possible de demander leurs sources aux journalistes. »
Selon une source judiciaire, les policiers ne s'intéresseront pas aux sources du journaliste auteur de l'article, mais chercheront à déterminer si le SMS a ou non existé. Outre l'audition du journaliste, ils peuvent explorer plusieurs pistes : une audition de Cécilia Ciganer-Albeniz et/ou des examens techniques de son téléphone et des réquisitions judiciaires adressées aux opérateurs de téléphonie. Quant à l’examen technique du téléphone de Nicolas Sarkozy, il est impossible légalement, la Constitution interdisant tout acte d'enquête à son propos. Le SMS n’a pas encore livré tous ses secrets.
Paul Barelli
Le Petit Niçois