VILLEPIN JOSPIN UMP PS - La campagne des municipales, qui a démarré très tôt à Nice et dans les Alpes Maritimes, échappera-t-elle dans les deux principaux camps au syndrome national pointé par Paul Barelli dans son billet ?Villepin - Jospin : le syndrome du donneur de leçons. Quelle mouche a piqué les anciens Premiers ministres, Dominique de Villepin et Lionel Jospin ? Les voilà désormais métamorphosés en donneurs de leçons politiques souvent destinées à leur propre camp. Jospin-Villepin : même syndrome ou même orgueil ? Leurs sulfureuses interventions témoignent sans doute d’une certaine difficulté à admettre qu’ils ont perdu de leur influence. Une chose est sûre : ces ex locataires de Matignon ne cessent de donner des leçons, distribuer des bonnes et mauvaises notes au point qu’ils finissent par exaspérer leur propre camp. Et ce n’est pas le fruit du hasard si Dominique de Villepin est caricaturé en « chef de file des opposants à Nicolas Sarkozy ». Très présent dans les médias ces dernières semaines pour officiellement promouvoir son dernier livre consacré à Napoléon, Dominique de Villepin en profite pour se livrer à un sévère réquisitoire à l’encontre du chef de l’État. Dimanche sur les ondes de Radio J, il s’est montré d’une extrême virulence.Tout en prenant soin de répéter à maintes reprises qu'il souhaitait le succès du président, il a estimé que ce dernier devait sortir "de la frénésie actuelle" car "les Français ne peuvent pas vivre dans un tourbillon permanent"."Nicolas Sarkozy a une ambition, il faut qu'il apprivoise cette ambition et qu'il s'apprivoise lui-même pour atteindre la sérénité" et "être dans un rapport avec la nation qui évite les divisions", a-t-il insisté.L’ancien Premier ministre, usant d’une dialectique un tantinet paternaliste, se défend d'être le "chef de l'opposition". Il se voit plutôt en "chef des propositions" qui entend "dire ce qu'il en pense" dans "l'esprit de cour" ambiant, M. de Villepin s'est inquiété de certaines dérives et a volé au secours de son successeur, François Fillon, qui ne doit pas être "court-circuité" mais au contraire "jouer tout son rôle"."Chacun doit prendre sa place, le gouvernement, les ministres, les administrations, et alors on pourra peut-être rentrer dans le vif du sujet, c'est-à-dire le début des résultats", a-t-il précisé.Dominique de Villepin a également évoqué le dossier sensible Clearstream, à l'origine de la tension extrême entre les deux hommes. Il a réaffirmé que Nicolas Sarkozy avait "déformé ou mal apprécié" les choses "dans, comme l'a dit Jacques Chirac, cette affaire de cornecul". Un dossier, cependant qui préoccupe l’ancien premier ministre qui doit être à nouveau entendu par les juges le 11 octobre. En attendant, il entend occuper le terrain sur le front de l’anti-sarkozysme. Sa posture « d’homme politique dominant le débat en raison de son expérience à Matignon » s’apparente, à certains égards, à celle de Lionel Jospin. L’ancien Premier ministre socialiste n’hésite pas, lui aussi, à asséner des leçons politiques. Est-il le mieux placé pour le faire ? s’interrogent les proches de Ségolène Royal dont il met en cause la compétence dans son livre « L’impasse » paru cette semaine.Lionel Jospin, tout en reconnaissant sa part de responsabilité dans la défaite de la gauche en 2002 : « Je l'ai d'ailleurs assumée. » estime que la raison fondamentale de l'échec de Ségolène Royal réside « en elle-même. Il tient à sa personnalité. Il était inscrit dans son style de campagne comme dans ses choix politiques"." Elle "a multiplié les approximations (.).Lionel Jospin juge, par ailleurs, que « le professionnalisme préoccupant de l'un (Nicolas Sarkozy) a été préféré à l'amateurisme insécurisant de l'autre". "Les socialistes sont partis à la bataille avec une candidate qui, malgré son aplomb et sa détermination, n'était pas taillée pour le rôle". Ce tir à boulets rouges, aux relents de rivalité mal assumée similaire à la relation Villepin-Sarkozy ne contribue pas à élever le débat. D’autant que Lionel Jospin a suffisamment hésité à se présenter à la présidentielle pour finalement renoncer. Il se devrait, dès lors, de faire preuve d’honnêteté intellectuelle. Admettre enfin que Ségolène Royal a été investie par les militants ; Et qu’elle a obtenu le score non négligeable de 47 % au deuxième tour. Villepin - Jospin : le syndrome du donneur de leçons est identique. Ils ne sont pas les seuls atteints. C’est un mal apparemment incurable propre au comportement politique français.Paul BarelliBillet du Petit Niçois