Détail des gravures situées au bas de la dalle et désignées par l’ombre de l’arête.
Comment a-t-il été réalisé et quelle est sa fonction ?
En observant le déplacement du coucher du soleil sur l’horizon tout au long de la saison, les graveurs du Mont Bégo ont utilisé ces variations pour concevoir un cadran solaire qui allait marquer des jours et non des heures.
Aussi, en premier temps, l’aménagement d’une arête au sommet de la roche, d’une dizaine de centimètres à peine, a permis de générer une ombre chaque fin d’après-midi. En second temps, les pétroglyphes ont été gravés les uns après les autres, jour après jour, le temps d’une saison, à l’extrémité de cette ombre qui s’allonge vers le bas, en un endroit différent chaque soir.
Il y a 4000 ans, la réalisation du cadran s’est vraisemblablement déroulée au cours d’une saison de 85 jours, comprise entre le jour le plus long de l’année (solstice d’été) et le 14 septembre actuel.
En fonction de la date indiquée les graveurs ont changé de thème. Les jours les plus longs, ils ont par exemple inscrit une série de poignards la lame tournée vers le haut. En milieu de saison, ce sont des représentations de bovinés, parfois opposées par les cornes, d’autres fois emboîtées l’une dans l’autre, qui ont été gravées. Les années qui suivirent la réalisation de ce véritable instrument de mesure du temps les hommes ont pu lire chaque soir la date à laquelle ils se trouvaient. Aujourd’hui encore, en fin d’après-midi, on peut toujours observer l’allongement de l’ombre vers les pétroglyphes, malgré l’effritement qu’a subi l’arête pendant des millénaires.
Comment dater ce cadran ?
Parmi les gravures du cadran les représentations de poignards de l’âge du Bronze ancien donnent une date relative de l’époque d’inscription des pétroglyphes. Environ 2000 ans av. J.-C., ces poignards avaient une longue lame triangulaire fixée au manche par des rivets. L’une d’entre elles, conservée au Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco, avait été trouvée en 1958 sur le site de la Madeleine (Hérault) par l’équipe du Musée dirigée à l’époque par M. Louis Barral. Un moulage de cette arme fut comparé à certaines gravures de la Vallée des Merveilles lors de la dernière mission du Musée (photo ci-contre).
Les perspectives de recherches
Il s’agit maintenant de comprendre la raison pour laquelle les graveurs ont choisi de graver des armes à certaines dates et des représentations de bovinés à d’autres moments. Avaient-ils décidé de marquer des moments importants relatifs aux travaux agropastoraux ? Certaines dates correspondent-elles à la pratique de cultes ? Quoi qu’il en soit, la période désignée par le cadran solaire correspond à quelques jours près à la durée du séjour des bergers actuels.
La coïncidence est intéressante car le climat était le même et les troupeaux étaient contraints aux mêmes déplacements saisonniers qu’aujourd’hui. L’étude des 36 gravures promet encore de nombreuses réflexions qui s’inscrivent dans la continuité de la thèse universitaire de M. Jérôme Magail, Anthropologue au Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco. Le Musée entend renouer également avec les missions archéologiques au Mont Bégo et prévoit de se rendre chaque été sur le site afin d’approfondir ses recherches.
Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco
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