FACN - Le combat pour un classement au patrimoine mondial de l’Unesco de la route Nice-Turin
Le combat que mène depuis dix ans avec opiniâtreté la
FACN, la
Fédération des Associations du Comté de Nice, pour la sauvegarde du
patrimoine niçois prend désormais une dimension internationale. Son président
Jean-Marc Giaume, historien, vient de lancer une vaste campagne afin d’obtenir le classement de la «
route royale » de
Nice à Turin au
Patrimoine Mondial de l'UNESCO. Classer une route, l’idée peut paraître singulière. Pourtant, si l’on se donne la peine de décrypter sa passionnante histoire, cette voie de 230 kilomètres apparaît comme un fabuleux défi.
Cette «
route royale », également désignée comme la «
Route du sel », reliait la capitale des
États de Savoie, Turin à son unique débouché maritime : le
port de Nice et la
rade de Villefranche. Jean – Marc Giaume nous entraîne sur cette première voie carrossable traversant les
Alpes. Sa construction fut décidée en 1 610 par
Charles-Emmanuel 1er. Le
duc de Savoie, prince de Piémont estima qu’il était impératif de créer une route reliant
Turin, capitale depuis 1 568 des
États de Savoie jusqu’à
Nice et
Villefranche, deux villes faisant partie de la
Maison de Savoie. Quatre ans après la route fonctionnait mais il s’agissait en réalité d’un chemin muletier. Il faudra, cependant, attendre 1 679 et la visite à Nice de la
régente de Savoie «
Madame Royal », pour que soient ordonnés des travaux afin de la rendre carrossable. La route connut alors un développement considérable avec un trafic de 55 000 mulets « économiques » (transportant des marchandises) par an au milieu du XVIIIe siècle. Cet axe, le port de
Nice – Turin s’avère fondamental pour le sel. Les éleveurs piémontais en consomment des tonnes pour l’alimentation humaine et animale, leurs salaisons, le traitement des peaux. Le commerce est particulièrement lucratif pour Nice où débarquent les bateaux en provenance des salines provençales et languedociennes.
Cette fameuse «
route du sel » a fait la prospérité des villages qui la bordent l’
Escarène, Sospel, Breil, Saorge et Tende par exemple, contribuant ainsi à l’enrichissement du patrimoine culturel des vallées qu’elle traverse. (Du
Paillon de la Roya, de la Vermenagna, du Gesso et de la Stura).
Témoignage unique du patrimoine régional, cette voie méritait une reconnaissance officielle. Telle est la conviction de Jean-Marc Giaume qui a voté le 28 octobre avec les autres associations de la Fédération pour présenter un dossier de candidature à l’
Unesco afin d’obtenir le classement de la route royale au patrimoine de l’humanité. Le dossier va faire l’objet de deux années de travaux pilotés par
Jean-Loup Fontana, conservateur départemental du patrimoine. Jean-Marc Giaume est confiant. Il espère voir aboutir ce projet pour 2010, année qui marquera le 400e anniversaire de la route.
La
Route Royale, en effet, celle que
Thomas Jefferson, futur président des
États-Unis d’Amérique, en 1 787 décrivait comme «
l’ouvrage le plus remarquable des temps anciens et modernes », correspond à six critères de classification. Pour obtenir le classement, il faut répondre à un des dix critères retenus par l’organisme international sur son site web (http://whc.unesco.org/fr/criteres/ ). «
En nous lançant dans cette aventure, nous œuvrons pour la reconnaissance d’une culture en la reliant à Turin qui fut notre capitale. Qui dit classement dit protection. Ce classement générera de l’emploi en développant un véritable tourisme culturel aux retombées économiques non négligeables. Nous visons à favoriser l’aménagement urbain sur le moyen et le long terme de cette voie qui relie la mer à la montagne ».
Jean Marc Giaume souhaite voir des villages comme
Fontan, Saorge et tant d’autres bénéficier de moyens financiers destinés à leur valorisation. Les innombrables merveilles présentes sur la route Royale justifient à elles seules le combat que mène la
Fédération des Associations du Comté de Nice. Si vous souhaitez mieux comprendre le contexte historique dans lequel s’inscrit cette voie, un ouvrage paraîtra en décembre aux éditions Gilletta : «
Nice Turin, trois siècles de destin commun », écrit par
Agnès Monges et Dominique Escribe. Paul Barelli
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