Du 8 au 24 Juin 2004 à Nice

Le Festival de Musique Sacrée de Nice, qui célèbre cette année son trentième anniversaire, a été conçu et réalisé pour constituer le plus bel hommage qui soit à ses pères fondateurs : Pierre Cochereau et Bernard Navarre. Tous deux nous ont quittés hélas : le premier en mars 1984 et le second en décembre 2003 alors qu’il préparait la manifestation avec un enthousiasme et une exigence de qualité toujours intacts, en dépit d’un état de santé préoccupant.
Saluant leur mémoire avec émotion et reconnaissance, je tiens à souligner le rôle capital qu’ils ont joué l’un et l’autre dans la vie musicale azuréenne.
Homme d’ordre et de décision, tout autant que compositeur et interprète d’un immense talent, Pierre Cochereau donna ses lettres de noblesse au Conservatoire de Nice, dont il eut en mains la destinée durant dix huit années et qu’il éleva au rang des meilleurs établissements de France. Parmi les centaines d’artistes qui ont porté haut ses couleurs de par le monde, figurent sa fille Marie-Pierre et son fils Jean-Marc qui poursuit une grande carrière internationale.
Je tiens à le remercier chaleureusement d’avoir pu se libérer pour s’associer à la commémoration du trentième Festival de Musique Sacrée, dédié à son père et au Chanoine Bernard Navarre et me réjouis du plaisir que sa participation procure à tous les mélomanes.
Bernard Navarre était lui aussi un très grand musicien, mais sa vocation religieuse l’avait quelque peu éloigné de la scène. Ses dons, reconnus et encouragés par la hiérarchie de l’Eglise apostolique romaine, l’avaient désignés pour être Maître de chapelle de la basilique-cathédrale Sainte-Réparate. Les quarante ans passés à la direction de sa Maîtrise, sans laquelle les cérémonies liturgiques perdraient beaucoup de leur solennité, prouvent que meilleur choix n’aurait pu être fait.
Depuis la création en 1974 de cette manifestation, cette Maîtrise composée de cent choristes, est une des composantes essentielles du Festival de Musique Sacrée avec l’Orchestre Philharmonique de la Ville de Nice qui apporte son inestimable soutien. Des liens extrêmement forts se sont créés entre ses membres et les musiciens de l’orchestre, unis par la même affection pour « l’Abbé », comme continuent à l’appeler ses amis, parmi lesquels je suis fier de me compter.
En prenant récemment et brillamment les rênes du Philharmonique, Maître Marco Guidarini a immédiatement sympathisé avec Bernard Navarre dont la modestie et la gentillesse n’avaient d’égal que sa connaissance musicale et son talent.

Au lendemain de la disparition subite de «l’Abbé », Marco Guidarini, qui avait remarquablement dirigé en 2003, le Requiem de Verdi a spontanément pris avec ses assistants, en plein accord avec la direction des affaires culturelles de la ville, les dispositions nécessaires pour assurer la pérennité du Festival de Musique Sacrée.
Il a ainsi confié au violoniste Hervé Testard, en alternance avec Madame Fontaine et Monsieur Pourtau, le soin de préparer au mieux le Messie de Haendel et les messes chantées programmées par Bernard Navarre, afin que cette commémoration soit de très haute qualité.
Nul ne peut douter de la ferveur avec laquelle les choristes ont travaillé pour restituer dans toute sa splendeur ce monument de la musique religieuse et, en souvenir de mon ami Bernard Navarre, je leur adresse mes plus vives félicitations accompagnées de mes remerciements émus.
Marco Guidarini, quant à lui, a choisi de diriger la sublime Messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach, dont chaque détail mérite d’être observé et analysé.
En ce qui me concerne, j’avais à cœur, chers amis mélomanes, d’insister sur l’importance de l’élan de solidarité qui a permis que, privé de Bernard Navarre, le Festival de Musique Sacrée 2004 soit un événement à marquer d’une pierre blanche, digne de ses brillants fondateurs.
Au Père Jean-Michel Dulucq, Curé de la basilique cathédrale Sainte-Réparate et à sa hiérarchie, à mes collègues délégués à la culture et à la musique, aux musiciens, chanteurs et instrumentistes, à la direction centrale des affaires culturelles, à la direction générale de l’Opéra, au Conservatoire National de Région, à la direction de la communication, j’exprime ma reconnaissance pour l’esprit de coopération dont tous ont témoigné afin que, Pierre Cochereau et Bernard Navarre, réunis pour toujours dans notre souvenir, reçoivent l’hommage qui leur est dû, au travers d’un festival d’une qualité exceptionnelle.
Au public fidèle, aux mélomanes qui honorent pour la première fois de leur présence la manifestation, j’adresse également mes remerciements et souhaite que les efforts accomplis pour leur faire vivre d’intenses moments d’émotion artistiques et spirituels trouvent leur récompense dans le bonheur qu’ils éprouveront.