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tripoli-de-barbarieNICE TRIPOLI - Pas les Français, pas les Anglais, pas l’OTAN. Non ! Nous, les Niçois, on a attaqué Tripoli ! Enfin, l’un d’entre nous au moins.

Ah, au fait, je ne vous l’ai pas dit ? Où ai-je donc la tête ?! C’était en …1825.

J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer l’angoisse que faisaient régner les razzias barbaresques sur notre littoral depuis le XVIe siècle. Je vous ai signalé, aussi, que la dernière enregistrée s’était produite en 1810. Après la chute de l’Empire et le retour à la Maison de Savoie, les Régences barbaresques (Tripoli, Tunis, Alger) se trouvèrent d’autant plus affaiblies que leur principal protecteur, l’Empire ottoman, faisait lui-même pâle figure dans le concert politique et militaire européen du temps. Alors, les éternelles victimes qu’étaient les petits Etats d’Europe méditerranéenne se sentirent pousser les ailes de la revanche tant remâchée.

Pour Charles-Félix, roi de Sardaigne, lou nouòstre bouòn rei,  l’occasion lui fut offerte par un imbroglio comme seuls les diplomates peuvent en produire.

Au début de 1816, sous la menace des canons de la Royal Navy, maîtresse des mers, les chefs des Régences barbaresques avaient conclu un traité, dit traité Exmouth, du nom de l’amiral anglais qui le leur imposa, par lequel elles s’engageaient à cesser le commerce d’esclaves en Méditerranée, ce qui de fait mettait un terme aux razzias contre les côtes napolitaines, sardes, romaines ou toscanes. En échange de ses concessions, le pacha de Tripoli avait obtenu du gouvernement de Turin le versement d’une indemnité de 4000 piastres chaque fois que le consul de Sardaigne à Tripoli serait remplacé.

Or voilà qu’en 1825, le consul en poste demanda un congé pour raison de santé et fut remplacé, ad interim, par son collègue de Corfou. Considérant l’intérim comme une forme de succession, le pacha de Tripoli exigea le paiement des 4000 piastres sous menace de reprendre les razzias contre nos côtes. Le consul intérimaire obtempéra et versa une avance de 1000 piastres, signant aussi une promesse de solde des 3000 piastres restantes. L’apprenant, Turin le désavoua et exigea le remboursement de l’avance. Le pacha refusa. Aussitôt, le roi ordonna la formation d’une flotte pour obtenir le remboursement. Les frégates Commercio di Genova et Cristina, la corvette Tritone et le brigantin Nereide quittèrent bientôt Gênes pour Tripoli avec à leur bord un certain nombre de marins originaires de Nice, dont un officier, le chevalier Alziary de Malaussène.

Le 24 septembre 1825, la flottille arriva devant Tripoli. On tenta d’abord une médiation par le canal du consul britannique. Le pacha la repoussa et exigea de transformer le paiement irrégulier par un tribut annuel. La parole était donc aux armes.

A 1 heure du matin, le 27 septembre, la flotte mit à l’eau plusieurs chaloupes de débarquement. Commandée par notre Niçois, celle du Tritone avait pour mission d’informer un navire hollandais qui se trouvait là afin qu’il ne soit pas pris dans les combats, puis de rejoindre les autres dans la mêlée. Les soldats attaquèrent les navires du pacha ancrés dans le port, y mirent le feu et tuèrent une soixantaine de Tripolitains, pour trois morts dans leurs rangs. Puis ils regagnèrent leur bord.

Intimidé, le pacha fit savoir, le 29 septembre, qu’il renonçait à ses prétentions et entendait respecter les traités établis. On trouva un arrangement pour les questions d’argent et chacun rentra chez soi.

Cinq ans plus tard, les Français attaquaient et prenaient Alger.

Et aujourd’hui, l’OTAN bombarde Tripoli.

Eh bien, au regard de l’épopée du chevalier Alziary de Malaussène, ils me font juste rire !



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