COMTÉ NICE BREIL - On l'ignore souvent : la toute dernière modification (d'importance s'entend) des limites territoriales de la France a eu pour cadre le
Comté de Nice. C'était en septembre 1947, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : l'Italie, vaincue en 1943, devenue République depuis le 2 juin 1946, cédait à sa sœur latine des territoires revendiqués depuis 1860 :
Tende,
La Brigue,
Mollières et une partie non négligeable des hautes vallées de la
Tinée et de la
Vésubie, conservées par l'Italie naissante en 1861. Somme toute historiquement justifiée, et désirée par les populations locales, cette rectification territoriale concernait des villages et des alpages qui, de tout temps, avaient fait partie du
Comté de Nice.
A l'inverse, dans la partie la plus méridionale de la zone frontalière, la France revendiquait également
Olivetta,
Airole et
Vintimille qui, elles, n'avaient jamais appartenu au
Comté, puisque dépendantes de la
République de Gênes. A juste titre, les Alliés refusèrent cette annexion qu'une très faible majorité d'habitants avaient cependant approuvée lors des consultations de 1945-46.
Curieusement, deux hameaux d'Olivetta,
Piene et
Libre, furent malgré tout annexés par la France "pour respecter les limites naturelles" ! Quand on connaît un peu la vallée de la Roya, on peut se demander en quoi la frontière de Fanghetto (l'actuelle) est plus "naturelle" que celle de Piene (l'ancienne). Bref, c'était en 1947, et la République française se devait alors de marquer sa victoire sur l'Italie fasciste... Quelques arpents de terre en plus, et l'honneur restait sauf !
Piene (haute et basse) et
Libre devinrent donc françaises, ce 16 septembre 1947, quand fut signé à Paris le traité de paix définitif entre les deux États.
Aujourd'hui, Dieu merci, les barrières de la Douane ont disparu, à Fanghetto comme à Piene et les habitants de la vallée n'ont plus à remplir les fastidieux documents de transit pour se rendre de
Breil à
Nice ou vice-versa !
Il reste néanmoins quelques souvenirs de cette époque, que je vous invite à découvrir, notamment sur la piste qui, du
col de Brouis, conduit à
Piene Haute, ne serait-ce que pour profiter du splendide panorama dont on y jouit tout le long. Quelques bornes frontières, en béton, datées de 1927 (en pleine période du "Consenso" dans l'Italie fasciste) jalonnent cette piste jadis militaire. A l'inverse de celles posées plus à l'ouest en 1830, alors que
Nice était encore sarde, relativement éloignées les unes des autres, celles-ci sont très rapprochées : moins d'une centaine de mètres, et coiffées d'une longue tige métallique qui permettait de les repérer, même en cas de neige abondante... Sans doute une conséquence de la tension qui régnait entre les deux pays à cette époque.
Ces petites bornes (à peine 80 cm de haut sur 60 de côté) sont devenues autant de monuments, sans aucune autre prétention que de rappeler aux passants quelques épisodes récents de l'histoire du
Comté de Nice.
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