C'est avec une profonde tristesse que nous apprenons le décès, survenu ce dimanche à Nice, du docteur Colette Bourrier-Reynaud. Avec elle, le comté de Nice, et surtout le pais gavouòt, ce haut pays niçois qu'elle aimait tant, perdent l'une de ses plus belles figures.
Née à Lantosque dans une famille d'enseignants originaires de Villars-sur-Var, élève de l'école primaire de la Digue des Français puis du Lycée Calmette, elle se lance dans de brillantes études médicales à une époque où ce sacerdoce était encore l'apanage quasi exclusif de la gent masculine. Des facultés de Marseille et de Paris où elle fit ses études supérieures, elle ramena une passion pour la pédiatrie. Mais sa ville, son pais, lui manquait et c'est à Nice, en service hospitalier - où elle fut notamment l'adjointe du professeur Michel D'Œlnitz, d'auguste mémoire - puis en cabinet, qu'elle sut tirer pleinement profit de sa gentillesse, de sa générosité et de son amour des enfants. Pionnière dans un domaine alors presque ignoré, l'allergologie, elle sut, grâce à ses recherches et à sa persévérance, attirer l'attention du corps médical et du grand public sur ces affections dont les enfants étaient les principales victimes.
Mais Colette n'en avait pas oublié pour autant ses premières amours pour la culture, qu'elle partageait si bien avec son mari Michel, lui aussi médecin et historien spécialiste de l'époque napoléonienne. Ensemble, prendant près de quarante ans, ils contribueront de la belle manière à une meilleure connaissance de l'histoire, des traditions, de la langue et du patrimoine niçois. Avec lui, et quelques amis, tout aussi passionnés qu'elle, elle fonda, en 1979, l'association culturelle Lou Savel et en plaça le siège social dans son village, Villars-sur-Var. Sous sa direction, l'association publia une foultitude d'ouvrages érudits, dont la seule liste remplirait plusieurs pages... Puis, avec quelques éminents professeurs de la faculté de droit de Nice, elle porta sur les fonts baptismaux l'Association pour la Sauvegarde du Patrimoine Ecrit des Alpes-Maritimes (ASPEAM) dont elle assura la présidence jusqu'au printemps dernier quand, trop affaiblie par la maladie qui devait l'emporter, elle passa la main...
Raça estirassa, dit-on à Nice ! Comme son père, Colette s'engagea en politique, sa version noble, celle qui consiste à se mettre à la disposition d'autrui sans rien attendre en retour : élue Maire de Villars-sur-Var (la première femme élue dans un chef-lieu de canton du département), elle suivit le chemin ouvert par son père Maurice Reynaud qui fut le premier magistrat du village de 1949 à 1965. Elle le resta onze ans, entre 1989 et 2000. Consciente que la protection passive du patrimoine culturel du haut pays ne suffisait pas en assurer la survie, elle fut aussi à l'origine de la création du SITALPA, le Syndicat Intercommunal à vocation touristique des Alpes d'Azur, qui regroupait la majorité des communes du haut pays niçois dans le but d'en assurer la promotion touristique.
Le 10 avril 2009, l'ancien préfet des Alpes-Maritimes, Maurice Joubert, lui remettait les insignes de Chevalier de la Légion d'Honneur, distinction qu'elle reçut avec la modestie dont elle était, depuis toujours, coutumière...
Repose en paix, Colette. Ton passage sur cette terre n'aura pas été vain.
A son époux, Michel, à ses enfants, Thierry et Marianne, à son petit-fils Vincent et à toutes les personnes affectées par cette disparition, NiceRendezVous et Serre Éditeur présentent leurs condoléances attristées.
Les obsèques du Docteur Colette Bourrier-Reynaud auront lieu vendredi 10 novembre 2017 à 14 h 30 en l'église de Villars-sur-Var.
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