CHÂTEAU DE SAINT MARTIN VAR - En débouchant de l’allée d’arbres qui conduit au château, on découvrait le spectacle féerique des imposants bâtiments illuminés, ce qui leur donnait un air de crèche de Noël. Point d’âne, ni de boeuf mais un authentique char à bancs, lui-même décoré, trônait au milieu de la cour d’accueil. Pour la fête, la salle du caveau de dégustation du Château de Saint Martin avait été entièrement décorée et aménagée en salle de banquet. Le succès étant au rendez-vous et le nombre de convives n’ayant cessé de croître au fil des semaines, Adeline de Barry, la propriétaire, avait également décoré la cave à vin pour y dresser l’apéritif.

Bientôt les 170 convives du Gros Souper pouvaient lever leurs coupes de Bulles de Blanc ou Bulles de Rosé, élaborés au château selon la tradition champenoise, au son des airs traditionnels proposés par le trio de musiciens avant de pérégriner vers le Caveau de dégustation où étaient dressées les tables. En coulisse, la chef Catherine Chenut de l'Hostellerie de Cotignac et son équipe mettaient les dernières touches aux plats qui allaient être servis.

En Provence, le Gros Souper est le repas « maigre » qui est servi avant de se rendre à la messe de minuit. Le menu est composé de sept plats cuisinés principalement autour de légumes en référence aux sept douleurs de la Vierge Marie, il est servi sur une table habillée de trois nappes blanches sur laquelle on pose trois chandeliers blancs et trois soucoupes de graines germées de la Sainte Barbe, symboles de la Trinité. Les 13 desserts de Noël font, eux, référence au Christ et à ses douze apôtres. On dispose un couvert supplémentaire, « la place du pauvre ».

Au Château de Saint Martin, le Gros Souper débuta par une salade de pois chiches à la poutargue accompagnée par la Cuvée Éternelle Favorite 2013 présentée par Isabelle Forêt, oenologue et créatrice du site Fémivin.com. Le fricot de queues de langoustines à la provençale qui suivit, eut les honneurs de la Cuvée Comtesse de Saint Martin Blanc 2013 présenté par Le maître de chais du château Pascal Sendrey. Fidèle à la tradition, la soupe de chou-fleur au fromage s’apprécia avec une Cuvée Grande Réserve Rosé 2013 présenté par Gisèle Marguin, secrétaire générale de l’UDSF et présidente des sommeliers AMP.  Le trio continuait à égrener ses airs traditionnels accompagnés par le bruit des fourchettes, le tintement des verres et les conversations qui allaient bon train, c’est alors que furent servis la morue à la sauce raite et le gratin d’épinards. C’est un rouge qui avait été choisi pour accompagner ce plat typique du sud, la Cuvée Grande Réserve 2012 présentée par Jean-Jacques Benetti, figure incontournable du tourisme viticole varois.









On commençait tout juste à comprendre pourquoi ce dîner, bien que maigre, portait le nom de Gros Souper que déjà le fromage de chèvre faisait son entrée sur son lit de roquette accompagné d’une Cuvée Grande Réserve Blanc 2013 présentée par Sapéra et Émilie, les « grandes prêtresses » de Saint Martin. Le vin cuit avec ses notes de fruits confits, véritable tradition de Provence élaboré à l’ancienne au Château de Saint Martin, se fit le chaleureux complice des 13 desserts et de leurs fougasses et pompes. Poursuivant avec les usages, Adeline de Barry invita les convives à entonner La Coupo Santo, l’hymne de la Provence écrit par le félibre Frédéric Mistral. Puis on laissa place à la musique et à la danse.

En quittant la soirée, nous n’eûmes que quelques pas à faire dans la douceur de cette nuit de décembre pour rejoindre le Château et la chambre Meursault, l’une des cinq chambres d’hôtes que propose le domaine. Cette chambre tient son nom d’Anna de Meursault, fille du propriétaire du château de Meursault en Bourgogne et femme de l’arrière grand-père de la Comtesse de Gasquet, la mère d’Adeline de Barry qui l’occupait quand elle vivait au château. Certains objets personnels témoignent encore de sa présence.

Depuis sa création, le Gros Souper du Château de Saint Martin connaît un succès qui a depuis longtemps dépassé toutes les attentes des propriétaires. En août 2014, ceux-ci viennent de créer « RIRE EN VIGNES », un festival qui invite la nouvelle génération des stars de l'humour.

Dans les familles provençales, la tradition du Gros Souper est toujours vivace, elle est précédée du cacho fio où le plus jeune et le plus âgé de la famille choisissent une bûche d'un arbre fruitier puis font trois fois le tour de la table. Le « papé » dépose la bûche dans l'âtre et puis la bénit avec du vin chaud en prononçant ces paroles en provençal :

« Cacho-fio« ( Bûche de Noël)

Bouto-fio (Donne nous le feu)

Alègre, alègre (Réjouissons nous)

Dièu nous alègre (Dieu nous donne la joie)

Calèndo vèn, tout bèn vèn (Noël vient, tout vient bien)

Dièu nous fague la gràci de veire l'an que vèn (Dieu nous fasse la grâce de voir l'an qui vient)

E se noun sian pas mai, que noun fuguen pas mens » (Et si nous ne sommes pas plus Que nous ne soyons pas moins »).

{linkr:related;keywords:noel;limit:8;title:ARTICLES+EN+RAPPORT}